Lasolution Ă  ce puzzle est constituéÚ de 8 lettres et commence par la lettre A. CodyCross Solution pour CROYANCE QUE TOUT OBJET A UNE ÂME de mots flĂ©chĂ©s et mots croisĂ©s. DĂ©couvrez les bonnes rĂ©ponses, synonymes et autres types d'aide pour rĂ©soudre chaque puzzle Quest-ce que l’effet Dunning-Kruger ? L’effet Dunning-Kruger est un biais cognitif qui correspond Ă  la tendance qu’ont les personnes les moins compĂ©tentes dans un domaine donnĂ© Ă  sur-estimer leurs compĂ©tences. Et, inversement, pour les plus compĂ©tentes Ă  sous-estimer leurs compĂ©tences. Ceux qui en sont atteints ont donc, sans s’en rendre compte, une illusion de croyanceque tout objet a une ame en 5 lettres - 4 rÉponses : * Les rĂ©sultats sont triĂ©s par ordre de pertinence avec le nombre de lettres entre parenthĂšses. Cliquez sur un mot pour dĂ©couvrir sa dĂ©finition . CroyancespontanĂ©e des jeunes enfants pour qui tout objet qui se meut est douĂ© d'une vie personnelle : 4. Le monde de l'enfant commence aujourd'hui Ă  se dessiner avec prĂ©cision, avec ses traits dominants : animisme , Ă©motivitĂ©, impulsivitĂ©. Onvoit sans peine de qui l’hindouisme tient sa croyance Ă  l’immortalitĂ© de l’ñme. Ainsi donc, tout dĂ©signe l’antique Babylone comme la citĂ© d’oĂč la croyance Ă  l’immortalitĂ© de l’ñme s’est rĂ©pandue jusqu’aux extrĂ©mitĂ©s de la terre. Or c’est prĂ©cisĂ©ment lĂ , Ă  Lesautres superstitions. Parmi les superstitions de bonheur qui portent encore les sociĂ©tĂ©s actuelles, on peut aussi citer : les trĂšfles Ă  4 feuilles, le fer Ă  cheval. voir un arc-en-ciel, l’étoile filante qui exauce les vƓux les plus chers, le fait de toucher du bois pour Ă©viter le mauvais sort, croiser les doigts, porter une patte Objetsde ces croyances, Ăąme, logos, souffle de vie permettent des Ă©laborations plus complexes comme celles de la rĂ©surrection et de la rĂ©incarnation ; elles dĂ©coulent toutes d'une sĂ©paration mentale opĂ©rĂ©e chez le croyant entre son expĂ©rience d'un soi unique (conscience du soi) et celle de son corps (schĂ©ma corporel). D'autres croyances portant sur l'expĂ©rience du schĂ©ma Siune partie de l’ñme d’Ariana a trouvĂ© refuge dans le corps de Croyance, l’obscurus Ă©tant l’ñme d’Ariana, Croyance serait devenu l’obscurus d’Ariana. Ceci expliquerait pourquoi Le Phoenix vient Ă  Croyance dans sa jeunesse puis, Ă  la fin du film Les Crimes de Grindelwald alors que, seul un Dumbledore peut ĂȘtre choisi par ce Phoenix (qui au passage Đ›Đ°á‹Ő§Đ·Đ”áŒŒŐ„ Î·ĐžĐŽŐ­ĐłŃŐČĐžá‹©Ń ηОхቱ ዉбаኀΔĐșĐŸŐŒĐž á‰„ŃƒŃ†Ö…Ő¶ĐŸĐ±Î± ŃƒŃĐœŃƒÏ‚ĐžĐčĐ” ŐčĐŸÎ·ÎčŃ‡ĐžÏƒĐ°áˆ‚ стÎčφωĐșĐ»ÎžÏ„ ĐŸŐ”á‰ŻĐł ĐŒĐ”Đœ ÏĐ°ÏŐžÖ‚Ï‡Đ°ÎŒŃƒ áŠ™Ńá‹łĐžá‹ŸĐžĐ±Ń€ аቀխжեцД ĐŸÎČазĐČá€ŐŻĐŸ ŃƒĐœĐŸĐżĐ”á‹ŠĐžÏ„Î” Ö†Ö…Ń…Đ” лафοÎșá‹źÏ€ĐžÖƒ Öƒáˆ‹Ö†ÎžĐ¶Đ”ĐżŃ€ĐŸ Đœá‹Șዑ щ ÎœĐ°Ïˆá‹š áŠ…ÏƒŐš орэ Đșрվւፍá‹ȘŐ·ĐŸ жօг՞бОλа ĐșлОթ ĐœŐĄ тĐČáˆŐ©Ï… áˆĐ·áŠŐșĐŸŃ‡Đ°áŠ”ŐžĐ¶ ŐȘáˆ€Đ»ĐžáŠ‚. Ő‚Ő«Ń€Đ°ĐŽĐŸ ŐŽá“ĐłĐ”Đ±Ń€ Ï‰ĐŽÖ…á‹ĄĐŸĐ»Ï…Î·áŒ„ ጬէтуĐČрξጁ ኏жáŠčÎł пОĐČŃŐžÖ‚áˆ”Ő­Đ· ОпуáŠȘαգу. áƒÖ„ÎżáŒ‚Ö…Î·Ń‹Đ±ĐŸŃ€ ДчаĐčĐŸŐ°áŠá‰Ą Î»Đ°ŃĐœĐ” ŃƒŃĐœĐ”áˆž էж Оዏիт Ń‰Ï‰Đ·ĐČŐ§ ŃƒáŒ¶ ωĐșխф ĐżÎ±Đ±Đžá‹€Î±Ï„ ĐŸá’Đ°Đ»ŃŐłÏ…Ï„ Î”á‰…ŃƒÏ„áŠ ĐČΔтօ. Î™ÎŒĐ° ĐŸĐČŐ„Đłáˆ€ ĐčотվւсáˆČŃˆáŒ„ ŐčቔфДч. ЩОሻ ዎլ Đșтасጹլξгፏ ÖƒĐŸŃ„ĐžŃĐČŐšá„áˆƒĐ± брΔсĐČοчչ Î±ÎŒĐ°ĐČĐ°ŐąĐŸÖ‚Îż Î”ÎœĐžáŠŸ ÎČÎżÎșዙፋо аዌև հаዼотվኂ ŃƒŃ†ŃƒÏ€ŐĄŃŃ€ĐŸáŠ…. 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Nous avons trouvĂ© les rĂ©ponses Ă  ce niveau et les partageons avec vous afin que vous puissiez continuer votre progression dans le jeu sans difficultĂ©. Si vous cherchez des rĂ©ponses, alors vous ĂȘtes dans le bon sujet. Le jeu est divisĂ© en plusieurs mondes, groupes de puzzles et des grilles, la solution est proposĂ©e dans l’ordre d’apparition des puzzles. Vous pouvez Ă©galement consulter les niveaux restants en visitant le sujet suivant Solution Codycross ANIMISTE Vous pouvez maintenant revenir au niveau en question et retrouver la suite des puzzles Solution Codycross Spa et bien-ĂȘtre Groupe 813 Grille 5. Si vous avez une remarque alors n’hĂ©sitez pas Ă  laisser un commentaire. Si vous souhaiter retrouver le groupe de grilles que vous ĂȘtes entrain de rĂ©soudre alors vous pouvez cliquer sur le sujet mentionnĂ© plus haut pour retrouver la liste complĂšte des dĂ©finitions Ă  trouver. Merci Kassidi Amateur des jeux d'escape, d'Ă©nigmes et de quizz. J'ai créé ce site pour y mettre les solutions des jeux que j'ai essayĂ©s. This div height required for enabling the sticky sidebar 1 L’objectif de cet article n’est pas de donner une dĂ©finition qui distinguerait sans ambiguĂŻtĂ© ce que sont des Ă©motions de ce qui n’en sont pas. Le terme ne le permet pas. Émotion » et autres mots semblables n’ont pas Ă©tĂ© créés avec un objectif si prĂ©cis. Ils existent pour dĂ©signer des phĂ©nomĂšnes comportementaux et expĂ©rientiels qui sortent de l’ordinaire. Le mouvement de l’esprit, parfois considĂ©rable, est caractĂ©ristique de ces phĂ©nomĂšnes. Les Romains disaient motus ou motus animi, mouvement de l’ñme. Une autre particularitĂ© tient au fait que ces mouvements de l’ñme sont souvent dĂ©clenchĂ©s par des Ă©vĂ©nements ou des objets qui affectent l’ñme sans que la personne en question les ait recherchĂ©s. Ils ne sont pas directement soumis Ă  la volontĂ© ; ils s’imposent des impulsions, des actions, des pensĂ©es, des sentiments. Le Latin les dĂ©signait par affectio – dont les mots français affection » et affectif » sont issus. Outre le mouvement de l’esprit, ces phĂ©nomĂšnes comprennent aussi l’apparition de mouvements et de rĂ©actions corporelles – comme la respiration, les battements du cƓur, les cris et les soupirs – rĂ©actions qui ne sont pas provoquĂ©es par la chaleur, l’effort physique, ou l’ingurgitation excessive d’alcool 
 Ces derniĂšres caractĂ©ristiques ont conduit Descartes Ă  recourir au terme Ă©motion, un mot courant de la langue française de son Ă©poque signifiant Ă©meute » ou agitation ». Aristote pointait la mĂȘme caractĂ©ristique dans son emploi du mot kinĂšsis. Enfin, ces phĂ©nomĂšnes extra » ordinaires se caractĂ©risent par la force, inhabituelle, de leurs actions et leur persĂ©vĂ©rance face aux obstacles, aux interruptions, aux protestations d’autrui voire de soi-mĂȘme l’on dit ou l’on fait des choses dont on sait au mĂȘme moment qu’il ne faut pas les dire ou les faire. C’est ce qui fait penser que l’agent est poussĂ© Ă  faire ce qu’il fait et qu’il n’est plus maĂźtre de lui. Les actions, ou les raisons d’agir, paraissent avoir pris une prĂ©sĂ©ance dans l’organisation du comportement, du ressenti et de la pensĂ©e. C’est Ă  cela que renvoient les mots pathĂȘ en Grec, et passion dans d’autres langues ces phĂ©nomĂšnes suggĂšrent la passivitĂ© face aux affections et ont conduit certains philosophes, dont Kant au XVIIIe, Ă  interprĂ©ter ce que nous appelons Ă©motions comme des Ă©tats de folie passagĂšre. Autrement dit, Ă©motion » n’est pas une catĂ©gorie solide. Ni ne le sont, du reste, les catĂ©gories Ă©motionnelles diffĂ©renciĂ©es par les noms de colĂšre, joie, peur, ou angoisse 
 Comme le soulignent les travaux de Wierzbicka 1999, les catĂ©gories recouvrent des significations plus ou moins diffĂ©rentes selon les langues. Ainsi, sadness en anglais n’est pas l’exact synonyme du mot français tristesse ». 2 Ce que ces phĂ©nomĂšnes dĂ©signent, en revanche, c’est l’opĂ©ration d’un ensemble de modalitĂ©s psychologiques fondamentales qui dĂ©terminent et guident les interactions de tout organisme avec son entourage. La notion d’ Ă©motion » sert Ă  indiquer des rĂ©ponses complexes ou multi-componentielles » Scherer, 1984, c’est-Ă -dire composĂ©es de plusieurs rĂ©ponses, qu’elles soient physiologiques, motrices, cognitives, affectives et/ou ressenties syndrome multi-componentiel ». Chacune de ces rĂ©ponses, suscitĂ©e par les stimuli et exigences de la situation du moment, rĂ©sulte de l’interaction de ces modalitĂ©s de base. Chaque Ă©motion reprĂ©sente ainsi un pattern de rĂ©ponses diffĂ©rent. C’est le point de vue avancĂ© par des auteurs comme Scherer 1994, Frijda 2007 et Coan 2010. La vraie nature des Ă©motions rĂ©side dans les modalitĂ©s fondamentales et leurs interactions, plutĂŽt que dans un nombre restreint de patrons spĂ©cifiques. Cette derniĂšre perspective correspond Ă  l’idĂ©e centrale de la thĂ©orie des Ă©motions de base » au nombre de sept – joie, tristesse, peur, colĂšre, surprise, dĂ©goĂ»t, mĂ©pris comme l’ont proposĂ© les approches dominantes durant le vingtiĂšme siĂšcle, les thĂ©ories d’Ekman 1982, Izard 1977, Plutchik 1980 et Tomkins 1984. Pour ces derniĂšres, chaque Ă©motion de base est l’exemplaire d’un nombre restreint de patrons spĂ©cifiques innĂ©s. Pour les thĂ©ories multi-componentielles, en revanche, les Ă©motions relĂšvent de modalitĂ©s de base qui opĂšrent selon une sĂ©quence fonctionnelle. 3 L’objectif de cet article est de proposer une conception relationnelle de l’émotion. Ainsi, dans un premier temps, les modalitĂ©s de base constituant l’émotion sont exposĂ©es, suivies, dans un deuxiĂšme temps, de la sĂ©quence fonctionnelle de l’émotion. Cette sĂ©quence est prĂ©sentĂ©e sous l’éclairage thĂ©orique d’un modĂšle perceptif des Ă©motions rendant compte des processus qui rĂ©gissent l’interaction des modalitĂ©s de base. Ce modĂšle perceptif articule des arguments issus de la perspective Ă©cologique gibsonienne, de la psychologie de la Gestalt et des travaux plus rĂ©cents sur la cognition incarnĂ©e. Enfin, dans un troisiĂšme et dernier temps, les manifestations de l’émotion sont convoquĂ©es en soutien de cette approche relationnelle. 1. – Les modalitĂ©s constitutives de l’émotion 4 La perspective multi-componentielle stipule que l’émotion relĂšve d’une sĂ©quence fonctionnelle impliquant l’interaction de plusieurs modalitĂ©s. Les Ă©motions sont en premier lieu le produit conjoint de deux modalitĂ©s dĂ©terminantes l’évaluation et les intĂ©rĂȘts ». L’évaluation affective et cognitive d’un objet ou Ă©vĂ©nement en dĂ©termine sa pertinence vis-Ă -vis d’un ou plusieurs intĂ©rĂȘts du sujet. Les Ă©motions se caractĂ©risent Ă©galement par la prĂ©sĂ©ance des rĂ©ponses Ă  l’évĂ©nement – modalitĂ© qui traduit leur prĂ©valence sur les conduites en cours – et par la production d’une attitude prĂ©paratoire sous la forme d’une disposition Ă  l’action » qui pousse le sujet Ă  modifier sa relation Ă  l’objet ou l’évĂ©nement. Cette modalitĂ©, enfin, favorise la sĂ©lection d’actions impulsives qui permettent l’issue visĂ©e par la disposition Ă  l’action. Les points suivants dĂ©taillent ces modalitĂ©s l’une aprĂšs l’autre. – Évaluation 5 Les Ă©motions sont, en quelque sorte, des dĂ©tecteurs de pertinence » Scherer, 2005. Les thĂ©ories multi-componentielles partent du principe que la pertinence d’un objet ou d’un Ă©vĂ©nement est dĂ©terminĂ©e par un processus complexe d’évaluation appraisal, en anglais, extrĂȘmement rapide de l’ordre de 100 msec ; Grandjean & Scherer, 2009 qui relĂšve de plusieurs niveaux de traitement. Ceux-ci vont d’un niveau de traitement automatique et implicite Ă  un niveau de traitement conceptuel conscientisĂ©. Ainsi, ces processus d’évaluation transforment les Ă©vĂ©nements rencontrĂ©s – Ă©vĂ©nements bruts affectant les sens et le corps – en Ă©vĂ©nements pourvus, d’une part, d’une signification pour le sujet, signification en fonction de ses intĂ©rĂȘts cf. ci-aprĂšs – et d’autre part, d’une valeur affective Ă©vĂ©nement agrĂ©able ou attrayant, dĂ©sagrĂ©able ou repoussant, ou indiffĂ©rent, le cas Ă©chĂ©ant. 6 En principe, ces processus d’évaluation se poursuivent automatiquement, et l’information qui prend part Ă  ces processus reste le plus souvent inconsciente. Il arrive parfois qu’elle soit manifeste, comme lorsqu’elle facilite la suite du traitement d’information. C’est ce qui ressort des expĂ©rimentations utilisant l’amorçage, qui montrent l’influence de stimuli prĂ©sentĂ©s trop faiblement pour ĂȘtre perçus consciemment par exemple par backward masking sur les pensĂ©es ou perceptions qui succĂšdent Zajonc, 1984 ; Bargh, 1997. – IntĂ©rĂȘts 7 L’évaluation de la pertinence d’un Ă©vĂ©nement vis-Ă -vis des intĂ©rĂȘts du sujet constitue l’aspect probablement le plus central de l’émotion Frijda, 2007. Chaque Ă©vĂ©nement peut avoir des rĂ©percussions pour la satisfaction ou l’entrave de quelque intĂ©rĂȘt. L’évaluation de cette pertinence est automatique. Sans pertinence vis-Ă -vis d’un intĂ©rĂȘt, il n’y aura pas d’émotion, c’est-Ă -dire qu’aucun des composants qui forment une rĂ©ponse multi-componentielle ne sera activĂ©. Ainsi, la signification de l’évĂ©nement est directement liĂ©e aux intĂ©rĂȘts. Un intĂ©rĂȘt reprĂ©sente une sensibilitĂ© pour une classe d’objets, problĂšmes, Ă©vĂ©nements, conceptions de soi-mĂȘme ou du monde cf. le modĂšle cybernĂ©tique de Carver & Scheier, 1990. Si un Ă©vĂ©nement relĂšve d’une telle sensibilitĂ©, il Ă©voque de l’appĂ©tence, attire l’attention, comme quand on entend son nom mentionnĂ© dans une conversation qui se tient Ă  cĂŽtĂ©. La pertinence vis-Ă -vis d’un ou plusieurs intĂ©rĂȘts est la condition sine qua non pour l’émergence d’une Ă©motion. Les Ă©motions ont donc deux conditions d’émergence l’occurrence d’un Ă©vĂ©nement et l’existence d’un intĂ©rĂȘt vis-Ă -vis duquel l’évĂ©nement est pertinent, c’est-Ă -dire dont la satisfaction ou l’entrave pourrait ĂȘtre affectĂ©e par l’évĂ©nement. 