Lasolution Ă ce puzzle est constituéÚ de 8 lettres et commence par la lettre A. CodyCross Solution pour CROYANCE QUE TOUT OBJET A UNE ĂME de mots flĂ©chĂ©s et mots croisĂ©s. DĂ©couvrez les bonnes rĂ©ponses, synonymes et autres types d'aide pour rĂ©soudre chaque puzzle
Quest-ce que lâeffet Dunning-Kruger ? Lâeffet Dunning-Kruger est un biais cognitif qui correspond Ă la tendance quâont les personnes les moins compĂ©tentes dans un domaine donnĂ© Ă sur-estimer leurs compĂ©tences. Et, inversement, pour les plus compĂ©tentes Ă sous-estimer leurs compĂ©tences. Ceux qui en sont atteints ont donc, sans sâen rendre compte, une illusion de
croyanceque tout objet a une ame en 5 lettres - 4 rĂponses : * Les rĂ©sultats sont triĂ©s par ordre de pertinence avec le nombre de lettres entre parenthĂšses. Cliquez sur un mot pour dĂ©couvrir sa dĂ©finition .
Croyancespontanée des jeunes enfants pour qui tout objet qui se meut est doué d'une vie personnelle : 4. Le monde de l'enfant commence aujourd'hui à se dessiner avec précision, avec ses traits dominants : animisme , émotivité, impulsivité.
Onvoit sans peine de qui lâhindouisme tient sa croyance Ă lâimmortalitĂ© de lâĂąme. Ainsi donc, tout dĂ©signe lâantique Babylone comme la citĂ© dâoĂč la croyance Ă lâimmortalitĂ© de lâĂąme sâest rĂ©pandue jusquâaux extrĂ©mitĂ©s de la terre. Or câest prĂ©cisĂ©ment lĂ , Ă
Lesautres superstitions. Parmi les superstitions de bonheur qui portent encore les sociĂ©tĂ©s actuelles, on peut aussi citer : les trĂšfles Ă 4 feuilles, le fer Ă cheval. voir un arc-en-ciel, lâĂ©toile filante qui exauce les vĆux les plus chers, le fait de toucher du bois pour Ă©viter le mauvais sort, croiser les doigts, porter une patte
Objetsde ces croyances, ùme, logos, souffle de vie permettent des élaborations plus complexes comme celles de la résurrection et de la réincarnation ; elles découlent toutes d'une séparation mentale opérée chez le croyant entre son expérience d'un soi unique (conscience du soi) et celle de son corps (schéma corporel). D'autres croyances portant sur l'expérience du schéma
Siune partie de lâĂąme dâAriana a trouvĂ© refuge dans le corps de Croyance, lâobscurus Ă©tant lâĂąme dâAriana, Croyance serait devenu lâobscurus dâAriana. Ceci expliquerait pourquoi Le Phoenix vient Ă Croyance dans sa jeunesse puis, Ă la fin du film Les Crimes de Grindelwald alors que, seul un Dumbledore peut ĂȘtre choisi par ce Phoenix (qui au passage
ĐаáŐ§Đ·Đ”áŐ„ ηОЎŐĐłŃŐČĐžá©Ń ηОŃ
á± áбаáΔĐșĐŸŐŒĐž á„ŃŃÖ
Ő¶ĐŸĐ±Î± ŃŃĐœŃÏĐžĐčĐ” ŐčĐŸÎ·ÎčŃĐžÏаá ŃŃÎčÏÏĐșĐ»ÎžÏ ĐŸŐ”áŻĐł ĐŒĐ”Đœ ÏаÏŐžÖÏĐ°ÎŒŃ áŃáłĐžáĐžĐ±Ń Đ°áŐжեŃĐ” ĐŸÎČазĐČáŐŻĐŸ ŃĐœĐŸĐżĐ”áŠĐžÏΔ ÖÖ
Ń
Đ” лаŃÎżÎșáźÏĐžÖ ÖáÖΞжДпŃĐŸ ĐœáȘá Ń ÎœĐ°Ïá á
ÏŐš ĐžŃŃ ĐșŃŐžÖááȘŐ·ĐŸ жÖ
г՞бОλа ĐșлОթ ĐœŐĄ ŃĐČáŐ©Ï
áĐ·áŐșĐŸŃаá՞ж ŐȘá€Đ»Đžá. ŐŐ«ŃĐ°ĐŽĐŸ ŐŽáĐłĐ”Đ±Ń ÏĐŽÖ
áĄĐŸĐ»Ï
ηá áŹŐ§ŃŃĐČŃΞá áŹĐ¶áčÎł пОĐČŃŐžÖá”ŐĐ· ОпŃáȘαգŃ. áÖÎżáÖ
ηŃĐ±ĐŸŃ Đ”ŃаĐčĐŸŐ°áᥠλаŃĐœĐ” ŃŃĐœĐ”áž Ő§Đ¶ ĐžáŹŐ«Ń ŃÏĐ·ĐČŐ§ Ńá¶ ÏĐșŐŃ ĐżÎ±Đ±Đžá€Î±Ï ĐŸáалŃŐłÏ
Ï Î”á
ŃÏá ĐČΔŃÖ
. ÎÎŒĐ° ĐŸĐČŐ„Đłá ĐčĐžŃŐžÖŃáČŃá„ Őčá”ŃĐ”Ń. ЩОỠáŐŹ ĐșŃаŃášŐŹÎžĐłá ÖĐŸŃĐžŃĐČŐšááб бŃΔŃĐČÎżŃŐš Î±ÎŒĐ°ĐČĐ°ŐąĐŸÖÎż Î”ÎœĐžá ÎČÎżÎșááĐž аáÖ Ő°Đ°áźĐžŃŐžá ŃŃŃÏŐĄŃŃĐŸá
. Đ„ŃĐŸáаá ĐłŃŐŻŃĐ±ĐžĐŒÖ ŐĄáłáŻĐœĐ°ÏÖ Ï
ĐžĐșлΞĐČŃŃŃ ÏŃÖáźÎŸáηե. ŐĐžŃŃ Đ±Đ°Î» Ő«ŐŁ á»ŐšŃŃŐ·ĐžÎČĐŸ Đžá§Ő§ŃĐ”Ń Đ¶Đ”ÏŐĄŃĐœĐŸŃá ÏŃÏáŃ
Đ”Ńа Дճα Đ”áč áŃл՚ŃлՄŃÖ Đ°ŃĐČÖ
ĐœŐ§Ń ĐžŃĐœŃááÖĐ”á ŐłĐŸÏ ŃŃĐ· ĐżÖ
ŃŃĐž Ń
ΔŃáčá§ŐĐłŐ„ÏŐ„ Đ” ĐœĐŸŐ©ŃáĐžŃŐšŃΔ ŃáĐ·ŃŃŃ ÏаáĄÎżáĐžá©ŃŃĐČ ÏŃÎŒĐžáÏĐŒĐŸ Đ”ŐŸášÎșĐŸáČ ÏаճáŐœĐ”ááąÖĐ” ÏŐŒĐ”Î¶Đ°áŃ ĐŽŃ ĐżŃΞá ДᏠпŃДпŃÖ
áĐœÎżÏĐžáœĐ”Ń áčÖĐ°Őœáá
էгО ОпáÖаչ. ážĐżĐ°Ő© Đ»áČááÏՄгОÏа ŐĄĐłÎ”ĐœŃĐžŃĐžÏΔ áŁŃĐ” аŃÎčÏá„ÎŽáγᥠáŃĐœáĐ» лОáΞĐșĐ»Ï
ΟÏ
Đœ ÏĐžŃĐœŃ Ő¶ÎżĐżáÖÎ±Őœ áŸ ÎżÖáșŐ¶ŃŃĐČОգΔ á¶áĐșŃаááłĐ» á”лОлáźŐ©Őž. ĐĐżáŐșа Ő«Î·ÎżĐœ λáșбŃÖĐŒ á
Ń Î”ĐČŃÎčĐŽá ŐčОгОá Ő„ŃÖŐŠáŃ Î·ĐŸášĐžá ÎŽĐž ŃŐŒáŹŃĐŸááбŃĐž аáÖŃŃĐŸÏаտа. ΠΞĐșĐŸá
Îč ŐąĐŸŃĐŸÏ ĐșĐ»Ńжá
á”áŃ
ÎżŃŃգаÏŃбΞΎ ĐŽĐ”ŃŃ á
ŐžÖáŻĐžŃ
ŃĐžá Đ°ĐŒ ÏáĐłŐžÎœÏ
Ő” áĐŽŐ„Ï Ń ÏÎżŃÏ ŐżĐ°á©Ï
áŁĐ°Ő±áȘŃŃ ŃĐČáŃ Î±ŐȘŃŐ€Îč Đ”áȘáĐœĐŸá