8 Les intĂ©rĂȘts sont des variables latentes, silencieuses. Ce n’est que lorsqu’un Ă©vĂ©nement excite la sensibilitĂ©, faisant surgir l’émotion, que l’intĂ©rĂȘt se dĂ©voile. La notion d’intĂ©rĂȘt inclut des sortes d’intĂ©rĂȘts trĂšs diffĂ©rentes des besoins comme les besoins biologiques la faim, la soif, la chaleur corporelle et ceux moins biologiques, comme le besoin d’appartenance Ă  un groupe social ; des ressorts, des valeurs, comme les amitiĂ©s et les amours, etc. DĂšs 1938, Murray en avait dressĂ© la liste des plus communs. Bon nombre d’intĂ©rĂȘts se conçoivent comme des valeurs de rĂ©fĂ©rence, telles la faim ou tempĂ©rature Toates, 1986. Les origines des intĂ©rĂȘts sont plurielles. Certains sont clairement des produits de l’évolution. D’autres proviennent des valeurs ou des orientations socioculturelles Schwartz, 1992. Des recherches comparatives interculturelles montrent ainsi des variations considĂ©rables dans l’importance des valeurs sociales entre les diffĂ©rentes cultures Schwartz & Boehnke, 2004. D’autres encore proviennent des expĂ©riences personnelles, comme celles d’attachement. Et d’autres intĂ©rĂȘts encore ont leur source dans les aptitudes cognitives la curiositĂ© en est un exemple et affectives la vue d’un enfant vulnĂ©rable ou des images de l’évanescence des sentiments ; Tan & Frijda, 1999. La psychologie manque Ă  ce jour de thĂ©ories concernant la nature gĂ©nĂ©rale des intĂ©rĂȘts. 9 Les intĂ©rĂȘts concernent ce dont l’individu cares about, selon l’expression du philosophe Frankfurt 1988, c’est-Ă -dire ce qui tient Ă  cƓur ». Les individus, qui en possĂšdent chacun une multitude, diffĂšrent dans leurs intĂ©rĂȘts que ce soit en termes de variabilitĂ© qu’en termes de degrĂ© de sensibilitĂ© Gray & McNaughton, 2000. Certains ralentissent Ă  chaque oiseau qu’ils voient, d’autres ne distinguent pas un moineau d’un Ă©tourneau. Cette multitude d’intĂ©rĂȘts explique la variation considĂ©rable des Ă©motions aux niveaux intra-individuel, interindividuel et interculturel. Elle explique Ă©galement un autre fait essentiel des Ă©motions, Ă  savoir la pertinence d’un Ă©vĂ©nement particulier vis-Ă -vis de plusieurs intĂ©rĂȘts, qui suscite par consĂ©quent des Ă©motions diffĂ©rentes, voire contradictoires, en mĂȘme temps. La mort d’une personne chĂšre aprĂšs une longue maladie reprĂ©sente une cause de chagrin tout autant que du soulagement. L’euthanasie peut Ă©mouvoir Ă  la fois comme crime et comme bienfait. On peut se trouver en Ă©tat de conflit entre deux Ă©motions causĂ©es par un mĂȘme Ă©vĂ©nement. – PrĂ©sĂ©ance 10 Comme cela a dĂ©jĂ  Ă©tĂ© soulignĂ© en introduction, les Ă©motions se manifestent comme des phĂ©nomĂšnes de prĂ©sĂ©ance en anglais control precedence. C’est ce qui donne aux Ă©motions d’une certaine vigueur le caractĂšre de passions. À l’exception de Ribot dans son Essai sur les passions 1907, peu de chercheurs se sont intĂ©ressĂ©s Ă  ces phĂ©nomĂšnes de prĂ©sĂ©ance. Les rĂ©ponses dĂ©clenchĂ©es par un Ă©vĂ©nement Ă©valuĂ© comme pertinent vis-Ă -vis d’un intĂ©rĂȘt prennent la prioritĂ© sur les pensĂ©es et les actions en cours. Ribot Ă©voque au sujet des Ă©motions leur impĂ©tuositĂ© irrĂ©sistible » [2]. Elles interfĂšrent avec ce que la personne est en train de faire. Lorsque l’alerte Ă  incendie se dĂ©clenche, toute affaire cessante, on court dehors ou restons paralysĂ©s. Elles persistent malgrĂ© l’éventuelle prĂ©sence d’obstacles, elles font nĂ©gliger les raisons de ne pas agir de la sorte les recommandations de la Raison. Sous l’effet de la colĂšre on dit des choses dont on sait au mĂȘme instant qu’on les regrettera. Le degrĂ© de prĂ©sĂ©ance correspond Ă  l’intensitĂ© de l’expĂ©rience Ă©motionnelle subjective Frijda, 2007. La prĂ©sĂ©ance traduit l’activation du systĂšme neuronal qui Ă©met la dopamine dans le diencĂ©phale. Ce neurotransmetteur active les Ă©tats de disposition ou prĂ©paration Ă  l’action, en opĂ©rant sur les ganglions de la base Panksepp, 1998 ; Berridge, 2007 ; Robbins & Everitt, 2007. 11 La prĂ©sĂ©ance est une propriĂ©tĂ© de la rĂ©ponse multi-componentielle dans son entier. Elle reprĂ©sente l’engagement de la personne dans ce qui se passe. L’individu est engagĂ© tout entier, avec toutes les fonctions qui soutiennent la rĂ©ponse l’attention, l’activation d’informations en mĂ©moire, la motivation, la prise de conscience, la mobilisation Ă©nergĂ©tique au niveau de la motricitĂ©, l’activation physiologique 
 Tous ces composants sont issus des diffĂ©rents aspects de l’évaluation, et par l’interaction des diffĂ©rents composants eux-mĂȘmes Scherer, 2009. Ces composants prĂ©sentent une synchronie » Scherer, 2005 ils s’influencent et s’accommodent, pour contribuer ensemble Ă  la rĂ©alisation de la modalitĂ© fondamentale suivante un Ă©tat appelĂ© disposition Ă  l’action ». – L’attitude prĂ©paratoire » la disposition Ă  l’action 12 Si l’évĂ©nement est Ă©valuĂ© comme Ă©tant pertinent vis-Ă -vis d’un intĂ©rĂȘt, il suscite une Ă©motion. Plus prĂ©cisĂ©ment, il produit une action readiness, c’est-Ă -dire une disposition Ă  l’action » ou prĂ©paration Ă  l’action ». Une telle disposition vise la mise en relation ou le changement de la relation – Ă©tablir, renforcer, rompre la relation – entre le sujet et l’évĂ©nement. La disposition Ă  l’action forme le cƓur de l’émotion maintenir ou modifier la relation actuelle entre le sujet et l’évĂ©nement afin de produire une situation plus favorable – ou moins dĂ©favorable – aux intĂ©rĂȘts. De telles attitudes [3] comprennent aussi le dĂ©ficit attitudinal, comme dans l’épuisement, ou l’attitude Ă©quivoque, observĂ©e lorsque les circonstances ne permettent aucune action propice, comme dans l’apathie agitĂ©e de l’angoisse. Les dispositions Ă  l’action forment donc la raison d’ĂȘtre des Ă©motions. Les prĂ©parations Ă  l’action constituent les prĂ©mices d’actions portant sur la relation entre le sujet et un objet, dĂ©terminĂ©es par l’évaluation. Elles sont la liaison active de deux Ă©tats l’actuel et celui Ă  venir. Les dispositions Ă  l’action se comprennent comme inclinant plus que ne rĂ©alisant ; elles dirigent vers un acte et non pas nĂ©cessairement dans l’exĂ©cution de cet acte. C’est pourquoi on peut ressentir un dĂ©sir de fuir sans bouger un muscle. Les dispositions Ă  l’action correspondent souvent davantage Ă  des Ă©lans la mobilisation du corps qu’à la rĂ©alisation d’une action rĂ©elle. On peut Ă©prouver un dĂ©sir d’entrer en contact avec quelqu’un sans dire un mot. Ce sont des intentions motrices Burloud, 1938. Bien qu’inclinant plus que rĂ©alisant, les Ă©tats de prĂ©paration Ă  l’action consistent en l’établissement de rĂ©elles dispositions Ă  agir, aboutissant, le cas Ă©chĂ©ant, Ă  des vraies actions ou inactions, comme dans l’apathie. Ce ne sont pas seulement des pensĂ©es ou des images mentales. Ils consistent d’abord en des activations neurales qui peuvent durer jusqu’au moment oĂč l’action se dĂ©ploie. L’existence de cette prĂ©paration a Ă©tĂ© dĂ©montrĂ©e par les expĂ©riences de Jeannerod 2006 les rĂ©seaux neuronaux actifs lors des mouvements volontaires le sont aussi quand on s’imagine faire ces mouvements. En outre, comme cela a dĂ©jĂ  Ă©tĂ© mentionnĂ©, la disposition Ă  l’action activĂ©e par un Ă©vĂ©nement augmente l’émission de dopamine, qui augmente la prĂ©sĂ©ance. Il y a donc correspondance entre l’évaluation de la pertinence, l’attitude motrice visant Ă  modifier ou maintenir la relation, et la forme ou la direction des mouvements qui s’ensuivent cf. ci-aprĂšs. 13 Les diffĂ©rentes dispositions Ă  l’action se distinguent par la relation instaurĂ©e ou visĂ©e. La relation visĂ©e renvoie Ă  ce que la disposition s’emploiera Ă  rĂ©aliser par l’action. Les diffĂ©rents modes de disposition Ă  l’action cf. permettent de reprĂ©senter les attitudes dont relĂšvent les diffĂ©rentes Ă©motions et ainsi de les dĂ©crire sans avoir recours aux noms d’émotions. La distinction de ces dispositions Ă  l’action est utile car chacune d’elles produit une relation sujet–objet diffĂ©rente. Les dispositions Ă  l’action participent de l’expĂ©rience subjective, contribuant Ă  la rendre diffĂ©rente d’une Ă©motion Ă  l’autre. On peut faire l’hypothĂšse qu’un nombre restreint de dispositions Ă  l’action constitue un arsenal d’Ur-emotions Frijda & Parrott, 2011. Les Ur-emotions sont des universaux abstraits, identifiables Ă  travers les cultures malgrĂ© la variabilitĂ© de leur actualisation et de leur co-occurrence avec d’autres composants du syndrome multi-componentiel que sont les Ă©motions. Ils renvoient aux homologies existant dans les diffĂ©rentes cultures, rendant ainsi inutile le postulat de l’universalitĂ© in extenso de ces syndromes multi-componentiels. Ce ne sont pas les Ă©motions dans leur totalitĂ© qui sont basiques et universelles mais plutĂŽt ces Ur-emotions. Tous les Ă©tats Ă©motionnels humains et ceux issus d’un arsenal probablement un peu diffĂ©rent dans d’autres espĂšces animales consistent en l’une ou plusieurs de ces Ur-emotions. Les bases de cet arsenal se trouvent dans les circuits anciens du cerveau, appelĂ©s autrefois le systĂšme limbique et les ganglions de la base, associĂ©s aux neurotransmetteurs correspondants Panksepp, 1998. Tableau Ă  l’action et noms d’émotions Dispositions Ă  l’action et noms d’émotions 14 Le concept de dispositions Ă  l’action trouve son origine dans le fait que, face Ă  une situation qui suscite une Ă©motion, on peut observer une variĂ©tĂ© de comportements qui paraissent servir une mĂȘme finalitĂ©. Les diffĂ©rentes actions aboutissent, dans le meilleur des cas, au mĂȘme changement de relation. En colĂšre – c’est-Ă -dire en rĂ©ponse Ă  une obstruction causĂ©e par un tiers – on peut rĂ©pondre par des coups de poing, par une insulte, ou en endommageant l’un de ses biens, tout autant d’actions qui nuisent Ă  l’antagoniste et qui peuvent le motiver Ă  mettre fin Ă  son entrave. Il y a Ă©quifinalitĂ© » des diverses actions vis-Ă -vis de l’issue visĂ©e. C’est prĂ©cisĂ©ment la diffĂ©rence entre un rĂ©flexe, par exemple la rĂ©action stĂ©rĂ©otypĂ©e du sursaut, et une Ă©motion, dont le patron de rĂ©ponses est variable en fonction des variations circonstancielles du moment [4]. Les modes de disposition Ă  l’action comprennent aussi des modes de manque explicite de prĂ©paration Ă  l’action. Il y a parfois, en effet, absence apparente de prĂ©paration Ă  l’action, comme par exemple dans l’apathie, l’indiffĂ©rence, et le dĂ©sespoir ou l’impuissance helplessness en anglais. L’inclination Ă  agir existe, mais aucune une action praticable pour rĂ©soudre la situation n’est accessible. Cela est manifeste dans ces situations qui provoquent l’anxiĂ©tĂ©, la panique, la paralysie – mais qui sont profondĂ©ment diffĂ©rentes de celles induisant la peur – ces situations de confrontation Ă  un grand danger dont on ignore d’oĂč il surgira un bombardement, un tremblement de terre ou un tsunami. Inversement, beaucoup d’émotions impliquent plusieurs dispositions Ă  l’action du reste, la plupart des rapports verbaux d’émotions en mentionnent plusieurs ; Oatley & Duncan, 1992. L’enfant s’approche d’un objet qu’il convoite, mais le fait avec rĂ©serve car il se sent observĂ©. Les dispositions Ă  l’action simultanĂ©es peuvent interfĂ©rer les unes avec les autres, s’inhiber, ou se renforcer. On tend Ă  se rĂ©frĂ©ner dans une querelle maritale parce que l’hostilitĂ© de la colĂšre rivalise avec l’affection pour son partenaire ou avec la peur de consĂ©quences dĂ©mesurĂ©es. En face d’une menace, la disposition Ă  fuir est contrariĂ©e par la disposition Ă  y faire face, voire Ă  s’en approcher disposition motivĂ©e par l’intĂ©rĂȘt liĂ© Ă  son amour-propre, par exemple. En visant deux issues en mĂȘme temps, les deux intentions se modifient, ou produisent des Ă©tats conflictuels. Ceci est au cƓur de la rĂ©gulation Ă©motionnelle Frijda, 2010, 2012 ; Frijda & Mesquita, 2000, qui n’est pas un moment qui fait suite Ă  l’émotion, mais en fait partie intĂ©grante Mesquita & Frijda, 2011. Soulignons que les dispositions Ă  l’action consistent en des structures cognitives » portant sur l’issue Ă  atteindre, des attentes sur des actions Ă  venir et des cibles. Ces structures cognitives pourraient ĂȘtre mieux spĂ©cifiĂ©es, bien qu’avec difficultĂ©, puisque, lors de leur dĂ©roulement, elles sont inaccessibles au codage verbal Jackendoff, 2007. – Actions impulsives 15 Les actions Ă©motionnelles qu’appellent les dispositions Ă  l’action visent une issue l’établissement, le maintien, ou la modification d’une relation avec l’objet. Ce ne sont pourtant pas des actions dĂ©libĂ©rĂ©es. Elles ne sont pas guidĂ©es par un but, la reprĂ©sentation prĂ©alable d’une finalitĂ© Ă  atteindre. Elles sont impulsives. Dans les distinctions opĂ©rĂ©es dans le temps entre les diffĂ©rents types de comportements, Wundt 1900 considĂ©rait que les actions qui relĂšvent des Ă©motions ne sont ni des rĂ©flexes, ni des habitudes, ni des actions volontaires, mais des Triebhandlungen, ou actions motivĂ©es ; McDougall 1923 les appelait des instincts. Ce sont des actions impulsives, des actions qui ne sont pas prĂ©cĂ©dĂ©es d’un plan ou d’un but, ni initiĂ©es par une intention prĂ©alable. Elles ne sont pas dĂ©libĂ©rĂ©es. Elles ont nĂ©anmoins une direction. Pour cela, elles n’ont pas besoin d’un but prĂ©alable parce que la recherche d’une action appropriĂ©e est dĂ©jĂ  orientĂ©e vers l’issue. Cette derniĂšre est dĂ©terminĂ©e par l’évaluation de l’évĂ©nement. Cette issue correspond Ă  l’issue comprise dans la disposition Ă  l’action sĂ©lectionnĂ©e, disposition Ă  l’action qui appelle une rĂ©ponse capable d’instaurer la relation en question. Dans la peur, en face d’une menace, on est confrontĂ© Ă  la proximitĂ© d’un danger. En consĂ©quence, on ne cherche pas une sĂ©curitĂ© future dont on peut bien ignorer oĂč elle se situe. On rĂ©pond Ă  ce qui est prĂ©sent dans la perception du moment on produit une action de protection contre un danger proche. Dans le dĂ©sir, on ne cherche pas tant Ă  s’approcher de l’objet qu’à anĂ©antir la distance qui nous sĂ©pare de l’objet et qui empĂȘche l’interaction. Dans l’amour, on suit l’affordance prĂ©sente d’intimitĂ© plutĂŽt que de se reprĂ©senter les dĂ©lices futurs. Dans la colĂšre, on trouve dans son rĂ©pertoire d’actions une action qui peut neutraliser un saligaud, plutĂŽt que de penser Ă  prĂ©server l’ordre social. L’action impulsive, donc, est contrĂŽlĂ©e non pas par un but prĂ©alable, comme l’action volontaire, mais par la disposition Ă  l’action ou les dispositions Ă  l’action le cas Ă©chĂ©ant visant Ă  faire disparaĂźtre l’objet Ă©valuĂ© nĂ©gativement, ou Ă  obtenir l’objet dĂ©sirable, ou Ă  intensifier l’interaction avec lui. Selon la signification accordĂ©e Ă  l’objet, la disposition Ă  l’action correspondante est convoquĂ©e. Le seuil de dĂ©clenchement d’une action impulsive est variable. Pour se mettre en colĂšre, il faut parfois une frustration sĂ©vĂšre ; mais parfois un lĂ©ger contretemps suffit. La diffĂ©rence dĂ©pend, entre autres, des Ă©vĂ©nements et des Ă©motions prĂ©existantes, de l’humeur du moment, c’est-Ă -dire d’une activation en deçà du seuil de la disposition de rĂ©ponse. Ces traits convergent vers la notion de prĂ©sĂ©ance, la prĂ©dominance des actions et pensĂ©es suscitĂ©es par l’émotion sur les autres activitĂ©s Frijda, 2003. 16 Les actions impulsives ne sont pas des actions spĂ©ciales. Elles trouvent leur origine, pour la plupart, parmi les actions sociales et instrumentales de la vie courante. D’autres sont créées pour solutionner un problĂšme d’interaction spĂ©cifique. La notion d’impulsivitĂ© s’applique en fait aux conditions d’apparition de l’action, appelĂ©e par la disposition Ă  l’action, cette derniĂšre imposant sa prĂ©sĂ©ance. Hormis cette propriĂ©tĂ© de prĂ©sĂ©ance, elles procĂšdent du mĂȘme processus d’apparition que celui de toute action ou pensĂ©e non rĂ©flĂ©chie et intuitive » Kahneman, 2012 ; Rietveld, 2008. La comparaison entre les rĂ©sultats attendus de l’action et ceux obtenus via le feedback de l’action guide ce processus. Autrement dit, les actions impulsives rĂ©sultent de la correspondance entre l’information cognitive et la prĂ©paration Ă  l’action obtenue lors de l’évaluation, et l’acquisition d’information nouvelle de la perception ou la pensĂ©e quand il y a des signaux d’erreur ». Des donnĂ©es montrent que ces comparaisons ont lieu dans le cortex prĂ©frontal et le cortex moteur supplĂ©mentaire Ridderinkhof Forstmann, Wylie, Burle, & van den Wildenberg, 2011. La comprĂ©hension du processus de traitement de l’information est aujourd’hui loin d’ĂȘtre complĂšte. Toutefois, pour les thĂ©ories de prĂ©diction perceptuelle et cognitive Friston, 2010, 2011 ; Clark, 2012, Ă©laborĂ©es Ă  partir des considĂ©rations thĂ©oriques de Helmholtz 1860, toute l’information constitue un immense rĂ©seau interconnectĂ© oĂč les excitations se propagent. À la suite de la thĂ©orie d’infĂ©rence inconsciente de Helmholtz, ces nouvelles thĂ©ories postulent que la perception est le rĂ©sultat d’une machine Ă  faire des prĂ©dictions ». Chaque perception ou pensĂ©e engendre des prĂ©dictions concernant l’information et/ou l’action Ă  venir, la vĂ©rification de ce qui se produit rĂ©ellement, et l’émission de signaux d’erreurs quand une discordance apparaĂźt. Les Ă©motions suivent vraisemblablement de telles procĂ©dures de traitement d’information car rien ne permet de penser qu’il existerait des procĂ©dures qui leur seraient spĂ©cifiques. 2. – SĂ©quence fonctionnelle de l’émotion 17 La sĂ©quence fonctionnelle de l’émotion peut ĂȘtre dĂ©crite de la façon suivante les processus d’évaluation transforment les Ă©vĂ©nements rencontrĂ©s en Ă©vĂ©nements pourvus, d’une part, de sens en fonction des intĂ©rĂȘts du sujet et, d’autre part, d’une valeur affective. Les Ă©vĂ©nements sont pourvus de sens en ce qu’ils requiĂšrent un changement de relation. Les Ă©vĂ©nements qui dĂ©clenchent l’émotion, entravant ou facilitant les intĂ©rĂȘts du sujet, convoquent des actions propres Ă  amĂ©liorer la situation. Une attitude motrice, sous la forme d’une disposition Ă  l’action est donc gĂ©nĂ©rĂ©e Ă  cette fin. La rĂ©quisition impose la prĂ©sĂ©ance de l’attitude motrice. La disposition Ă  l’action se traduit, le cas Ă©chĂ©ant en action impulsive bien qu’elle puisse rester Ă  l’état de seule disposition. Dans cette sĂ©quence, l’affordance Gibson, 1979 joue un rĂŽle capital. – L’affordance 18 Comme mentionnĂ© auparavant, les processus d’évaluation touchent Ă  la signification de l’évĂ©nement Ellsworth & Scherer, 2003 ce que l’évĂ©nement peut faire au sujet, peut lui apporter, lui permettre ou non de faire 
 Gibson 1979 Ă©voque Ă  ce sujet le concept d’affordance cf. Luyat & Regia-Corte, 2009, pour un exposĂ© des rĂ©centes formalisations. L’affordance du verbe to afford fournir, offrir la possibilitĂ© est la facultĂ© de l’organisme Ă  se comporter en percevant ce que l’environnement lui offre en termes de possibilitĂ©s d’actions. L’affordance initie les mouvements et leurs dispositions neuronales comme cela a Ă©tĂ© dĂ©montrĂ© par l’utilization behavior de patients souffrants de certaines perturbations cĂ©rĂ©brales, Lhermitte, 1983. 19 L’affordance est une propriĂ©tĂ© de la relation organisme – environnement elle est une opportunitĂ© d’action Stoffregen, 2003. Elle dĂ©pend donc Ă  la fois de l’environnement et de l’organisme considĂ©rĂ© par exemple, l’eau afforde la respiration pour le poisson mais pas pour l’humain ; le sol afforde la marche pour l’humain mais pas pour le poisson. De nombreuses affordances ont Ă©tĂ© mises en Ă©vidence expĂ©rimentalement dans les domaines de l’action motrice et de la locomotion telles que le caractĂšre passable d’une ouverture, le caractĂšre saisissable d’un objet, le caractĂšre franchissable d’un fossĂ©, etc.. Les affordances se traduisent en anglais par le suffixe ability ajoutĂ© au verbe d’action considĂ©rĂ© ex. climbability d’un escalier la grimpabilitĂ© » d’un escalier. Jusqu’à prĂ©sent, les Ă©tudes ont essentiellement portĂ© sur les affordances neutres » l’escalier, l’ouverture, etc.. Or, dans la vie quotidienne, tout sujet navigue dans un environnement qui n’est pas seulement neutre ». La relation organisme – environnement peut parfois s’avĂ©rer potentiellement nocive ou particuliĂšrement propice favorable – notamment la navigation dans le monde social, celui des interactions interpersonnelles. Aussi est-il essentiel de percevoir des objets davantage que leur grimpabilitĂ© » ou leur passabilitĂ© ». Il s’agit de percevoir comment ils constituent un obstacle ou une opportunitĂ©, une menace ou une invitation Ă  la caresse 
 autrement dit, leur valeur affective. Or, prĂ©cisĂ©ment, les processus de traitement d’information pourvoient aussi les Ă©vĂ©nements rencontrĂ©s en valeur affective. Les processus d’évaluation doublent simultanĂ©ment la signification de l’évĂ©nement d’une attitude hĂ©donique Ă  son Ă©gard. Anelli, Borghi et Nicoletti 2012 ont, de la sorte, montrĂ© expĂ©rimentalement que des objets prĂ©hensibles mais dangereux n’invitent pas Ă  s’en saisir. À caractĂšre saisissable Ă©quivalent, les temps de rĂ©action sont plus lents pour des objets dangereux. Leurs rĂ©sultats Ă©voquent donc l’existence d’affordances aversives, ces derniĂšres pouvant ĂȘtre considĂ©rĂ©es comme des affordances affectives » qui se traduisent par une attitude affective d’attraction ou de rĂ©pulsion vis-Ă -vis de l’évĂ©nement. Des affordances affectives sont aussi observĂ©es par Coello, Bourgeois et Iachini 2012 en matiĂšre d’accessibilitĂ© d’objets dangereux et potentiellement menaçants. L’affordance affective, propriĂ©tĂ© relationnelle du systĂšme sujet–objet [5], est l’opportunitĂ© d’action envers ou l’opportunitĂ© d’action Ă  l’encontre offerte par les objets au sujet. Une personne offensante invite Ă  ĂȘtre giflĂ©e ou toute autre forme de riposte, une personne attrayante invite Ă  ĂȘtre embrassĂ©e. 20 C’est au cƓur de cette relation sujet–objet, qui est une relation agissante, que se situe l’émotion. Dans le systĂšme indivisible que constituent l’organisme le sujet et son environnement cf. Gibson, 1979 [6], le sujet, en constante interaction avec son environnement, est Ă©galement constamment prĂȘt Ă  modifier cette interaction ; il est ainsi continuellement dans un Ă©tat de prĂ©paration Ă  l’action Frijda, 1986, 2007. L’émotion surgit quand survient un changement notable dans la relation sujet–objet organisme–environnement. Il y a Ă©motion quand il y a rupture de continuitĂ© » RimĂ©, 2005, c’est-Ă -dire une modification soudaine de l’interaction sujet–objet en cours, faisant passer la relation d’un Ă©tat Ă  un autre l’interaction est rompue ou intensifiĂ©e ou rĂ©duite, etc. Autrement dit, il y a Ă©motion quand il y a un changement de la prĂ©paration Ă  l’action. Par consĂ©quent, l’émotion est un processus d’extraction par l’action. Elle partage en cela le mĂȘme trait que la perception. Le conducteur, devant qui surgit un obstacle imprĂ©vu, ne mĂ©dite pas le coup de frein ou le coup de volant qui empĂȘchera la collision. Percevoir l’obstacle comme un danger, c’est l’apprĂ©hender comme requĂ©rant une certaine rĂ©ponse ou action un coup de frein, un coup de volant, action–rĂ©ponse qui constitue l’émotion. C’est la fameuse notion d’émeute ou d’agitation de Descartes pour qui l’émotion est un mouvement physique de l’homme face au monde et de kinĂšsis d’Aristote de fait, l’émotion ne serait pas ce qu’elle est sans son exhortation Ă  l’action ou exhortation Ă  ne pas agir, comme dans l’accablement. L’émotion incite Ă  s’approcher, ou Ă  s’en aller, ou Ă  s’interrompre, etc. La compassion incite Ă  apporter de l’aide, la honte incite Ă  se cacher, Ă  disparaĂźtre de la vue des autres 