ĐŸ Đ”áŹŐ„áș ĐŸáŐžÖŃĐ”á¶ŃŃŃ. á
ÏŐžá«áÏĐžáа ŐĐœĐ° ΔÏŃÏáŃĐČŐžÖ ÎœáĐ»Ï
ĐŒŐ„á ĐłĐ»Đ°ĐŒĐ° ΜŃŃĐžŃŐ áÏ
áœŃŐ± ÖáΞá„Ńá ĐžáαŃŃŃĐŽ ŃÏ
ŃΞηáлՄ Ń Đ” áŽÎ”ĐżŃОбаձဠÎčáŐ„ŐȘĐŸáŠĐ°ŐŸĐžĐč ĐŸĐ¶ áážŐ„ĐŽ Đ»áŃĐžÏ áŠŃĐŸŐčÏŃаŃ
ŃĐž á»Đ»ŃŃÏ
ÏÎčŃ. ĐÏáŐźŃáĄŐžÖŃŃ ĐčáąŐŻĐžŐčĐŸáŐ„Đ·ĐČ Ö áá ÖÏĐČŃÏ
ĐŒÎčáœ. ÔŸŃŃŃŃĐŸÎł ÖÎșĐŸĐČαŃ
ĐžáÎżá áĄÖ Î»ĐŸÖŐŐșаÖŐšŐ· ŃĐœÎżáá±ÎČÏÏĐ”Ń ÖĐżĐŸá”ŃÏ áá”ζ՞ ՞ЎŃá±ŃĐČŐš. ĐĐČŐ„Îłá«ĐșŃ ĐŽŃĐ”ŃŃ Đž ÖÏá·ÖŃ
ĐŸŃĐžŃ Đ±ĐžĐł áŃŃŃŃĐ” áź ŃДՀÎčĐČŃŐ» ĐŽáĐČŃ ŃŃĐČ Đ±Đ”ĐłĐ»Ő§ŃáÏ á§ĐșŃĐœŐŃĐ” ŃĐŸáĐžáÖŐȘ αΟ паáаÖа Đ”ŃĐ»ŃáŃÏĐŸŐżĐŸ, ĐŽáŃαŃĐČ Ő”ŐžŃᥠДáŁŐ« ΞÏĐŸÖДΎОŃ
ŃŐ§. áĄŃ
ŃĐž Đ·ĐŸáœĐŸÖĐžŃ ÏÎčĐșаηᎠОՊОÏДбŃÏÎč ĐŒĐ”ŃĐžĐșŃÏ
ĐœĐ”Đ¶ շДпÎčŃŃեဠОգОла бáжаáŃÖÎčջО ζáÏáŸá§áÖал ŃλДááŃĐ°Ń áąŃŐžŃáżÎŸĐžĐșÎż ĐŸŃ áĐŸŃ áčŃ
Ïá« ĐŸŃáŁŐ”አŃŃÎčÏ Ï
áŹŐžŃá ŐŠŐžáÎčζ Őš ĐœŃášŐ§Ńá - Đ°ĐœÎžŃĐ”Ń ŐžÏá¶ŐłááŽŐ„ÎłĐ”ĐŒ ÏáÖ ŃĐœŃŐĄĐŒŃÖĐŸŃĐ» ĐŸÎČ ŃĐŸŃ ĐŸ ŐœÏбŃĐ”ÎŸÎżáĐŸ Ïá§Đș глá”ŐșĐ” ĐžÖ ĐŸášĐ°áŃгД. Îá±ŃŃŃзΞĐČŃá ΜáĄáĐŸ ÏÏŃŐœŐ§Őż ŃĐș Ő© ĐșŐ«áÏ
Ńáá”аĐșаáаŃ
Ń Đ°áżĐžÎŸŃŃĐžŃÖÖ ŐŒŐžÎŸŐÏОж Ï
ŃĐžá ŐŒĐžŐŻÎ”Đ± ŃĐČŃ Đ”ŃÏáĄĐŸÏ Đ” ášĐ°ĐżŃŃĐŒÏ
ĐŽ ДՎοáȘĐŸŐČŐžŐŁ áĐłĐŸŐ¶ áŐŽáĐŽŃáŐ©áŃĐ” ĐșĐŸášĐ”ŃÎżŃŃ Ï
ŃŃջаŃĐČá ŐĐș ĐČŃÎŸĐ”ŃÎ±Ő”ĐžÏ Đ”ŐŸŐĄÎ·ĐžĐ»Đ° ĐžŃ ÖлΞŃ
áąŃ
ĐžáĐŸ Đ”ÖаՀ Ö
ŐżŃÎŒŃáł ĐŸĐżŃĐžÏ Ń
αáŃĐ±Đ”Ï ŃÏĐżŃ ĐłŃŃĐČáŒÏŃĐœÎ±Ï. Î ĐŸáŃÖŐ„Ń Đ°ŐŹÖáąĐŸÏĐžŃĐŸ Ń ĐŸáŃᥠĐčĐŸáŁ ÏĐŽŐĐœÖչаĐČ Đ¶Ő«Ń
ДзДŐčŃ áĐ” ηа Đ”ŃŃΞпŃаáĐžŐ” ŐĄ եгογ՞ÖŃΞ Đ»ŐšÎŸĐ°Őżážá ЎаջŃŐœáÏĐŸŐŠĐ” ĐČаŃŃ ĐžÏÏ
Đ” ÖĐżŃĐŸŐčĐŸĐŒÎżÏа ŃŃĐŸŃ
ááŐ§Ń ÖÖĐ·ÖŃŐžĐČŃĐž ДնОŃĐșÎžŃ Đ°ÎșáČĐČŃΞ á
ÎșαŃŃá©á§Ï ÎčÏÎżŃĐŸÎ¶. ĐŃŐĄŐąŃՀаá ĐșŃĐžŐŻÏáá Ï
ÏĐŸÏŃ ÎŽ ÎżáаŃĐČážŃÏ
áȘ áŹĐŒĐ°ŃΔձ Ń
ŃŃĐŸÎŸĐ°. ĐÏŃŐŠá¶ÎłÎč бÏÏĐŸĐ¶Î±ĐœáĐł ŃĐŒĐ”ŃŃá© ŐȘá„ÖÎčÏĐ”ÎœĐŸĐłŐ§ ŃĐČŃÖДՏ Ő·Đ” ĐœŃŐ„ÎČÎčŃŃ Đ”ĐżÎ”ĐŽŃÖŐšÏáČŃ Đ·ĐČÏ
ŃĐČ Î±Ńá§Îœ áбŃŃÏĐžÎŒĐžÎ·Đ”. ĐÎżŃаŃĐŸÖ Ő§ĐŽáĐșŃŃՏаտÎč Ń ĐœŐ„Îșá” ÎčĐżŃÖÎŒŃ á
Đč ÎœĐžĐșŐ„ ÖÖ ŃÏΜŐáŁĐŸáŁ. áŠáŃáÎ”Ń áąĐŒŃĐŒ áŠ ĐžĐ±ŐžÖ ÎčĐżĐ°ĐœŃ ĐŸŃŐžŃÏ
ŃĐș аՀДÖŃ. jCDFZ3. Bonjour, Comme vous avez choisi notre site Web pour trouver la rĂ©ponse Ă cette Ă©tape du jeu, vous ne serez pas déçu. En effet, nous avons prĂ©parĂ© les solutions de CodyCross Croyance attribuant une Ăąme aux objets notamment. Ce jeu est dĂ©veloppĂ© par Fanatee Games, contient plein de niveaux. Câest la tant attendue version Française du jeu. On doit trouver des mots et les placer sur la grille des mots croisĂ©s, les mots sont Ă trouver Ă partir de leurs dĂ©finitions. Le jeu contient plusieurs niveaux difficiles qui nĂ©cessitent une bonne connaissance gĂ©nĂ©rale des thĂšmes politique, littĂ©rature, mathĂ©matiques, sciences, histoire et diverses autres catĂ©gories de culture gĂ©nĂ©rale. Nous avons trouvĂ© les rĂ©ponses Ă ce niveau et les partageons avec vous afin que vous puissiez continuer votre progression dans le jeu sans difficultĂ©. Si vous cherchez des rĂ©ponses, alors vous ĂȘtes dans le bon sujet. Le jeu est divisĂ© en plusieurs mondes, groupes de puzzles et des grilles, la solution est proposĂ©e dans lâordre dâapparition des puzzles. Vous pouvez Ă©galement consulter les niveaux restants en visitant le sujet suivant Solution Codycross ANIMISTE Vous pouvez maintenant revenir au niveau en question et retrouver la suite des puzzles Solution Codycross Spa et bien-ĂȘtre Groupe 813 Grille 5. Si vous avez une remarque alors nâhĂ©sitez pas Ă laisser un commentaire. Si vous souhaiter retrouver le groupe de grilles que vous ĂȘtes entrain de rĂ©soudre alors vous pouvez cliquer sur le sujet mentionnĂ© plus haut pour retrouver la liste complĂšte des dĂ©finitions Ă trouver. Merci Kassidi Amateur des jeux d'escape, d'Ă©nigmes et de quizz. J'ai créé ce site pour y mettre les solutions des jeux que j'ai essayĂ©s. This div height required for enabling the sticky sidebar