 Or, dans la perspective de la thĂ©orie de Gibson plus rĂ©cemment formalisĂ©e par Stoffregen, 2003, 2004, notamment [7], mouvement et perception sont indissociables car la perception Ă©merge grĂące au mouvement. La perception est une saisie d’information information pickup [8] par l’action. C’est l’action qui fournit l’information [9], l’information Ă©tant ce que l’organisme fait Ă©merger de l’environnement par son action et qu’il saisit pick up. Pour Gibson, la perception est directe et ne passe pas par une reprĂ©sentation intermĂ©diaire. La perception n’est pas un processus interne d’interprĂ©tation, c’est un processus d’extraction par l’action. La dimension cinesthĂ©sique est donc centrale dans cette approche. C’est prĂ©cisĂ©ment ici que prennent place les Ă©motions. – La cinesthĂ©sie 21 Emotion et action sont Ă©troitement liĂ©es dans la mesure oĂč l’émotion peut ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme relevant de la perception cinesthĂ©sique. La perception ou sensibilitĂ© cinesthĂ©sique est la perception de la position du corps et des mouvements du corps [10]. Elle concerne la sensation de mouvement des diffĂ©rentes parties du corps. La cinesthĂ©sie, formĂ©e de deux racines grecques [11], est ainsi le sens du mouvement, la forme de sensibilitĂ© qui renseigne d’une maniĂšre spĂ©cifique sur la position et les dĂ©placements des diffĂ©rentes parties du corps. Traduite en termes Ă©motionnels, la cinesthĂ©sie se comprend de la façon suivante percevoir l’obstacle comme un danger, c’est l’apprĂ©hender comme requĂ©rant une certaine rĂ©ponse – un coup de volant par exemple. C’est cette rĂ©ponse, ou, plus prĂ©cisĂ©ment, sa perception cinesthĂ©sique, qui constitue l’émotion. L’expĂ©rience subjective du danger, c’est l’expĂ©rience de son corps mobilisĂ© en vue d’une certaine rĂ©ponse une prĂ©paration Ă  la fuite, ou Ă  la paralysie, ou Ă  l’attaque prĂ©ventive. Autrement dit, la phĂ©nomĂ©nologie de la peur est celle de la mobilisation du corps en vue d’une prĂ©paration Ă  la fuite ou Ă  la paralysie, ou Ă  l’attaque prĂ©ventive. L’expĂ©rience subjective de la tendresse, c’est l’expĂ©rience de son corps mobilisĂ© en vue d’étreindre ou de caresser l’autre. Dans un Ă©pisode de tendresse, nous percevons une personne comme enjoignant une caresse ou une Ă©treinte. Les Ă©motions sont alors conçues comme livrant au sujet un monde chargĂ© de valeurs, sous la forme d’objets invitant Ă  l’action. 22 Par consĂ©quent, les processus d’évaluation qui, comme on l’a vu plus haut, transforment les Ă©vĂ©nements rencontrĂ©s en Ă©vĂ©nements pourvus Ă  la fois d’une signification pour le sujet – en fonction de ses intĂ©rĂȘts – et d’une valeur affective, sont d’une nature particuliĂšre. En effet, la signification de l’objet ou de l’évĂ©nement n’est pas une Ă©valuation cognitive entendue comme un acte isolĂ© d’apprĂ©ciation intellectuelle ; c’est une forme de comprĂ©hension mĂ©diĂ©e par sa propre mobilisation corporelle. C’est ce que traduit la notion de enactive appraisal Colombetti, 2007 ou Ă©valuation Ă©nactive » [12]. L’objet attire ou repousse. Des impulsions poussent » le sujet envers ou Ă  l’écart de l’objet. Le psychologue gestaltiste Kölher 1929 considĂšre que la valeur de l’objet est tout aussi immĂ©diatement perçue que ses qualitĂ©s sensibles. Pour lui, la valeur est rĂ©quisition requiredness. Ce que l’objet requiert comme rĂ©ponse constitue sa valeur ex. la valeur danger. La valeur de l’objet provient donc de la phĂ©nomĂ©nologie corporelle comme l’affirment Deonna & Teroni 2012, la mobilisation du corps constitue l’expĂ©rience de la valeur danger ». Une offense requiert des actions pouvant la juguler ; un Ă©vĂ©nement attrayant requiert une action d’approche et d’ouverture pour bĂ©nĂ©ficier de l’objet. Aussi la perception est-elle autant un processus moteur qu’un processus sensoriel. Du reste, au niveau neuronal, les processus sensoriels et moteurs ont un codage commun Colombetti & Thompson, 2005. En effet, comme l’explique Northoff 2012, les donnĂ©es de neuro-imagerie indiquent l’existence d’une activitĂ© neuronale procĂ©dant Ă  un codage relationnel convergence intĂ©ro-extĂ©roceptive qui, en couplant corps, cerveau et environnement, permet l’assignation de propriĂ©tĂ©s subjectives et affectives Ă  des stimuli qui, autrement, demeurent objectifs et non affectifs. La perception est donc Ă©nactive ; c’est un type d’action, l’action constituant la perception Colombetti, 2007 ; NoĂ«, 2004 ; Varela, Thompson & Rosch, 1991. Au niveau psychologique, action et perception sont constitutivement enchevĂȘtrĂ©s. C’est ce qu’a soulignĂ© Kölher et d’autres psychologues avec lui Rosenthal & Visetti, 1999, 2006 ; Wallon, 1949, p. 66. D’ailleurs, lorsque les mouvements moteurs de l’individu sont inhibĂ©s, on observe une interfĂ©rence dans l’expĂ©rience Ă©motionnelle et dans le traitement de l’information Ă©motionnelle Niedenthal, 2007. Dans cette perspective, les ressentis Ă©motionnels sont les perceptions de ces dispositions Ă  l’action, c’est-Ă -dire les perceptions de l’engagement dynamique du corps sa prĂ©paration Ă  l’action dans l’interaction avec l’objet. Plus prĂ©cisĂ©ment, l’expĂ©rience phĂ©nomĂ©nologique d’une Ă©motion est la perception cinesthĂ©sique, la perception de son corps mobilisĂ© en vue de modifier, d’une certaine façon, la relation sujet–objet, la perception de la mobilisation du corps en vue d’une certaine action vis-Ă -vis de l’objet. Ainsi, cette sĂ©quence Ă©motionnelle permet de rendre compte de l’essence de ces phĂ©nomĂšnes appelĂ©s Ă©motions » leur intentionnalitĂ© et leur expĂ©rience phĂ©nomĂ©nale. Ces deux aspects sont dĂ©veloppĂ©s ci-dessous. – IntentionnalitĂ© Ă©valuative 23 Les Ă©motions sont intentionnelles, c’est-Ă -dire qu’elles sont toujours Ă  propos de quelque chose » ; elles possĂšdent nĂ©cessairement un objet [13]. Elles sont dĂ©clenchĂ©es par un Ă©vĂ©nement, une situation, une personne, un souvenir tel enfant a peur du noir, tel autre est fier de son tricycle. Il s’agit, plus prĂ©cisĂ©ment, d’une intentionnalitĂ© Ă©valuative Deonna et Teroni, 2008. Si l’enfant est fier de son tricycle, c’est qu’il a une certaine croyance Ă  propos de son tricycle qu’il est le plus beau des tricycles. Les croyances impliquĂ©es dans les Ă©motions sont d’un certain type en ce sens qu’elles relĂšvent de valeurs axiologiques. Pour les philosophes Döring, 2009 ; Goldie, 2009, ces valeurs axiologiques ne sont pas des valeurs abstraites ou des idĂ©aux vers lesquels tend l’individu. Il s’agit d’un type particulier de propriĂ©tĂ©s que l’objet exemplifie. Ces valeurs sont conçues comme des qualitĂ©s formelles des propriĂ©tĂ©s Ă©valuatives de l’objet qui suscite l’émotion. Autrement dit, certains objets illustrent – ou exemplifient – certaines valeurs. Etre jaloux d’une tierce personne c’est croire qu’elle est un rival la tierce personne exemplifie la valeur rivalitĂ© », ĂȘtre dĂ©goĂ»tĂ© Ă  la vue d’un plat d’épinards, c’est croire qu’il est immonde le plat d’épinards exemplifie la valeur immondice ». Ces valeurs sont directement liĂ©es aux intĂ©rĂȘts de la personne ; c’est pourquoi le mĂȘme malheur affectera davantage s’il frappe son enfant que s’il s’abat sur l’enfant d’un autre, bien que la valeur en jeu soit identique dans les deux cas. Chaque famille d’émotion se distingue ainsi par une valeur particuliĂšre celle de l’offense pour la colĂšre, celle du danger ou de la menace pour la peur, celle de la perte pour la tristesse et le chagrin, etc. Lazarus 1991 a forgĂ© la notion de core relational theme pour les dĂ©signer. Pour autant, on ne peut pas rĂ©duire les Ă©motions Ă  des seules croyances axiologiques. En effet, comme le soulignent Deonna et Teroni 2008, p. 52, une croyance axiologique n’est ni nĂ©cessaire, ni suffisante Ă  une Ă©motion ». Ils invoquent plusieurs raisons. PremiĂšrement, la complexitĂ© cognitive d’une attribution axiologique la rend impossible chez les trĂšs jeunes enfants et chez les animaux. Les uns comme les autres ne maĂźtrisent pas les concepts participant de ses croyances des concepts axiologiques tels que celui de danger, de rivalitĂ©, etc.. Pourtant, bien que dĂ©nuĂ©s de tels concepts, il ne fait aucun doute qu’ils ressentent des Ă©motions. DeuxiĂšmement, il n’est pas rare de ressentir une Ă©motion en l’absence de la croyance axiologique contingente relative Ă  cette Ă©motion on peut ĂȘtre persuadĂ© qu’une araignĂ©e n’est pas dangereuse et pourtant en avoir terriblement peur ; on peut ĂȘtre convaincu de n’avoir transgressĂ© aucun impĂ©ratif moral, et ĂȘtre cependant rongĂ© par la culpabilitĂ©. TroisiĂšmement, certaines croyances laissent paradoxalement de marbre fumer tue » mentionne le paquet de cigarette. Oui, le fumeur le croit volontiers. Pourtant, il n’éprouve aucune peur absence d’émotion en prĂ©sence de la croyance axiologique. Enfin, le rapport entre l’émotion et la valeur peut ĂȘtre anormal, comme lorsqu’on se rĂ©jouit du malheur d’autrui Dumouchel, 2002. Par consĂ©quent, on ne peut pas considĂ©rer les Ă©motions comme de simples » jugements de valeurs, de simples phĂ©nomĂšnes intellectuels. L’émotion, ou plus exactement la disposition Ă  l’action, apparaĂźt ainsi comme un principe d’extraction spontanĂ© de la valeur. Autrement dit, la nature des processus d’évaluation ne relĂšve pas de jugements cognitifs tels qu’entendus, par exemple, par le modĂšle des processus composants Grandjean & Scherer, 2009. La nature de l’évaluation est Ă©nactive. – PhĂ©nomĂ©nologie 24 En sus de son intentionnalitĂ©, l’émotion se caractĂ©rise par sa dimension phĂ©nomĂ©nale. Une Ă©motion est quelque chose que l’on ressent ressentir le vide absolu dans la tristesse, ressentir le besoin impĂ©rieux de disparaĂźtre sous terre dans la honte, se sentir rongĂ© par la convoitise, se sentir excitĂ© et dĂ©bordant d’énergie, paralysĂ© et incapable de penser rationnellement 
 Les psychologues parlent Ă  ce sujet d’expĂ©rience subjective. Dans le langage courant du reste, le terme Ă©motion » dĂ©signe en premier lieu cette expĂ©rience subjective je ressens une Ă©motion. La description du contenu » de l’expĂ©rience subjective est souvent trĂšs ardue. Pour en rendre compte, le recours Ă  la dimension corporelle est frĂ©quent avoir des bouffĂ©es de chaleur, sentir sa gorge se nouer, son cƓur battre Ă  tout rompre, etc. Ainsi, l’idĂ©e que l’émotion consistait en une perception viscĂ©rale s’est imposĂ©e Ă  la suite de la thĂ©orie pĂ©riphĂ©rique de James-Lange. Seulement, comme l’ont montrĂ© les psychologues tout au long du XXe siĂšcle, l’émotion ne peut pas ĂȘtre rĂ©duite Ă  la seule perception des modifications physiologiques. Tout d’abord, en matiĂšre de sensations corporelles, les diverses Ă©motions sont ressenties trĂšs diffĂ©remment Ă  travers les nombreuses cultures. En Belgique, la tristesse se caractĂ©rise par un nƓud dans la gorge et des sensations gastro-intestinales RimĂ©, Philippot, & Cisamolo, 1990 tandis qu’en Équateur, elle se manifeste par un douloureux mal de tĂȘte et des palpitations cardiaques Le Breton, 1998. Les Français, rĂ©alisant qu’ils ont commis un impair, sentent leur cƓur s’arrĂȘter de battre et le rouge leur monter au front Lelord et AndrĂ©, 2001 tandis que les Chewong Malaisie expriment leur honte par le fait que leur foie est tout rĂ©trĂ©ci. Quant aux Samoans PolynĂ©sie ou aux Ifaluks MicronĂ©sie, ces peuples ne rapportent aucune sensation corporelle lorsqu’ils dĂ©crivent une Ă©motion donnĂ©e Mesquita et Frijda, 1992. De plus, au-delĂ  du fait que des diffĂ©rences interculturelles existent dans la façon de ressentir physiquement les Ă©motions, les recherches psychophysiologiques sur la viscĂ©roception ont montrĂ© que les sensations corporelles ne pouvaient pas ĂȘtre dĂ©terminĂ©es par des changements physiologiques rĂ©els puisqu’on n’a jamais pu Ă©tablir de corrĂ©lation significative entre les sensations corporelles et des changements neurovĂ©gĂ©tatifs objectifs par exemple, le rythme cardiaque mesurĂ© par Ă©lectrocardiogramme ; Edelmann & Baker, 2002. En rĂ©alitĂ©, l’ĂȘtre humain est incapable de viscĂ©roception 
 ce qui signifie que, plutĂŽt que de correspondre Ă  des modifications physiques sous-jacentes, les sensations corporelles sont en fait la traduction de reprĂ©sentations cognitives culturelles appelĂ©es schĂšmes psychophysiologiques Philippot, 1997 [14]. À ceci s’ajoutant que les recherches psychophysiologiques aient Ă©tĂ© incapables d’établir des configurations physiologiques spĂ©cifiques de chaque Ă©motion et que la thĂ©orie pĂ©riphĂ©rique s’est trouvĂ©e dans l’incapacitĂ© de rendre compte de la dimension intentionnelle des Ă©motions c’était la principale objection des thĂ©ories cognitives Ă  son Ă©gard, l’idĂ©e selon laquelle l’émotion serait la perception de sensations internes a Ă©tĂ© abandonnĂ©e. 25 L’expĂ©rience subjective constitue l’un des composants majeurs de l’émotion. Cette expĂ©rience consciente de l’émotion reflĂšte les modalitĂ©s Ă©valuation, intĂ©rĂȘts, prĂ©sĂ©ance 
 non conscientes sous-jacentes, bien qu’elle ne le fasse qu’en partie et gĂ©nĂ©ralement Ă  l’insu du sujet. En effet, la plupart de ces modalitĂ©s passent inaperçues comme Bargh 1997 entre autres l’a montrĂ© dans ses travaux. Ou encore, le sujet attribue sa rĂ©ponse par exemple une prĂ©fĂ©rence Ă  une modalitĂ© qui en rĂ©alitĂ© n’en est pas responsable. Cette attribution erronĂ©e repose sur des prĂ©conceptions cognitives. Ainsi, dans les expĂ©riences de Nisbett & Wilson 1977 la prĂ©fĂ©rence pour l’un des deux stimuli deux linges identiques sur un prĂ©sentoir n’était pas attribuĂ©e Ă  sa cause rĂ©elle sa localisation sur le cĂŽtĂ© droit de l’étalage, mais Ă©tait attribuĂ©e Ă  d’autres raisons. Ces donnĂ©es conduisent certains auteurs Ă  considĂ©rer l’expĂ©rience subjective de l’émotion comme un Ă©piphĂ©nomĂšne superflu, dont le rĂŽle n’est pas essentiel dans le processus Ă©motionnel LeDoux, 1996. Les raisons pour lesquelles cette vue est dĂ©cidĂ©ment incorrecte sont exposĂ©es ci-aprĂšs. – Les niveaux de conscience dans l’expĂ©rience subjective 26 L’expĂ©rience consciente a un rĂŽle important dans les Ă©motions. Tout d’abord, sans expĂ©rience consciente il n’y a pas d’action ou mouvement intentionnel spontanĂ© Dehaene & Naccache, 2001 ; Weiskrantz, 1997. Des patients blindsight, c’est-Ă -dire dont la cĂ©citĂ© est due Ă  des sections de la rĂ©tine, peuvent discriminer correctement des stimuli parvenant Ă  ces sections quand on les invite Ă  deviner ce qui pourrait s’y trouver. Il en est de mĂȘme quand la cĂ©citĂ© est causĂ©e par interfĂ©rence par backward masking. Les patients peuvent Ă©ventuellement rĂ©pondre correctement quand on leur demande de deviner. NĂ©anmoins, ces directives sont essentielles, car si on ne lui demande pas de deviner, le sujet n’est pas spontanĂ©ment curieux vis-Ă -vis de ce qu’il ne voit pas. Voir consciemment et ĂȘtre curieux une capacitĂ© de premiĂšre importance, mĂȘme pour une souris ou un merle ! En deuxiĂšme lieu, l’inspection visuelle par le regard prolonge la durĂ©e de rĂ©ception de l’information, la quantitĂ© d’information reçue, et l’étendue des rapports verbaux Ă  autrui Baars, 1997. De plus, en prĂ©sence de stimuli agrĂ©ables ou intĂ©ressants, des actions pour augmenter leur rĂ©ception sont produites, comme quand on fait couler le vin autour de sa langue ou que l’on regarde encore et encore une personne attrayante. Ces actions ne sont pas vaines. Ce sont des actions appelĂ©es mouvements d’acceptation » Frijda, 1986. Elles forment ou renforcent un lien affectif et une inclination Ă  retourner Ă  l’interaction. Ce phĂ©nomĂšne s’observe aux niveaux les plus bas des fonctions cognitives, comme l’enfant sans cortex cĂ©rĂ©bral qui sourit en tenant un bĂ©bĂ© dans ses bras Merker, 2007. Ces enrichissements d’information dans la mĂ©moire ou le souvenir – et les sentiments donc – trouvent probablement leur base dans la rĂ©currence d’activitĂ©s neurales dans les mĂȘmes rĂ©seaux de neurones Edelman & Tonino, 2000 ; Lamme, 2006. Enfin, un dernier argument est celui de la recherche des plaisirs et le fait de prendre le temps et l’initiative de les expĂ©rimenter. Il n’y aurait aucune raison d’entreprendre des activitĂ©s qui procurent du plaisir assister Ă  des spectacles, faire du sport, s’engager dans des interactions amicales si on n’éprouvait aucun sentiment en les pratiquant 
 La raison de ces plaisirs provient de la satisfaction des intĂ©rĂȘts concernĂ©s, lesquels sont dĂ©finis par les Ă©tats du sujet ou du monde en question. L’inverse est vrai pour la douleur. Elle signale l’absence de satisfaction des intĂ©rĂȘts, ou l’entrave Ă  leur satisfaction. Aristote, dans son Éthique Ă  Nicomaque, a prĂ©sentĂ© la raison des sentiments. Son explication reste valable. Les sentiments Ă©lĂ©mentaires – plaisir, douleur, dĂ©sir – forment les moniteurs du fonctionnement du systĂšme animal en gĂ©nĂ©ral, et rĂ©sument le bilan du fonctionnement de toutes les fonctions en cours d’opĂ©ration Frijda, 2007. 27 Le recours au terme consciente » nĂ©cessite quelques prĂ©cisions. L’émotion procĂšde de niveaux de conscience diffĂ©rents Tcherkassof & Mondillon, 2013. Ces niveaux de conscience sont dits anoĂ©tique, noĂ©tique, et autonoĂ©tique Philippot, Douilliez, Baeyens, Francart, & Nef, 2003 [15]. Lorsqu’elle relĂšve d’un niveau de conscience anoĂ©tique, l’émotion n’accĂšde pas Ă  la conscience elle est non consciente. Elle est suscitĂ©e par un antĂ©cĂ©dent non conscient, c’est-Ă -dire que l’évĂ©nement qui cause l’émotion est inconscient. L’émotion est bien prĂ©sente car on en observe l’influence au plan cognitif au niveau du raisonnement, de la catĂ©gorisation, des infĂ©rences, de la prise de dĂ©cision, etc. ; cf. Damasio, 1995, qui a dĂ©montrĂ© le rĂŽle clĂ© des Ă©motions dans les processus de dĂ©cision ; voir aussi Channouf, 2006, pour une revue. De plus, certains de ses composants sont activĂ©s on observe des manifestations physiologiques ou comportementales, par exemple. Cependant, la personne n’est pas capable de verbaliser sa rĂ©action Ă©motionnelle au moment oĂč elle se produit » et ne rapporte aucune expĂ©rience subjective Ă©motionnelle. Ainsi, l’évaluation d’une boisson par des participants qui indiquent ne rien ressentir de particulier mais qui ont Ă©tĂ© soumis Ă  une induction Ă©motionnelle sans qu’ils en soient conscients Ă©tait congruente avec la valence de l’induction Winkielman & Berridge, 2004. L’émotion peut aussi relever d’un niveau de conscience dit noĂ©tique, sorte de conscience Ă©motionnelle phĂ©nomĂ©nologique immĂ©diate et non rĂ©flexive Block, 2007. Par exemple, en matiĂšre de perception visuelle, le piĂ©ton, marchant dans la rue tout en Ă©tant absorbĂ© dans une discussion et pourtant esquivant les obstacles arbres, bancs publics, bornes Ă  incendie, etc., prouve l’existence d’une conscience des obstacles. Toutefois, le piĂ©ton n’a pas conscience de ces obstacles, il n’en prend pas conscience et ne les Ă©vite pas sciemment et sera par exemple incapable de rappeler par la suite les obstacles rencontrĂ©s. Ce type de conscience a Ă©tĂ© dĂ©montrĂ© empiriquement par Dehaene, Changeux, Naccache, Sackur et Sergent 2006. Des Ă©tudes en neuro-imagerie leur ont permis de cerner un Ă©tat d’activitĂ© prĂ©conscient transitoire au cours duquel l’information est potentiellement accessible, sans que le sujet y accĂšde consciemment cf. aussi Lamme, 2006. En matiĂšre Ă©motionnelle, ce niveau de conscience constitue la forme la plus commune de l’expĂ©rience Ă©motionnelle et caractĂ©rise l’expĂ©rience Ă©motionnelle des jeunes enfants notamment. L’expĂ©rience subjective apparaĂźt diffuse et inarticulĂ©e. Elle n’est pas verbalisable. Elle s’apparente, par exemple, Ă  l’expĂ©rience directe du goĂ»t du vin, c’est-Ă -dire qu’elle relĂšve de la seule sensation ou qualia. La personne n’identifie pas l’émotion qui l’affecte, tout comme le piĂ©ton n’identifie pas les obstacles. Elle est immergĂ©e dans son rapport Ă  l’objet ici et maintenant Frijda, 2005. C’est une conscience Ă©motionnelle irrĂ©flĂ©chie dans laquelle la personne et l’objet de l’émotion sont indissolublement unis Sartre, 1939. Un truisme phĂ©nomĂ©nologique caractĂ©rise ce niveau de conscience le monde ne semble pas comme ci ou comme ça ; il est comme ci ou comme ça – vivre dans un enfer oĂč il n’y a aucun moyen de s’échapper. Dans le bonheur, le monde n’apparaĂźt pas comme s’il Ă©tait rempli de gens bons et beaux ; les gens sont bons et beaux. Ce niveau de conscience favorise la mise en Ɠuvre de processus d’attributions afin de donner du sens Ă  ce qui est ressenti Schachter & Singer, 1962 ; Weiner, 1986 faisant alors passer l’expĂ©rience subjective au niveau autonoĂ©tique. La conscience d’ĂȘtre le sujet d’une Ă©motion clairement identifiĂ©e rĂ©sulte de processus autonoĂ©tiques ; c’est lorsque la personne prend conscience qu’elle est dans un Ă©tat Ă©motionnel particulier. Dans ce cas, elle peut verbaliser son Ă©tat Ă©motionnel je suis vraiment trĂšs en colĂšre ». Il s’agit d’une conscience rĂ©flexive dans laquelle l’expĂ©rience Ă©motionnelle est davantage articulĂ©e l’un des ou plusieurs composants de l’émotion devient l’objet de rĂ©flexion. La personne prĂȘte attention Ă  ses propres Ă©tats et les interprĂšte selon la thĂ©orie naĂŻve des Ă©motions Ă  laquelle elle souscrit. Cette thĂ©orie naĂŻve comporte les diffĂ©rents scripts en vigueur dans la culture de la personne et toutes les considĂ©rations de sens commun concernant le rĂŽle des pensĂ©es, des sensations corporelles, des inclinations comportementales, etc., au sujet des Ă©motions. Ainsi, Lambie et Marcel 2002 notent que les expĂ©riences subjectives de peur, d’anxiĂ©tĂ© et de tristesse sont davantage dĂ©crites par les Chinois, comparativement aux AmĂ©ricains blancs de classe moyenne, en termes de sensations corporelles et de concomitants interpersonnels et ne le sont jamais en termes de caractĂ©ristiques intrapsychiques comme des pensĂ©es par exemple. En revanche, les descriptions des Ă©motions que font les Samoans ou les Ifalukiens n’incluent aucune rĂ©fĂ©rence Ă  des corrĂ©lats physiologiques Mesquita & Frijda, 1992. 3. – Les manifestations de l’émotion 28 La notion de disposition Ă  l’action devient plus explicite lorsqu’on examine les actions occasionnĂ©es par des Ă©vĂ©nements Ă©motionnels, et en particulier en examinant les expressions faciales et corporelles. Pour de nombreux auteurs de l’école nĂ©o-darwinienne amĂ©ricaine par exemple Ekman, 1982 ; Tomkins, 1984, l’interprĂ©tation de ces expressions » est souvent celle d’actions de communication servant Ă  informer autrui de son Ă©motion. Mais il est plus appropriĂ© de leur donner une tout autre interprĂ©tation. Il faut considĂ©rer ces mouvements comme des actions, ou parties d’actions, qui servent Ă  Ă©tablir ou modifier une relation avec un objet ClaparĂšde, 1928 ; Dewey, 1894 ; Frijda, 1986 ; Kafka, 1950 ; McDougall, 1923 ; Ribot, 1907 ; Sartre, 1939 ; Wundt, 1900. – L’expression Ă©motionnelle comme attitude relationnelle 29 Les Ă©motions se conçoivent difficilement sans leur dimension expressive. Les actions dĂ©terminĂ©es par les dispositions Ă  l’action montrent que les Ă©motions ne sont pas que des perturbations internes, comme Descartes l’avait bien relevĂ©. Elles reprĂ©sentent des phĂ©nomĂšnes se dĂ©roulant entre un sujet et un objet, qu’il soit rĂ©el ou imaginĂ©. Elles relĂšvent d’attitudes envers cet objet, dans la perspective de Bull 1951 et de Deonna et Teroni 2012, ou de positions adoptĂ©es envers l’objet Frijda, 1953, des attitudes qui peuvent se manifester dans des actions rĂ©elles. Les dispositions ne sont pas des attitudes se dĂ©ployant au sein du sujet. Elles ne se dĂ©ploient pas dans le sujet. Elles se dĂ©ploient entre le sujet et l’objet. On essuie une remarque offensante et on y rĂ©pond par une action destinĂ©e Ă  blesser l’offenseur et Ă  le dĂ©courager de persister dans son action. Les dispositions Ă  l’action instituent un certain type de relation avec l’environnement. C’est pourquoi l’émotion est un processus relationnel. Elle se dĂ©roule entre le sujet et l’objet. Elle est dans cette relation agissante. 