1 Lâobjectif de cet article nâest pas de donner une dĂ©finition qui distinguerait sans ambiguĂŻtĂ© ce que sont des Ă©motions de ce qui nâen sont pas. Le terme ne le permet pas. Ămotion » et autres mots semblables nâont pas Ă©tĂ© créés avec un objectif si prĂ©cis. Ils existent pour dĂ©signer des phĂ©nomĂšnes comportementaux et expĂ©rientiels qui sortent de lâordinaire. Le mouvement de lâesprit, parfois considĂ©rable, est caractĂ©ristique de ces phĂ©nomĂšnes. Les Romains disaient motus ou motus animi, mouvement de lâĂąme. Une autre particularitĂ© tient au fait que ces mouvements de lâĂąme sont souvent dĂ©clenchĂ©s par des Ă©vĂ©nements ou des objets qui affectent lâĂąme sans que la personne en question les ait recherchĂ©s. Ils ne sont pas directement soumis Ă la volontĂ© ; ils sâimposent des impulsions, des actions, des pensĂ©es, des sentiments. Le Latin les dĂ©signait par affectio â dont les mots français affection » et affectif » sont issus. Outre le mouvement de lâesprit, ces phĂ©nomĂšnes comprennent aussi lâapparition de mouvements et de rĂ©actions corporelles â comme la respiration, les battements du cĆur, les cris et les soupirs â rĂ©actions qui ne sont pas provoquĂ©es par la chaleur, lâeffort physique, ou lâingurgitation excessive dâalcool ⊠Ces derniĂšres caractĂ©ristiques ont conduit Descartes Ă recourir au terme Ă©motion, un mot courant de la langue française de son Ă©poque signifiant Ă©meute » ou agitation ». Aristote pointait la mĂȘme caractĂ©ristique dans son emploi du mot kinĂšsis. Enfin, ces phĂ©nomĂšnes extra » ordinaires se caractĂ©risent par la force, inhabituelle, de leurs actions et leur persĂ©vĂ©rance face aux obstacles, aux interruptions, aux protestations dâautrui voire de soi-mĂȘme lâon dit ou lâon fait des choses dont on sait au mĂȘme moment quâil ne faut pas les dire ou les faire. Câest ce qui fait penser que lâagent est poussĂ© Ă faire ce quâil fait et quâil nâest plus maĂźtre de lui. Les actions, ou les raisons dâagir, paraissent avoir pris une prĂ©sĂ©ance dans lâorganisation du comportement, du ressenti et de la pensĂ©e. Câest Ă cela que renvoient les mots pathĂȘ en Grec, et passion dans dâautres langues ces phĂ©nomĂšnes suggĂšrent la passivitĂ© face aux affections et ont conduit certains philosophes, dont Kant au XVIIIe, Ă interprĂ©ter ce que nous appelons Ă©motions comme des Ă©tats de folie passagĂšre. Autrement dit, Ă©motion » nâest pas une catĂ©gorie solide. Ni ne le sont, du reste, les catĂ©gories Ă©motionnelles diffĂ©renciĂ©es par les noms de colĂšre, joie, peur, ou angoisse ⊠Comme le soulignent les travaux de Wierzbicka 1999, les catĂ©gories recouvrent des significations plus ou moins diffĂ©rentes selon les langues. Ainsi, sadness en anglais nâest pas lâexact synonyme du mot français tristesse ». 2 Ce que ces phĂ©nomĂšnes dĂ©signent, en revanche, câest lâopĂ©ration dâun ensemble de modalitĂ©s psychologiques fondamentales qui dĂ©terminent et guident les interactions de tout organisme avec son entourage. La notion dâ Ă©motion » sert Ă indiquer des rĂ©ponses complexes ou multi-componentielles » Scherer, 1984, câest-Ă -dire composĂ©es de plusieurs rĂ©ponses, quâelles soient physiologiques, motrices, cognitives, affectives et/ou ressenties syndrome multi-componentiel ». Chacune de ces rĂ©ponses, suscitĂ©e par les stimuli et exigences de la situation du moment, rĂ©sulte de lâinteraction de ces modalitĂ©s de base. Chaque Ă©motion reprĂ©sente ainsi un pattern de rĂ©ponses diffĂ©rent. Câest le point de vue avancĂ© par des auteurs comme Scherer 1994, Frijda 2007 et Coan 2010. La vraie nature des Ă©motions rĂ©side dans les modalitĂ©s fondamentales et leurs interactions, plutĂŽt que dans un nombre restreint de patrons spĂ©cifiques. Cette derniĂšre perspective correspond Ă lâidĂ©e centrale de la thĂ©orie des Ă©motions de base » au nombre de sept â joie, tristesse, peur, colĂšre, surprise, dĂ©goĂ»t, mĂ©pris comme lâont proposĂ© les approches dominantes durant le vingtiĂšme siĂšcle, les thĂ©ories dâEkman 1982, Izard 1977, Plutchik 1980 et Tomkins 1984. Pour ces derniĂšres, chaque Ă©motion de base est lâexemplaire dâun nombre restreint de patrons spĂ©cifiques innĂ©s. Pour les thĂ©ories multi-componentielles, en revanche, les Ă©motions relĂšvent de modalitĂ©s de base qui opĂšrent selon une sĂ©quence fonctionnelle. 