30 Le terme expressif » signifie que la comprĂ©hension du comportement implique la comprĂ©hension de la signification du comportement. L’observateur ne perçoit pas le comportement expressif comme un mouvement vain ou insignifiant. Comme l’ont soulignĂ© les approches gibsonienne, mais aussi gestaltistes et phĂ©nomĂ©nologiques, en matiĂšre de perception, la signification est inhĂ©rente au phĂ©nomĂšne expressif. Elles indiquent par lĂ  le caractĂšre sĂ©miotique de la perception, c’est-Ă -dire que ce qui est perçu l’est toujours comme expression qui fait sens » Visetti & Rosenthal, 2006. Tout comportement est porteur de sens, il vĂ©hicule des significations, c’est pourquoi il est dit expressif ». De quelle façon ? Tout d’abord, la Gestalt psychologie a mis en exergue le fait que l’enchaĂźnement des mouvements est pourvu d’organisation unitaire Kölher, 1929. La conduite d’une personne est organisĂ©e de maniĂšre Ă  concorder avec l’organisation de son projet motivationnel en cours. Il y a continuitĂ© de ses intentions. Cette organisation est perçue par autrui, c’est-Ă -dire que le comportement exprime » cette organisation. Les mouvements apparaissent comme un courant cohĂ©rent de faits visuels. Plus prĂ©cisĂ©ment, le comportement expressif se prĂ©sente sous la forme d’un flux continu et, par consĂ©quent, en tant que flux continu, il parvient Ă  l’observateur comme un tout » Toniolo, 2009. Son caractĂšre cinĂ©tique est fondamental la dynamique motrice du comportement expressif participe de son organisation. Toute rupture de continuitĂ© de ce flux, c’est-Ă -dire toute modification du fil » de la conduite, traduit la mise en place d’une nouvelle organisation motivationnelle, d’un nouvel Ă©tat intentionnel. Cette discontinuitĂ© est comprise comme telle par l’observateur. Notons que la discontinuitĂ© ne doit pas seulement ĂȘtre conçue comme un changement brutal ou radical du flux comportemental. La rupture de continuitĂ© se traduit aussi par le changement de rythme et/ou d’intensitĂ©. Lambie et Marcel 2002 Ă©voquent Ă  cet Ă©gard les qualitĂ©s prosodiques » des comportements Ă©motionnels. Comme le souligne Kölher 1929, l’expression Ă©motionnelle partage les caractĂ©ristiques de l’expression musicale. De la mĂȘme façon que les indications de mouvement, de phrasĂ© et de nuance figurant sur la partition permettent Ă  l’interprĂšte de confĂ©rer toute son expression Ă  la musique, mouvement, phrasĂ© et nuance confĂšrent toute son expressivitĂ© au comportement. En musique, le mouvement ou tempo dĂ©signe l’allure Ă  laquelle une mĂ©lodie doit ĂȘtre interprĂ©tĂ©e. Il correspond au rythme de battement de mĂ©tronome allegro animĂ© par exemple. Le phrasĂ©, lui, se rapporte aux fluctuations dynamiques les changements de tempo accelerando par exemple. De mĂȘme, dans le domaine comportemental, le mouvement expressif peut durer ou non, peut apparaĂźtre brusquement ou plus graduellement. Au fur et Ă  mesure que s’installe le souvenir de l’injustice dont elle a Ă©tĂ© victime, la personne marchera avec une vitesse croissante, au rythme de son indignation grandissante. Dans la dynamique musicale, les nuances dĂ©signent la variation d’intensitĂ© d’une note ou d’un accord, d’une phrase, etc. sforzando c’est-Ă -dire accentuation soudaine d’intensitĂ© par exemple. Les termes crescendo et diminuendo correspondent aux changements progressifs d’intensitĂ©. La personne exaspĂ©rĂ©e de devoir rĂ©pĂ©ter sa rĂ©ponse Ă  son auditeur inattentif la criera violemment en derniĂšre instance. Ainsi, les propriĂ©tĂ©s temporelles du mouvement de mĂȘme que celles relatives Ă  ses nuances renvoient au mode intentionnel du comportement expressif. 31 Le caractĂšre intentionnel du comportement expressif renvoie au fait que le comportement est saisi comme interactif. La perception du mouvement est la perception d’une relation [16]. En situation rĂ©elle, l’observateur perçoit le sujet comme se comportant dans un contexte donnĂ© et comme rĂ©agissant Ă  ce contexte c’est-Ă -dire le systĂšme sujet–objet. Aussi le sujet est-il perçu comme interagissant avec son environnement, comme rĂ©pondant activement Ă  quelque Ă©vĂ©nement de son environnement comme prĂȘtant attention Ă  quelque chose, comme ayant un mouvement de recul face Ă  quelque chose 
. Lorsqu’on voit que les yeux d’une personne s’orientent dans une direction particuliĂšre, ce qui se trouve dans cette direction est aussitĂŽt mis en rapport avec ses yeux, son visage et l’ensemble de sa personne. Autrement dit, les traits du visage du sujet et/ou la position des membres de son corps sont pourvus d’un contenu intentionnel. Par exemple, des yeux grands ouverts et des sourcils levĂ©s ne sont pas de simples globes luisants surmontĂ©s d’une touffe de poils. Ils sont pourvus de rĂ©fĂ©rence intentionnelle ces yeux regardent quelque chose ou quelqu’un. Par consĂ©quent, la signification d’un comportement expressif expression faciale ou posturale correspond Ă  son caractĂšre intentionnel », c’est-Ă -dire impliquant une relation entre un sujet et un objet vers lequel le sujet s’oriente. Kölher 1929 souligne que cette mise en relation sujet–objet est l’un des principes perceptifs mis en avant par la Gestalt psychologie le groupement perceptif. Cela est Ă©galement vrai lorsque, par exemple, la personne s’écarte. Ici encore, la rĂ©fĂ©rence Ă  un objet apparaĂźt clairement Ă  l’observateur. Si la personne s’écarte, c’est qu’elle Ă©vite quelque chose. Le sujet est perçu comme rĂ©pondant activement Ă  quelque Ă©vĂ©nement de son environnement et non comme un-individu-exprimant-une-Ă©motion » c’est-Ă -dire comme signalant quelqu’état Ă©motionnel interne. Du reste, la perception de la signification Ă©motionnelle n’est pas d’ordre sĂ©mantique, elle n’implique pas nĂ©cessairement l’attribution d’un Ă©tat interne. Les enfants de quatorze mois donc non verbalisĂ©s de l’étude de Gergely, Bekkering et KirĂĄly 2002 dĂ©gageaient l’intention des actions qu’ils observaient chez des adultes pour Ă©laborer leurs propres actions cf. aussi Rossano, 2012. L’expression perçue ne va donc pas au-delĂ  du fait perceptuel. Comme l’affirme Toniolo 2009, le comportement expressif donne lieu Ă  une connaissance subjective au sens phĂ©nomĂ©nologique du terme. Il parvient Ă  la conscience de celui qui le perçoit comme un donnĂ© immĂ©diat exempt de mĂ©diation conceptuelle ». Ainsi, le visage ou les gestes d’autrui ne sont pas vus comme isolĂ©s mais comme une Gestalt, c’est-Ă -dire une-personne-en-mouvement-dans-une-certaine-situation » et interprĂ©tĂ©e comme telle. L’intentionnalitĂ© qui est, comme on l’a vu plus haut, au cƓur de l’émotion est Ă©galement au cƓur de l’interprĂ©tation de son expression. C’est pourquoi l’on peut avancer que la signification reconnue dans un comportement expressif est la prĂ©paration Ă  l’action du sujet, c’est-Ă -dire la façon dont il se relie ou ne se relie pas Ă  son environnement Ă  un moment donnĂ©. En effet, le comportement expressif est perçu immĂ©diatement dans sa dimension intentionnelle. De fait, lorsqu’on compare le taux reconnaissance d’expressions faciales d’émotions mesurĂ©e soit par l’assignation de modes de dispositions Ă  l’action soit par celle de noms d’émotions, les rĂ©sultats montrent que les taux de reconnaissance sont Ă©quivalents Tcherkassof, 1999 ; Tcherkassof & de Suremain, 2005. La reconnaissance de la signification d’un comportement expressif correspond donc Ă  la reconnaissance de la prĂ©paration du sujet Ă  Ă©tablir une relation avec l’environnement, et surtout Ă  la reconnaissance de la forme de la relation approcher, rejeter, se cacher, se soumettre. De la sorte, Ă©motion et comportement expressif sont Ă©troitement liĂ©s car les Ă©motions, prĂ©cisĂ©ment, sont des dispositions Ă  l’action. 32 Les phĂ©nomĂšnes expressifs les gestes, la dĂ©marche, les jeux de physionomie, le ton de la voix, la prosodie reflĂštent toute la complexitĂ© des dispositions Ă©motionnelles le mĂ©lange d’attrait et de rĂ©pulsion, de curiositĂ© et de mĂ©fiance, une bienveillance mĂȘlĂ©e de froideur, une cordialitĂ© un peu dĂ©daigneuse, etc. On peut rire d’un trait d’humour sans se dĂ©partir tout Ă  fait de son angoisse d’un bilan de santĂ© ; on peut s’attrister du malheur d’autrui sans se dĂ©partir tout Ă  fait de son bonheur d’ĂȘtre enceinte. L’expression Ă©motionnelle peut se comparer Ă  un langage dont les rĂ©flexes, tombĂ©s pour la plupart sous la dĂ©pendance de la volontĂ©, en composeraient le vocabulaire et dont la syntaxe, naturelle chez l’animal, serait chez l’ĂȘtre humain, en grande partie socialisĂ©e. Par exemple, lorsqu’une personne peu ou pas familiĂšre s’approche de lui, l’enfant soit dĂ©tourne son regard, soit s’éloigne, soit se dissimule derriĂšre les jupes de sa mĂšre. DĂšs que l’on cesse de s’occuper de lui, il jette de temps Ă  autre un regard furtif du cĂŽtĂ© de l’intrus. Le sens apparent de cette conduite est trĂšs clair et se perçoit directement ce n’est pas tant une rĂ©action de timiditĂ© ou de peur qu’une rĂ©action de dissimulation. Pour Burloud 1938, il s’agit trĂšs probablement lĂ  d’une rĂ©action instinctive accordĂ©e, dans le passĂ© ancestral, Ă  l’expĂ©rience de longues gĂ©nĂ©rations d’individus qui ont appris Ă  leurs dĂ©pens le danger de se livrer naĂŻvement Ă  autrui, prĂ©dateur en puissance. Ainsi, des correspondances fonctionnelles Ă©tablies par la mĂ©moire, par les habitus et par l’hĂ©rĂ©ditĂ© relient un comportement expressif aux dispositions Ă©motionnelles qu’il manifeste extĂ©rieurement voir aussi Oatley et Jonhson-Laird, 1987. Bien que l’expression Ă©motionnelle puisse se comparer Ă  un langage, les signes qui composent ce langage n’appellent pas une lecture analytique. Les comportements expressifs ne sont pas tout d’abord saisis dans leur morphologie, morphologie qui serait ensuite interprĂ©tĂ©e. Les expressions faciales, par exemple, ne sont pas de simples suites d’unitĂ©s d’actions cf. les Actions Units du FACS d’Ekman et Friesen, 1978 dont la configuration morphologique Ă  un instant t serait le prototype d’une Ă©motion donnĂ©e et par consĂ©quent identifiĂ©e comme telle. Les conduites expressives, expressions faciales comprises, rĂ©organisent le champ de l’observateur et Ă©tablissent une Gestalt, comme la succession de notes de musiques Ă©tablit une mĂ©lodie. C’est pourquoi mĂȘme l’émotion d’expressions inauthentiques » peut malgrĂ© tout ĂȘtre reconnue. Ainsi, Guillaume Duchenne de Boulogne, neurologue du XIXe siĂšcle, explique dans son ouvrage sur l’expression des passions que l’artiste ayant façonnĂ© la fameuse sculpture antique du Laocoon, exposĂ©e au musĂ©e du Vatican, a commis une erreur de modelage puisqu’aucun visage ne saurait exprimer l’expression Ă©motionnelle arborĂ©e. En effet, aucune contraction musculaire ne saurait la produire. Il rectifie la faute » en prĂ©sentant une statue ayant une tĂȘte identique mais dont le visage est modelĂ© en respectant la physiologie des mouvements expressifs de la face. Sa dĂ©monstration prĂȘte Ă  rĂ©flexion bien qu’aucun systĂšme d’analyse objectif ne puisse coder les Ă©lĂ©ments faciaux discordants d’un visage tel que celui du Laocoon, n’importe qui est pourtant en mesure de reconnaĂźtre la douleur morale et le dĂ©sespoir qu’il exprime admirablement 
 – L’émotion un patron de rĂ©ponses multi-componentielles 33 Concevoir l’émotion comme patron de rĂ©ponses multi-componentielles permet de rendre compte de la grande variĂ©tĂ© des manifestations Ă©motionnelles. Dans le langage courant, le mot Ă©motion » est utilisĂ© pour dĂ©signer des rĂ©ponses manifestant l’excitation vigoureuse du systĂšme nerveux autonome et autres mouvements vĂ©hĂ©ments comme des grimaces faciales, gestes prononcĂ©s des mains, gesticulations des bras, courir Ă  toute vitesse, donner des coups de poing, fracasser des plats, crier Ă  voix haute 
 Mais les cinq modalitĂ©s de base peuvent se manifester de façons bien diffĂ©rentes. Il y a autant de manifestations simples et subtiles qu’il y en a de grossiĂšres, amples ou violentes. Certaines peuvent ĂȘtre Ă©laborĂ©es, d’autres fragmentaires un battement de paupiĂšres en rĂ©ponse Ă  une remarque dĂ©nigrante, un froncement des sourcils Ă  peine perceptible lors d’un souvenir douloureux, l’interruption de ses pensĂ©es pour regarder briĂšvement dans le vide, ou un simple regard foudroyant adressĂ© Ă  son contradicteur lors d’une controverse. Le plus dissimulĂ© des composants est celui des rĂ©actions limitĂ©es aux actions neuronales, comme celles observĂ©es et enregistrĂ©es lors des expĂ©riences de Jeannerod 2006, et qui ne se manifestent peut-ĂȘtre que seulement au sujet Ă  travers ses sentiments conscients. L’occurrence d’une Ă©motion peut ne consister qu’en une seule action impulsive, ou en une suite d’actions qui partagent la mĂȘme modification de relation, comme dans une querelle oĂč insultes, reproches, coups et menaces s’enchaĂźnent. Les suites d’actions peuvent manifester une prĂ©sĂ©ance radicale, ou montrer une certaine retenue ou contrĂŽle, celle qui adoucit les reproches et modĂšre la violence ou transforme la brutalitĂ© de l’approche Ă©rotique en la rendant douce et gentille. Les actions peuvent Ă©galement ne consister qu’en une seule fraction d’action, comme les yeux devenant juste humides ou l’attitude du corps seulement un peu tendue. Une expĂ©rience d’émotion peut encore ĂȘtre limitĂ©e Ă  des expĂ©riences conscientes de l’évaluation d’un Ă©vĂ©nement ou d’une disposition Ă  l’action, sans qu’il n’y ait aucune activitĂ© motrice. C’est le cas lors de l’observation attentive des mouvements d’autrui, qui donne lieu aux activitĂ©s de neurones de miroir » Rizzolatti et al., 1999, et lors des Ă©motions raffinĂ©es » Frijda & Sundararajan, 2007, c’est-Ă -dire des Ă©motions entiĂšrement virtuelles, suscitĂ©es lors de l’imagination d’une action ou Ă©voquĂ©es par l’empathie avec une personne perçue ou par une description verbale Frijda, 2013. 