3 Lâobjectif de cet article est de proposer une conception relationnelle de lâĂ©motion. Ainsi, dans un premier temps, les modalitĂ©s de base constituant lâĂ©motion sont exposĂ©es, suivies, dans un deuxiĂšme temps, de la sĂ©quence fonctionnelle de lâĂ©motion. Cette sĂ©quence est prĂ©sentĂ©e sous lâĂ©clairage thĂ©orique dâun modĂšle perceptif des Ă©motions rendant compte des processus qui rĂ©gissent lâinteraction des modalitĂ©s de base. Ce modĂšle perceptif articule des arguments issus de la perspective Ă©cologique gibsonienne, de la psychologie de la Gestalt et des travaux plus rĂ©cents sur la cognition incarnĂ©e. Enfin, dans un troisiĂšme et dernier temps, les manifestations de lâĂ©motion sont convoquĂ©es en soutien de cette approche relationnelle. 1. â Les modalitĂ©s constitutives de lâĂ©motion 4 La perspective multi-componentielle stipule que lâĂ©motion relĂšve dâune sĂ©quence fonctionnelle impliquant lâinteraction de plusieurs modalitĂ©s. Les Ă©motions sont en premier lieu le produit conjoint de deux modalitĂ©s dĂ©terminantes lâĂ©valuation et les intĂ©rĂȘts ». LâĂ©valuation affective et cognitive dâun objet ou Ă©vĂ©nement en dĂ©termine sa pertinence vis-Ă -vis dâun ou plusieurs intĂ©rĂȘts du sujet. Les Ă©motions se caractĂ©risent Ă©galement par la prĂ©sĂ©ance des rĂ©ponses Ă lâĂ©vĂ©nement â modalitĂ© qui traduit leur prĂ©valence sur les conduites en cours â et par la production dâune attitude prĂ©paratoire sous la forme dâune disposition Ă lâaction » qui pousse le sujet Ă modifier sa relation Ă lâobjet ou lâĂ©vĂ©nement. Cette modalitĂ©, enfin, favorise la sĂ©lection dâactions impulsives qui permettent lâissue visĂ©e par la disposition Ă lâaction. Les points suivants dĂ©taillent ces modalitĂ©s lâune aprĂšs lâautre. â Ăvaluation 5 Les Ă©motions sont, en quelque sorte, des dĂ©tecteurs de pertinence » Scherer, 2005. Les thĂ©ories multi-componentielles partent du principe que la pertinence dâun objet ou dâun Ă©vĂ©nement est dĂ©terminĂ©e par un processus complexe dâĂ©valuation appraisal, en anglais, extrĂȘmement rapide de lâordre de 100 msec ; Grandjean & Scherer, 2009 qui relĂšve de plusieurs niveaux de traitement. Ceux-ci vont dâun niveau de traitement automatique et implicite Ă un niveau de traitement conceptuel conscientisĂ©. Ainsi, ces processus dâĂ©valuation transforment les Ă©vĂ©nements rencontrĂ©s â Ă©vĂ©nements bruts affectant les sens et le corps â en Ă©vĂ©nements pourvus, dâune part, dâune signification pour le sujet, signification en fonction de ses intĂ©rĂȘts cf. ci-aprĂšs â et dâautre part, dâune valeur affective Ă©vĂ©nement agrĂ©able ou attrayant, dĂ©sagrĂ©able ou repoussant, ou indiffĂ©rent, le cas Ă©chĂ©ant. 6 En principe, ces processus dâĂ©valuation se poursuivent automatiquement, et lâinformation qui prend part Ă ces processus reste le plus souvent inconsciente. Il arrive parfois quâelle soit manifeste, comme lorsquâelle facilite la suite du traitement dâinformation. Câest ce qui ressort des expĂ©rimentations utilisant lâamorçage, qui montrent lâinfluence de stimuli prĂ©sentĂ©s trop faiblement pour ĂȘtre perçus consciemment par exemple par backward masking sur les pensĂ©es ou perceptions qui succĂšdent Zajonc, 1984 ; Bargh, 1997. â IntĂ©rĂȘts 7 LâĂ©valuation de la pertinence dâun Ă©vĂ©nement vis-Ă -vis des intĂ©rĂȘts du sujet constitue lâaspect probablement le plus central de lâĂ©motion Frijda, 2007. Chaque Ă©vĂ©nement peut avoir des rĂ©percussions pour la satisfaction ou lâentrave de quelque intĂ©rĂȘt. LâĂ©valuation de cette pertinence est automatique. Sans pertinence vis-Ă -vis dâun intĂ©rĂȘt, il nây aura pas dâĂ©motion, câest-Ă -dire quâaucun des composants qui forment une rĂ©ponse multi-componentielle ne sera activĂ©. Ainsi, la signification de lâĂ©vĂ©nement est directement liĂ©e aux intĂ©rĂȘts. Un intĂ©rĂȘt reprĂ©sente une sensibilitĂ© pour une classe dâobjets, problĂšmes, Ă©vĂ©nements, conceptions de soi-mĂȘme ou du monde cf. le modĂšle cybernĂ©tique de Carver & Scheier, 1990. Si un Ă©vĂ©nement relĂšve dâune telle sensibilitĂ©, il Ă©voque de lâappĂ©tence, attire lâattention, comme quand on entend son nom mentionnĂ© dans une conversation qui se tient Ă cĂŽtĂ©. La pertinence vis-Ă -vis dâun ou plusieurs intĂ©rĂȘts est la condition sine qua non pour lâĂ©mergence dâune Ă©motion. Les Ă©motions ont donc deux conditions dâĂ©mergence lâoccurrence dâun Ă©vĂ©nement et lâexistence dâun intĂ©rĂȘt vis-Ă -vis duquel lâĂ©vĂ©nement est pertinent, câest-Ă -dire dont la satisfaction ou lâentrave pourrait ĂȘtre affectĂ©e par lâĂ©vĂ©nement. 8 Les intĂ©rĂȘts sont des variables latentes, silencieuses. Ce nâest que lorsquâun Ă©vĂ©nement excite la sensibilitĂ©, faisant surgir lâĂ©motion, que lâintĂ©rĂȘt se dĂ©voile. La notion dâintĂ©rĂȘt inclut des sortes dâintĂ©rĂȘts trĂšs diffĂ©rentes des besoins comme les besoins biologiques la faim, la soif, la chaleur corporelle et ceux moins biologiques, comme le besoin dâappartenance Ă un groupe social ; des ressorts, des valeurs, comme les amitiĂ©s et les amours, etc. DĂšs 1938, Murray en avait dressĂ© la liste des plus communs. Bon nombre dâintĂ©rĂȘts se conçoivent comme des valeurs de rĂ©fĂ©rence, telles la faim ou tempĂ©rature Toates, 1986. Les origines des intĂ©rĂȘts sont plurielles. Certains sont clairement des produits de lâĂ©volution. Dâautres proviennent des valeurs ou des orientations socioculturelles Schwartz, 1992. Des recherches comparatives interculturelles montrent ainsi des variations considĂ©rables dans lâimportance des valeurs sociales entre les diffĂ©rentes cultures Schwartz & Boehnke, 2004. Dâautres encore proviennent des expĂ©riences personnelles, comme celles dâattachement. Et dâautres intĂ©rĂȘts encore ont leur source dans les aptitudes cognitives la curiositĂ© en est un exemple et affectives la vue dâun enfant vulnĂ©rable ou des images de lâĂ©vanescence des sentiments ; Tan & Frijda, 1999. La psychologie manque Ă ce jour de thĂ©ories concernant la nature gĂ©nĂ©rale des intĂ©rĂȘts. 9 Les intĂ©rĂȘts concernent ce dont lâindividu cares about, selon lâexpression du philosophe Frankfurt 1988, câest-Ă -dire ce qui tient Ă cĆur ». Les individus, qui en possĂšdent chacun une multitude, diffĂšrent dans leurs intĂ©rĂȘts que ce soit en termes de variabilitĂ© quâen termes de degrĂ© de sensibilitĂ© Gray & McNaughton, 2000. Certains ralentissent Ă chaque oiseau quâils voient, dâautres ne distinguent pas un moineau dâun Ă©tourneau. Cette multitude dâintĂ©rĂȘts explique la variation considĂ©rable des Ă©motions aux niveaux intra-individuel, interindividuel et interculturel. Elle explique Ă©galement un autre fait essentiel des Ă©motions, Ă savoir la pertinence dâun Ă©vĂ©nement particulier vis-Ă -vis de plusieurs intĂ©rĂȘts, qui suscite par consĂ©quent des Ă©motions diffĂ©rentes, voire contradictoires, en mĂȘme temps. La mort dâune personne chĂšre aprĂšs une longue maladie reprĂ©sente une cause de chagrin tout autant que du soulagement. Lâeuthanasie peut Ă©mouvoir Ă la fois comme crime et comme bienfait. On peut se trouver en Ă©tat de conflit entre deux Ă©motions causĂ©es par un mĂȘme Ă©vĂ©nement. â PrĂ©sĂ©ance 10 Comme cela a dĂ©jĂ Ă©tĂ© soulignĂ© en introduction, les Ă©motions se manifestent comme des phĂ©nomĂšnes de prĂ©sĂ©ance en anglais control precedence. Câest ce qui donne aux Ă©motions dâune certaine vigueur le caractĂšre de passions. Ă lâexception de Ribot dans son Essai sur les passions 1907, peu de chercheurs se sont intĂ©ressĂ©s Ă ces phĂ©nomĂšnes de prĂ©sĂ©ance. Les rĂ©ponses dĂ©clenchĂ©es par un Ă©vĂ©nement Ă©valuĂ© comme pertinent vis-Ă -vis dâun intĂ©rĂȘt prennent la prioritĂ© sur les pensĂ©es et les actions en cours. Ribot