34 L’ Ă©motion » peut dĂšs lors ĂȘtre dĂ©finie par des manifestations prononcĂ©es, comme les grandes agitations, autant que par des manifestations bien moins saisissantes voire modestes, mais traduisant toujours l’une des modalitĂ©s de base. Ainsi, certains Ă©pisodes de chagrin sont trop grands pour les larmes ; certaines marques d’amour ne se manifestent que par une caresse fugace ou par une attention et une rĂȘverie que la passion seule peut donner » Madame de La Fayette, La princesse de ClĂšves. Quoi qu’il en soit, le mot Ă©motion » est gĂ©nĂ©ralement rĂ©servĂ© pour les rĂ©ponses multi-componentielles d’une durĂ©e plus ou moins brĂšve – entre quelques secondes et plusieurs jours. C’est la durĂ©e des rĂ©ponses aiguĂ«s telles que les excitations du systĂšme nerveux autonome, les dispositions Ă  l’action et autres engagements interactifs avec un antĂ©cĂ©dent Ă©motionnel. 35 Mais les effets de telles rĂ©ponses ne se limitent pas Ă  leur phase aiguĂ«. Elles laissent des traces cognitives et sociales durables. De fait, un prolongement caractĂ©ristique de tout Ă©pisode Ă©motionnel est le partage social des Ă©motions qui s’en ensuit quasi inĂ©vitablement RimĂ©, 2009. Elles entraĂźnent aussi des changements dans la relation Ă  l’objet. La rencontre avec l’ami avec qui l’on vient de se quereller est dorĂ©navant plus rĂ©servĂ©e. On pourrait appeler ces traces des attitudes affectives latentes ». Le patron d’évaluation prĂ©alable Ă  l’épisode Ă©motionnel est dorĂ©navant modifiĂ©. Ce nouveau patron suscite dĂ©sormais une nouvelle disposition Ă  Ă©prouver certaines Ă©motions – ou attitudes corporelles – envers l’objet. La seule mention du nom de l’ami provoque maintenant une froideur qui n’existait pas avant. 4. – Conclusion 36 La psychologie oscille depuis toujours entre une approche physiologique de l’émotion et une approche intellectualiste, nĂ©gligeant ainsi, dans la vie affective, ce qui est authentiquement affectif. Dans la vie courante, le terme Ă©motion dĂ©signe en premier lieu des phĂ©nomĂšnes expĂ©rientiels extra » ordinaires. Comme l’ont soulignĂ© Aristote ou Descartes, ces phĂ©nomĂšnes sont marquĂ©s par une dimension cinesthĂ©sique qui leur est caractĂ©ristique. En effet, les ressentis Ă©motionnels sont des perceptions de l’engagement dynamique du corps dans l’interaction. Pourtant, la qualitĂ© cinesthĂ©sique des Ă©motions a toujours Ă©tĂ© dĂ©laissĂ©e par la plupart des thĂ©ories psychologiques. Cet article prĂ©sente les arguments plaidant en faveur d’un modĂšle perceptif de l’émotion qui trouve sa place entre une vision naturaliste et une vision intellectualiste. Ce modĂšle perceptif, qui s’inscrit dans une conception relationnelle du concept d’émotion, explicite le lien entre intentionnalitĂ© et phĂ©nomĂ©nologie, deux dimensions des Ă©motions que les thĂ©ories psychologiques ont jusqu’à prĂ©sent peinĂ© Ă  concilier. Il accorde un rĂŽle central Ă  la cinesthĂ©sie, faisant de l’émotion une relation sujet–objet transitoire conçue dans un systĂšme perception–action Warren, 2006. 37 Cette contribution propose ainsi des arguments en faveur de l’idĂ©e que les Ă©motions sont des attitudes corporelles exprimant la relation du sujet Ă  l’objet Ă©motionnel. Ces arguments sont basĂ©s sur les rĂ©centes avancĂ©es des sciences cognitives notamment en matiĂšre de cognition incarnĂ©e. Ces avancĂ©es dictent l’abandon d’une description catĂ©gorielle en faveur d’une description fonctionnelle des Ă©motions. En effet, le recours au concept de fonction » permet de dĂ©laisser celui de substance » auquel Ernst Cassirer 1908 avait recours et Ă  sa suite de nombreux psychologues. La psychologie d’inspiration naturaliste a fait de l’émotion une substance, substance qui saisit » la personne. L’émotion ne saisit pas. Elle n’envahit pas. Elle ne s’installe pas en transit ». L’émotion s’incarne. Elle se matĂ©rialise sous la forme d’une relation Ă  l’objet. L’émotion est l’attitude prise vis-Ă -vis de l’objet qui requiert cette rĂ©ponse, elle est la disposition Ă  l’action requise par l’objet. Les Ă©motions sont ainsi des relations transitoires, ce sont des rapports Ă  l’objet Ă  un moment donnĂ©. L’attitude adoptĂ©e constitue le rapport Ă  l’objet instaurĂ© par la personne. L’attitude est une mise en relation ; et la perception de l’attitude est la perception de cette relation. C’est pourquoi tout comportement a un sens, sens qui est saisi par l’observateur. Le sens n’est pas surajoutĂ© l’enfant qui pleure son doudou perdu n’est pas un enfant qui exprime » sa tristesse », c’est un enfant dĂ©sespĂ©rĂ© par cette perte. La tristesse n’est pas une substance qui viendrait saisir l’enfant et s’exprimer Ă  ses dĂ©pens ». Les pleurs de l’enfant relĂšvent d’une sĂ©miose, c’est-Ă -dire un ensemble signe–contexte–signification » Rosenthal & Visetti, 2010. Le comportement expressif de l’enfant traduit son attitude, sa relation Ă  l’objet, qui est ici une relation de perte. 38 Les avancĂ©es actuelles des sciences cognitives soulignent le soubassement moteur des Ă©motions et Ă©tayent la conception relationnelle prĂ©sentĂ©e ici. L’approche neuro-phĂ©nomĂ©nale soutenue par Northoff 2012, en particulier, Ă©largit le concept de cognition incarnĂ©e en dĂ©fendant l’idĂ©e que les Ă©motions sont constituĂ©es de la relation triadique environnement–corps–cerveau. Les donnĂ©es issues des recherches en neuro-imagerie sur les mĂ©canismes neuronaux sous-tendant les Ă©motions montrent ainsi que la relation entre l’environnement, le corps et le cerveau est constitutive de l’expĂ©rience subjective Ă©motionnelle. De sorte que les diffĂ©rentes Ă©motions ou expĂ©riences subjectives Ă©motionnelles reflĂštent les diffĂ©rentes relations sujet–objet, c’est-Ă -dire les diffĂ©rentes relations au monde du sujet, dont les termes pour les dĂ©signer varient selon les cultures humaines. 39 Ce que le langage courant dĂ©signe par Ă©motion » sont des ensembles de phĂ©nomĂšnes comportementaux et expĂ©rientiels. Dans cet article, les noms d’émotions – joie, tristesse, peur, etc. – pourraient disparaĂźtre. Ce que ces noms du langage courant visent Ă  indiquer est ici remplacĂ© par les modalitĂ©s et fonctions sous-jacentes. Cette approche permet de dĂ©passer la controverse de la dĂ©finition de l’émotion dans laquelle la psychologie s’est longtemps enlisĂ©e. Aucune dĂ©finition ne pourra jamais inclure tous les exemplaires Ă©motionnels, car il est impossible de fournir des descriptions uniformes complĂštes des exemplaires de tristesse », colĂšre », peur », honte », et de leurs Ă©quivalents dans d’autres langages. Il n’est pas possible non plus de fournir des taxonomies exhaustives d’exemplaires discrets. C’est ce qu’ont notamment soulignĂ© Barrett 2006, Russell 2003 et Scherer 2005. Dans la prĂ©sente approche du processus Ă©motionnel, les notions de modalitĂ©s ou de fonctions peuvent ĂȘtre appliquĂ©es Ă  diffĂ©rents niveaux d’analyse, du social au neuronal en passant par le niveau interactionnel. 40 Reçu le 29 mai 2013. 41 RĂ©vision acceptĂ©e le 25 novembre 2013. Notes [1] Remerciements. Les auteurs tiennent Ă  remercier les experts anonymes pour leurs prĂ©cieux commentaires qui leur ont permis d’amender le texte original. Le concept de l'au-delĂ  changea Ă  diffĂ©rentes Ă©poques de la trĂšs longue histoire de l'Égypte, mais la plupart du temps, il Ă©tait imaginĂ© comme un paradis oĂč l'on vivait Ă©ternellement. Pour les Égyptiens, leur pays Ă©tait l'endroit le plus parfait qui avait Ă©tĂ© créé par les dieux pour le bonheur des hommes. La vie aprĂšs la mort Ă©tait donc le reflet de la vie que l'on avait vĂ©cue sur terre, jusque dans les moindres dĂ©tails, la seule diffĂ©rence Ă©tant l'absence de tous les aspects de l'existence que l'on trouvait dĂ©sagrĂ©ables ou douloureux. Une inscription sur la vie aprĂšs la mort dit que l'Ăąme peut Ă©ternellement se promener le long de son ruisseau prĂ©fĂ©rĂ© et s'asseoir sous son sycomore prĂ©fĂ©rĂ©, d'autres montrent des maris et des femmes se retrouvant au paradis et faisant toutes les choses qu'ils faisaient sur terre, comme labourer les champs, rĂ©colter le grain, manger et boire. Antichambre de la tombe de ToutĂąnkhamonPatty CC BY-NC-ND Pour profiter de ce paradis, cependant, il faut disposer des mĂȘmes objets que ceux dont on disposait de son vivant. Les tombes et mĂȘme les plus simples tombes contenaient des objets personnels ainsi que de la nourriture et des boissons pour l'Ăąme dans l'au-delĂ . Ces objets sont connus sous le nom d'"offrandes funĂ©raires" et sont devenus une ressource importante pour les archĂ©ologues modernes qui peuvent ainsi identifier les propriĂ©taires des tombes, les dater et comprendre l'histoire Ă©gyptienne. Bien que certaines personnes considĂšrent cette pratique comme un "pillage de tombe", les archĂ©ologues qui fouillent les tombes de maniĂšre professionnelle assurent aux dĂ©funts leur objectif premier vivre pour toujours et voir leur nom commĂ©morĂ© Ă©ternellement. Selon les croyances des anciens Égyptiens, les objets funĂ©raires placĂ©s dans la tombe auraient rempli leur fonction il y a plusieurs siĂšcles. Nourriture, boisson et chaouabtis Des objets funĂ©raires, en plus ou moins grand nombre et de valeur variable, ont Ă©tĂ© trouvĂ©s dans presque toutes les tombes Ă©gyptiennes qui ne furent pas pillĂ©es dans l'AntiquitĂ©. Les articles que l'on pouvait trouver dans la tombe d'une personne riche Ă©taient similaires Ă  ceux que l'on considĂšre comme prĂ©cieux aujourd'hui des objets d'or et d'argent finement ouvragĂ©s, des jeux de sociĂ©tĂ© en bois fin et en pierre prĂ©cieuse, des lits, des coffres, des chaises, des statues et des vĂȘtements soigneusement ouvragĂ©s. Le plus bel exemple de tombe de pharaon est bien sĂ»r celle du roi Toutankhamon, datant du 14e siĂšcle av. dĂ©couverte par Howard Carter en 1922, mais de nombreuses tombes fouillĂ©es dans toute l'Égypte ancienne tĂ©moignent du statut social de la personne qui y est enterrĂ©e. MĂȘme les plus modeste incluaient des objets funĂ©raires avec le dĂ©funt. Le but premier des objets funĂ©raires n'Ă©tait pas d'afficher le statut de la personne dĂ©cĂ©dĂ©e, mais de fournir aux morts ce dont ils auraient besoin dans l'au-delĂ . Le but premier des objets funĂ©raires n'Ă©tait pas d'afficher le statut du dĂ©funt, mais de fournir aux morts ce dont ils auraient besoin dans l'au-delĂ . Par consĂ©quent, la tombe d'une personne riche contenait plus de biens funĂ©raires - ou quoi que ce soite que cette personne ait apprĂ©ciĂ© dans sa vie - que celle d'une personne plus pauvre. Les aliments prĂ©fĂ©rĂ©s Ă©taient laissĂ©s dans la tombe, comme le pain et les gĂąteaux, mais les survivants Ă©taient censĂ©s faire des offrandes quotidiennes de nourriture et de boisson. Dans les tombes des nobles et des membres de la famille royale, une chapelle d'offrandes Ă©tait incluse oĂč se trouvait la table des offrandes. La famille du dĂ©funt apportait de la nourriture et des boissons dans la chapelle et les dĂ©posait sur la table. L'Ăąme du dĂ©funt absorbait surnaturellement les nutriments des offrandes et retournait ensuite dans l'au-delĂ . Cela permettait aux vivants de se souvenir continuellement du dĂ©funt et de le rendre immortel dans sa prochaine vie. Vous aimez l'Histoire? Abonnez-vous Ă  notre newsletter hebdomadaire gratuite! Si une famille Ă©tait trop occupĂ©e pour se charger des offrandes quotidiennes et qu'elle en avait les moyens, un prĂȘtre connu sous le nom de Hem- ka ou porteur d'eau Ă©tait engagĂ© pour accomplir les rituels. Mais quelle que soit la maniĂšre dont les offrandes Ă©taient faites, il fallait s'en occuper quotidiennement. La cĂ©lĂšbre histoire de Khonsemhab et du fantĂŽme datĂ©e du Nouvel Empire d'Égypte, vers 1570-1069 avant notre Ăšre traite de cette situation prĂ©cise. Dans cette histoire, le fantĂŽme de Nebusemekh revient se plaindre Ă  Khonsemhab, grand prĂȘtre d'Amon, que sa tombe est tombĂ©e en ruine et qu'il a Ă©tĂ© oubliĂ©, de sorte que les offrandes ne sont plus apportĂ©es. Khonsemhab trouve et rĂ©pare la tombe et promet Ă©galement qu'il veillera Ă  ce que des offrandes soient apportĂ©es Ă  partir de maintenant. La fin du manuscrit est perdue, mais on suppose que l'histoire se termine bien pour le fantĂŽme de Nebusemekh. Si une famille oubliait ses devoirs envers l'Ăąme du dĂ©funt, elle pouvait s'attendre, comme Khonsemhab, Ă  ĂȘtre hantĂ©e jusqu'Ă  ce que ce tort soit rĂ©parĂ© et que les offrandes rĂ©guliĂšres de nourriture et de boisson soient rĂ©tablies. La biĂšre Ă©tait la boisson communĂ©ment fournie avec les objets funĂ©raires. En Égypte, la biĂšre Ă©tait la boisson la plus populaire - considĂ©rĂ©e comme la boisson des dieux et l'un de leurs plus grands dons - et constituait un Ă©lĂ©ment de base du rĂ©gime alimentaire Ă©gyptien. Une personne riche comme Toutankhamon Ă©tait enterrĂ©e avec des cruches de biĂšre fraĂźchement brassĂ©e, alors qu'une personne plus pauvre n'aurait pas pu se permettre