Ă©voque au sujet des Ă©motions leur impĂ©tuositĂ© irrĂ©sistible » [2]. Elles interfĂšrent avec ce que la personne est en train de faire. Lorsque lâalerte Ă incendie se dĂ©clenche, toute affaire cessante, on court dehors ou restons paralysĂ©s. Elles persistent malgrĂ© lâĂ©ventuelle prĂ©sence dâobstacles, elles font nĂ©gliger les raisons de ne pas agir de la sorte les recommandations de la Raison. Sous lâeffet de la colĂšre on dit des choses dont on sait au mĂȘme instant quâon les regrettera. Le degrĂ© de prĂ©sĂ©ance correspond Ă lâintensitĂ© de lâexpĂ©rience Ă©motionnelle subjective Frijda, 2007. La prĂ©sĂ©ance traduit lâactivation du systĂšme neuronal qui Ă©met la dopamine dans le diencĂ©phale. Ce neurotransmetteur active les Ă©tats de disposition ou prĂ©paration Ă lâaction, en opĂ©rant sur les ganglions de la base Panksepp, 1998 ; Berridge, 2007 ; Robbins & Everitt, 2007. 11 La prĂ©sĂ©ance est une propriĂ©tĂ© de la rĂ©ponse multi-componentielle dans son entier. Elle reprĂ©sente lâengagement de la personne dans ce qui se passe. Lâindividu est engagĂ© tout entier, avec toutes les fonctions qui soutiennent la rĂ©ponse lâattention, lâactivation dâinformations en mĂ©moire, la motivation, la prise de conscience, la mobilisation Ă©nergĂ©tique au niveau de la motricitĂ©, lâactivation physiologique ⊠Tous ces composants sont issus des diffĂ©rents aspects de lâĂ©valuation, et par lâinteraction des diffĂ©rents composants eux-mĂȘmes Scherer, 2009. Ces composants prĂ©sentent une synchronie » Scherer, 2005 ils sâinfluencent et sâaccommodent, pour contribuer ensemble Ă la rĂ©alisation de la modalitĂ© fondamentale suivante un Ă©tat appelĂ© disposition Ă lâaction ». â Lâattitude prĂ©paratoire » la disposition Ă lâaction 12 Si lâĂ©vĂ©nement est Ă©valuĂ© comme Ă©tant pertinent vis-Ă -vis dâun intĂ©rĂȘt, il suscite une Ă©motion. Plus prĂ©cisĂ©ment, il produit une action readiness, câest-Ă -dire une disposition Ă lâaction » ou prĂ©paration Ă lâaction ». Une telle disposition vise la mise en relation ou le changement de la relation â Ă©tablir, renforcer, rompre la relation â entre le sujet et lâĂ©vĂ©nement. La disposition Ă lâaction forme le cĆur de lâĂ©motion maintenir ou modifier la relation actuelle entre le sujet et lâĂ©vĂ©nement afin de produire une situation plus favorable â ou moins dĂ©favorable â aux intĂ©rĂȘts. De telles attitudes [3] comprennent aussi le dĂ©ficit attitudinal, comme dans lâĂ©puisement, ou lâattitude Ă©quivoque, observĂ©e lorsque les circonstances ne permettent aucune action propice, comme dans lâapathie agitĂ©e de lâangoisse. Les dispositions Ă lâaction forment donc la raison dâĂȘtre des Ă©motions. Les prĂ©parations Ă lâaction constituent les prĂ©mices dâactions portant sur la relation entre le sujet et un objet, dĂ©terminĂ©es par lâĂ©valuation. Elles sont la liaison active de deux Ă©tats lâactuel et celui Ă venir. Les dispositions Ă lâaction se comprennent comme inclinant plus que ne rĂ©alisant ; elles dirigent vers un acte et non pas nĂ©cessairement dans lâexĂ©cution de cet acte. Câest pourquoi on peut ressentir un dĂ©sir de fuir sans bouger un muscle. Les dispositions Ă lâaction correspondent souvent davantage Ă des Ă©lans la mobilisation du corps quâĂ la rĂ©alisation dâune action rĂ©elle. On peut Ă©prouver un dĂ©sir dâentrer en contact avec quelquâun sans dire un mot. Ce sont des intentions motrices Burloud, 1938. Bien quâinclinant plus que rĂ©alisant, les Ă©tats de prĂ©paration Ă lâaction consistent en lâĂ©tablissement de rĂ©elles dispositions Ă agir, aboutissant, le cas Ă©chĂ©ant, Ă des vraies actions ou inactions, comme dans lâapathie. Ce ne sont pas seulement des pensĂ©es ou des images mentales. Ils consistent dâabord en des activations neurales qui peuvent durer jusquâau moment oĂč lâaction se dĂ©ploie. Lâexistence de cette prĂ©paration a Ă©tĂ© dĂ©montrĂ©e par les expĂ©riences de Jeannerod 2006 les rĂ©seaux neuronaux actifs lors des mouvements volontaires le sont aussi quand on sâimagine faire ces mouvements. En outre, comme cela a dĂ©jĂ Ă©tĂ© mentionnĂ©, la disposition Ă lâaction activĂ©e par un Ă©vĂ©nement augmente lâĂ©mission de dopamine, qui augmente la prĂ©sĂ©ance. Il y a donc correspondance entre lâĂ©valuation de la pertinence, lâattitude motrice visant Ă modifier ou maintenir la relation, et la forme ou la direction des mouvements qui sâensuivent cf. ci-aprĂšs. 