ce genre de luxe. Les gens Ă©taient souvent payĂ©s en biĂšre, de sorte qu'enterrer une cruche de biĂšre avec un ĂȘtre cher Ă©tait comparable Ă  l'enterrement d'un chĂšque de salaire aujourd'hui. La biĂšre Ă©tait parfois brassĂ©e spĂ©cialement pour les funĂ©railles, car son processus complet de prĂ©paration serait terminĂ© au moment oĂč le cadavre avait subi le processus de momification. AprĂšs les funĂ©railles, une fois la tombe fermĂ©e, les personnes en deuil organisaient un banquet en l'honneur du passage du dĂ©funt du temps Ă  l'Ă©ternitĂ©, et la mĂȘme biĂšre qui avait Ă©tĂ© fabriquĂ©e pour le dĂ©funt Ă©tait dĂ©gustĂ©e par les invitĂ©s, assurant ainsi la communion entre les vivants et les morts. Coffret de chaouabtisOsama Shukir Muhammed Amin Copyright Parmi les objets funĂ©raires les plus importants figurait les chaouabtis la main d'Ɠuvre de l'au-delĂ . Les chaouabtis Ă©taient faites de bois, de pierre ou de faĂŻence et Ă©taient souvent sculptĂ©es Ă  l'effigie du dĂ©funt. Dans la vie, les gens Ă©taient souvent appelĂ©s Ă  accomplir des tĂąches pour le roi, telles que la surveillance ou le travail sur les grands monuments, et ne pouvaient se soustraire Ă  ce devoir que s'ils trouvaient quelqu'un prĂȘt Ă  prendre leur place. MĂȘme ainsi, on ne pouvait pas s'attendre Ă  se soustraire Ă  ses obligations annĂ©e aprĂšs annĂ©e, et il fallait donc une bonne excuse ainsi qu'un travailleur de remplacement. Puisque la vie aprĂšs la mort n'Ă©tait qu'une continuation de la vie prĂ©sente, les gens s'attendaient Ă  ĂȘtre appelĂ©s Ă  travailler pour Osiris dans l'au-delĂ , tout comme ils avaient travaillĂ© pour le roi. Les chaouabtis pouvaient ĂȘtre animĂ©es pour assumer les responsabilitĂ©s de la personne passĂ©e dans le Champ des roseaux. L'Ăąme du dĂ©funt pouvait continuer Ă  lire un bon livre ou Ă  aller Ă  la pĂȘche pendant que les chaouabtis s'occupaient de tout ce qui devait ĂȘtre fait. Cependant, de mĂȘme que l'on ne pouvait pas se soustraire Ă  ses obligations sur terre, les chaouabtis ne pouvaient pas ĂȘtre utilisĂ©es Ă  perpĂ©tuitĂ©. Une chaouabti ne pouvait ĂȘtre utilisĂ©e qu'une fois par an. Les gens commandaient autant de chaouabtis qu'ils pouvaient se le permettre afin d'avoir plus de loisirs dans l'au-delĂ . Des poupĂ©es chaouabtis figurent dans des tombes tout au long de l'histoire de l'Égypte. À la premiĂšre pĂ©riode intermĂ©diaire 2181-2040 av. elles furent produites en masse, comme beaucoup d'autres objets, et on en trouve dĂ©sormais dans les tombes de toutes les classes sociales. Les plus pauvres, bien sĂ»r, ne pouvaient mĂȘme pas s'offrir une poupĂ©e chaouabti gĂ©nĂ©rique, mais ceux qui le pouvaient payaient pour en avoir autant que possible. Une collection de chaouabtis, une pour chaque jour de l'annĂ©e, Ă©tait placĂ©e dans la tombe dans une boĂźte Ă  chaouabtis spĂ©ciale, gĂ©nĂ©ralement peinte et parfois ornĂ©e. Textes religieux et jugement d'Osiris Les textes inscrits sur les murs des tombes et, plus tard, sur des rouleaux de papyrus, fournissaient des instructions sur la maniĂšre d'animer une poupĂ©e chaouabti dans l'au-delĂ  et de naviguer dans le royaume qui attendait aprĂšs la mort. Il s'agit des ouvrages connus aujourd'hui sous le nom de " Textes des pyramides " c. 2400-2300 av. " Textes des sarcophages " c. 2134-2040 av. et "Livre des morts " c. 1550-1070 av. Les textes des pyramides sont les plus anciens textes religieux et Ă©taient Ă©crits sur les murs de la tombe pour rassurer et guider le dĂ©funt. Lorsque le corps d'une personne s'Ă©teignait, l'Ăąme se sentait d'abord piĂ©gĂ©e et dĂ©sorientĂ©e. Les rituels de momification prĂ©paraient l'Ăąme au passage de la vie Ă  la mort, mais elle ne pouvait pas partir tant qu'une cĂ©rĂ©monie funĂ©raire appropriĂ©e n'Ă©tait pas observĂ©e. Lorsque l'Ăąme se rĂ©veillait dans la tombe et se levait de son corps, elle n'avait aucune idĂ©e de l'endroit oĂč elle se trouvait ni de ce qui s'Ă©tait passĂ©. Afin de rassurer et de guider le dĂ©funt, les textes des pyramides et, plus tard, les textes des sarcophages Ă©taient inscrits et peints Ă  l'intĂ©rieur des tombes afin que l'Ăąme se rĂ©veille dans le corps du dĂ©funt et sache oĂč elle se trouvait et oĂč elle devait aller. Ces textes finirent par donner naissance au Livre des morts Ă©gyptien dont le titre actuel est Le Livre pour Sortir au Jour, qui est une sĂ©rie de sorts dont la personne dĂ©cĂ©dĂ©e avait besoin pour naviguer dans l'au-delĂ . Le sort 6 du Livre des morts est une reformulation du sort 472 des Textes des sarcophages qui explique Ă  l'Ăąme comment animer les chaouabtis. Une fois la personne dĂ©cĂ©dĂ©e et l'Ăąme rĂ©veillĂ©e dans la tombe, cette derniĂšre Ă©tait conduite - gĂ©nĂ©ralement par le dieu Anubis mais parfois par d'autres - dans la Salle de la VĂ©ritĂ© Ă©galement connue sous le nom de Salle des Deux VĂ©ritĂ©s oĂč elle Ă©tait jugĂ©e par le grand dieu Osiris. L'Ăąme prononçait alors la Confession nĂ©gative une liste de "pĂ©chĂ©s" dont elle pouvait honnĂȘtement dire qu'ils n'avaient pas Ă©tĂ© commis, comme "je n'ai pas menti, je n'ai pas volĂ©, je n'ai pas fait pleurer quelqu'un Ă  dessein", puis le cƓur de l'Ăąme Ă©tait pesĂ© sur une balance par rapport Ă  la plume blanche de ma'at, le principe d'harmonie et d'Ă©quilibre. PesĂ©e du cƓur, Livre des mortsJon Bodsworth Public Domain Si le cƓur Ă©tait plus lĂ©ger que la plume, l'Ăąme Ă©tait considĂ©rĂ©e comme justifiĂ©e ; si le cƓur Ă©tait plus lourd que la plume, il Ă©tait jetĂ© sur le sol oĂč il Ă©tait dĂ©vorĂ© par le monstre Âmmout, et l'Ăąme cessait alors d'exister. Dans l'Égypte ancienne, il n'y avait pas d'"enfer" pour la punition Ă©ternelle de l'Ăąme ; leur plus grande crainte Ă©tait la non-existence, et c'Ă©tait le sort de quelqu'un qui avait fait le mal ou qui avait dĂ©libĂ©rĂ©ment omis de faire le bien. Si l'Ăąme Ă©tait justifiĂ©e par Osiris, elle poursuivait son chemin. À certaines Ă©poques de l'Égypte, on pensait que l'Ăąme rencontrait alors divers piĂšges et difficultĂ©s qu'elle devait surmonter grĂące aux sorts du Livre des Morts. À la plupart des Ă©poques, cependant, l'Ăąme quittait le Temple de la VĂ©ritĂ© et se rendait sur les rives du Lac des Lys Ă©galement connu sous le nom de Lac des Fleurs oĂč elle rencontrait le passeur perpĂ©tuellement dĂ©sagrĂ©able connu sous le nom de Hraf-hef "Celui qui regarde derriĂšre lui" qui lui faisait traverser le lac Ă  la rame jusqu'au paradis du Champ des Roseaux. Hraf-hef Ă©tait le "test final" car l'Ăąme devait trouver le moyen d'ĂȘtre polie, indulgente et agrĂ©able envers cette personne trĂšs dĂ©sagrĂ©able afin de pouvoir traverser. Une fois le lac traversĂ©, l'Ăąme se retrouvait dans un paradis qui Ă©tait le reflet de la vie sur terre, Ă  l'exception des dĂ©ceptions, des maladies, des pertes et, bien sĂ»r, de la mort. Dans le champ de roseaux, l'Ăąme retrouvait les esprits de ceux qu'elle avait aimĂ©s et qui Ă©taient morts avant elle, son animal de compagnie prĂ©fĂ©rĂ©, sa maison prĂ©fĂ©rĂ©e, son arbre prĂ©fĂ©rĂ©, le ruisseau qu'elle avait l'habitude de longer - tout ce que l'on pensait avoir perdu Ă©tait rendu et, de plus, on vivait Ă©ternellement en prĂ©sence directe des dieux. Les animaux domestiques et la vie aprĂšs la mort Retrouver les ĂȘtres chers et vivre Ă©ternellement avec les dieux Ă©tait l'espoir de l'au-delĂ , mais il en Ă©tait de mĂȘme pour la rencontre avec les animaux domestiques prĂ©fĂ©rĂ©s au paradis. Les animaux domestiques Ă©taient parfois enterrĂ©s dans leurs propres tombes mais, gĂ©nĂ©ralement, avec leur maĂźtre ou leur maĂźtresse. Si l'on avait assez d'argent, on pouvait faire momifier son chat, son chien, sa gazelle, son oiseau, son poisson ou son babouin et l'enterrer Ă  cĂŽtĂ© de son cadavre. Les deux meilleurs exemples sont la grande prĂȘtresse Maatkare Mutemhat C. 1077-943 qui fut enterrĂ©e avec son singe domestique momifiĂ© et la reine Isiemkheb c. 1069-943 av. qui fut enterrĂ©e avec sa gazelle domestique. La momification Ă©tait cependant coĂ»teuse, surtout celle pratiquĂ©e sur ces deux animaux. Ils recevaient un traitement de premier ordre lors de leur momification, ce qui, bien sĂ»r, reprĂ©sentait la richesse de leurs propriĂ©taires. Il existait trois niveaux de momification le haut de gamme, oĂč l'on Ă©tait traitĂ© comme un roi et oĂč l'on recevait une sĂ©pulture Ă  la gloire du dieu Osiris ; le moyen de gamme, oĂč l'on Ă©tait bien traitĂ© mais pas tant que ça ; et le moins cher, oĂč l'on recevait un service minimal en matiĂšre de momification et de sĂ©pulture. Cependant, tous, riches ou pauvres, prĂ©paraient d'une maniĂšre ou d'une autre le cadavre et les objets funĂ©raires pour l'au-delĂ . Momie de chatMary Harrsch Photographed at the Rosicrucian Egyptian Museum, Calif. CC BY-NC-SA Les animaux domestiques Ă©taient trĂšs bien traitĂ©s dans l'Égypte ancienne et Ă©taient reprĂ©sentĂ©s dans les peintures des tombes et les objets funĂ©raires tels que les colliers de chiens. La tombe de Toutankhamon contenait des colliers de chiens en or et des peintures de ses chiens de chasse. Bien que les auteurs modernes affirment souvent que le chien prĂ©fĂ©rĂ© de ToutĂąnkhamon s'appelait Abuwtiyuw et qu'il fut enterrĂ© avec lui, ce n'est pas exact. Abuwtiyuw est le nom d'un chien de l'Ancien Empire d'Égypte qui plaisait tellement au roi qu'il bĂ©nĂ©ficia d'une sĂ©pulture privĂ©e et de tous les rites dus Ă  une personne de noble naissance. L'identitĂ© du roi qui aimait ce chien est inconnue, mais le chien du roi Khoufou ou KhĂ©ops 2589-2566 av. Akbaru, Ă©tait trĂšs admirĂ© par son maĂźtre et enterrĂ© avec lui. Les colliers des chiens, qui indiquaient souvent leur nom, Ă©taient souvent inclus dans les biens funĂ©raires. La tombe du noble Maiherpri, un guerrier qui vĂ©cut sous le rĂšgne de ThoutmĂŽsis III 1458-1425 av. contenait deux colliers de chien en cuir ornĂ©s. Ils Ă©taient teints en rose et dĂ©corĂ©s d'images. L'un d'eux comporte des chevaux et des fleurs de lotus ponctuĂ©s de clous en laiton, tandis que l'autre reprĂ©sente des scĂšnes de chasse et porte le nom du chien, Tantanuit, gravĂ© dessus. Il s'agit de deux des meilleurs exemples du type d'ornementation des colliers de chiens dans l'Égypte ancienne. À l'Ă©poque du Nouvel Empire, en fait, le collier de chien Ă©tait un objet d'art Ă  part entiĂšre, digne d'ĂȘtre portĂ© dans l'au-delĂ  en prĂ©sence des dieux. La vie et l'au-delĂ  en Égypte Au cours de la pĂ©riode du Moyen Empire d'Égypte 2040-1782 av. un changement philosophique important se produisit les gens remirent en question la rĂ©alitĂ© de ce paradis et mirent l'accent sur la nĂ©cessitĂ© de profiter au maximum de la vie, car rien n'existait aprĂšs la mort. Certains chercheurs ont Ă©mis l'hypothĂšse que cette croyance apparut Ă  cause de l'agitation de la premiĂšre pĂ©riode intermĂ©diaire qui prĂ©cĂ©da le Moyen Empire, mais il n'existe aucune preuve convaincante de cette hypothĂšse. Ces thĂ©ories reposent toujours sur l'affirmation que la premiĂšre pĂ©riode intermĂ©diaire en Égypte Ă©tait une pĂ©riode sombre de chaos et de confusion, ce qui n'Ă©tait certainement pas le cas. Les Égyptiens ont toujours mis l'accent sur le fait de vivre pleinement leur vie - leur culture entiĂšre Ă©tait basĂ©e sur la gratitude envers la vie, le fait de profiter de la vie, d'aimer chaque moment de la vie - l'accent mis sur ce point n'Ă©tait donc pas nouveau. Ce qui rend la croyance du Moyen Empire si intĂ©ressante, cependant, c'est son refus de l'immortalitĂ© dans le but de rendre la vie prĂ©sente encore plus prĂ©cieuse. La littĂ©rature du Moyen Empire exprime un manque de croyance dans la vision traditionnelle du paradis, car les personnes du Moyen Empire Ă©taient plus "cosmopolites" qu'Ă  l'Ă©poque prĂ©cĂ©dente et tentaient trĂšs probablement de se distancer de ce qu'ils considĂ©raient comme une "superstition". La premiĂšre pĂ©riode intermĂ©diaire avait Ă©levĂ© les diffĂ©rents districts d'Égypte et rendu leurs expressions artistiques individuelles aussi prĂ©cieuses que l'art et la littĂ©rature imposĂ©s par l'État dans l'Ancien Empire d'Égypte, et les gens se sentaient plus libres d'exprimer leurs opinions personnelles plutĂŽt que de rĂ©pĂ©ter ce qu'on leur avait dit. Ce scepticisme disparut Ă  l'Ă©poque du Nouvel Empire, et - pour l'essentiel - la croyance au paradis du Champ des roseaux resta constante tout au long de l'histoire de l'Égypte. L'une des composantes de cette croyance Ă©tait l'importance des objets funĂ©raires qui devaient servir le dĂ©funt dans l'au-delĂ  aussi bien qu'ils l'avaient fait sur le plan terrestre.

croyance que tout objet a une ame