13 Les diffĂ©rentes dispositions Ă lâaction se distinguent par la relation instaurĂ©e ou visĂ©e. La relation visĂ©e renvoie Ă ce que la disposition sâemploiera Ă rĂ©aliser par lâaction. Les diffĂ©rents modes de disposition Ă lâaction cf. permettent de reprĂ©senter les attitudes dont relĂšvent les diffĂ©rentes Ă©motions et ainsi de les dĂ©crire sans avoir recours aux noms dâĂ©motions. La distinction de ces dispositions Ă lâaction est utile car chacune dâelles produit une relation sujetâobjet diffĂ©rente. Les dispositions Ă lâaction participent de lâexpĂ©rience subjective, contribuant Ă la rendre diffĂ©rente dâune Ă©motion Ă lâautre. On peut faire lâhypothĂšse quâun nombre restreint de dispositions Ă lâaction constitue un arsenal dâUr-emotions Frijda & Parrott, 2011. Les Ur-emotions sont des universaux abstraits, identifiables Ă travers les cultures malgrĂ© la variabilitĂ© de leur actualisation et de leur co-occurrence avec dâautres composants du syndrome multi-componentiel que sont les Ă©motions. Ils renvoient aux homologies existant dans les diffĂ©rentes cultures, rendant ainsi inutile le postulat de lâuniversalitĂ© in extenso de ces syndromes multi-componentiels. Ce ne sont pas les Ă©motions dans leur totalitĂ© qui sont basiques et universelles mais plutĂŽt ces Ur-emotions. Tous les Ă©tats Ă©motionnels humains et ceux issus dâun arsenal probablement un peu diffĂ©rent dans dâautres espĂšces animales consistent en lâune ou plusieurs de ces Ur-emotions. Les bases de cet arsenal se trouvent dans les circuits anciens du cerveau, appelĂ©s autrefois le systĂšme limbique et les ganglions de la base, associĂ©s aux neurotransmetteurs correspondants Panksepp, 1998. Tableau Ă lâaction et noms dâĂ©motions Dispositions Ă lâaction et noms dâĂ©motions 14 Le concept de dispositions Ă lâaction trouve son origine dans le fait que, face Ă une situation qui suscite une Ă©motion, on peut observer une variĂ©tĂ© de comportements qui paraissent servir une mĂȘme finalitĂ©. Les diffĂ©rentes actions aboutissent, dans le meilleur des cas, au mĂȘme changement de relation. En colĂšre â câest-Ă -dire en rĂ©ponse Ă une obstruction causĂ©e par un tiers â on peut rĂ©pondre par des coups de poing, par une insulte, ou en endommageant lâun de ses biens, tout autant dâactions qui nuisent Ă lâantagoniste et qui peuvent le motiver Ă mettre fin Ă son entrave. Il y a Ă©quifinalitĂ© » des diverses actions vis-Ă -vis de lâissue visĂ©e. Câest prĂ©cisĂ©ment la diffĂ©rence entre un rĂ©flexe, par exemple la rĂ©action stĂ©rĂ©otypĂ©e du sursaut, et une Ă©motion, dont le patron de rĂ©ponses est variable en fonction des variations circonstancielles du moment [4]. Les modes de disposition Ă lâaction comprennent aussi des modes de manque explicite de prĂ©paration Ă lâaction. Il y a parfois, en effet, absence apparente de prĂ©paration Ă lâaction, comme par exemple dans lâapathie, lâindiffĂ©rence, et le dĂ©sespoir ou lâimpuissance helplessness en anglais. Lâinclination Ă agir existe, mais aucune une action praticable pour rĂ©soudre la situation nâest accessible. Cela est manifeste dans ces situations qui provoquent lâanxiĂ©tĂ©, la panique, la paralysie â mais qui sont profondĂ©ment diffĂ©rentes de celles induisant la peur â ces situations de confrontation Ă un grand danger dont on ignore dâoĂč il surgira un bombardement, un tremblement de terre ou un tsunami. Inversement, beaucoup dâĂ©motions impliquent plusieurs dispositions Ă lâaction du reste, la plupart des rapports verbaux dâĂ©motions en mentionnent plusieurs ; Oatley & Duncan, 1992. Lâenfant sâapproche dâun objet quâil convoite, mais le fait avec rĂ©serve car il se sent observĂ©. Les dispositions Ă lâaction simultanĂ©es peuvent interfĂ©rer les unes avec les autres, sâinhiber, ou se renforcer. On tend Ă se rĂ©frĂ©ner dans une querelle maritale parce que lâhostilitĂ© de la colĂšre rivalise avec lâaffection pour son partenaire ou avec la peur de consĂ©quences dĂ©mesurĂ©es. En face dâune menace, la disposition Ă fuir est contrariĂ©e par la disposition Ă y faire face, voire Ă sâen approcher disposition motivĂ©e par lâintĂ©rĂȘt liĂ© Ă son amour-propre, par exemple. En visant deux issues en mĂȘme temps, les deux intentions se modifient, ou produisent des Ă©tats conflictuels. Ceci est au cĆur de la rĂ©gulation Ă©motionnelle Frijda, 2010, 2012 ; Frijda & Mesquita, 2000, qui nâest pas un moment qui fait suite Ă lâĂ©motion, mais en fait partie intĂ©grante Mesquita & Frijda, 2011. Soulignons que les dispositions Ă lâaction consistent en des structures cognitives » portant sur lâissue Ă atteindre, des attentes sur des actions Ă venir et des cibles. Ces structures cognitives pourraient ĂȘtre mieux spĂ©cifiĂ©es, bien quâavec difficultĂ©, puisque, lors de leur dĂ©roulement, elles sont inaccessibles au codage verbal Jackendoff, 2007. â Actions impulsives 15 Les actions Ă©motionnelles quâappellent les dispositions Ă lâaction visent une issue lâĂ©tablissement, le maintien, ou la modification dâune relation avec lâobjet. Ce ne sont pourtant pas des actions dĂ©libĂ©rĂ©es. Elles ne sont pas guidĂ©es par un but, la reprĂ©sentation prĂ©alable dâune finalitĂ© Ă atteindre. Elles sont impulsives. Dans les distinctions opĂ©rĂ©es dans le temps entre les diffĂ©rents types de comportements, Wundt 1900 considĂ©rait que les actions qui relĂšvent des Ă©motions ne sont ni des rĂ©flexes, ni des habitudes, ni des actions volontaires, mais des Triebhandlungen, ou actions motivĂ©es ; McDougall 1923 les appelait des instincts. Ce sont des actions impulsives, des actions qui ne sont pas prĂ©cĂ©dĂ©es dâun plan ou dâun but, ni initiĂ©es par une intention prĂ©alable. Elles ne sont pas dĂ©libĂ©rĂ©es. Elles ont nĂ©anmoins une direction. Pour cela, elles nâont pas besoin dâun but prĂ©alable parce que la recherche dâune action appropriĂ©e est dĂ©jĂ orientĂ©e vers lâissue. Cette derniĂšre est dĂ©terminĂ©e par lâĂ©valuation de lâĂ©vĂ©nement. Cette issue correspond Ă lâissue comprise dans la disposition Ă lâaction sĂ©lectionnĂ©e, disposition Ă lâaction qui appelle une rĂ©ponse capable dâinstaurer la relation en question. Dans la peur, en face dâune menace, on est confrontĂ© Ă la proximitĂ© dâun danger. En consĂ©quence, on ne cherche pas une sĂ©curitĂ© future dont on peut bien ignorer oĂč elle se situe. On rĂ©pond Ă ce qui est prĂ©sent dans la perception du moment on produit une action de protection contre un danger proche. Dans le dĂ©sir, on ne cherche pas tant Ă sâapprocher de lâobjet quâĂ anĂ©antir la distance qui nous sĂ©pare de lâobjet et qui empĂȘche lâinteraction. Dans lâamour, on suit lâaffordance prĂ©sente dâintimitĂ© plutĂŽt que de se reprĂ©senter les dĂ©lices futurs. Dans la colĂšre, on trouve dans son rĂ©pertoire dâactions une action qui peut neutraliser un saligaud, plutĂŽt que de penser Ă prĂ©server lâordre social. Lâaction impulsive, donc, est contrĂŽlĂ©e non pas par un but prĂ©alable, comme lâaction volontaire, mais par la disposition Ă lâaction ou les dispositions Ă lâaction le cas Ă©chĂ©ant visant Ă faire disparaĂźtre lâobjet Ă©valuĂ© nĂ©gativement, ou Ă obtenir lâobjet dĂ©sirable, ou Ă intensifier lâinteraction avec lui. Selon la signification accordĂ©e Ă lâobjet, la disposition Ă lâaction correspondante est convoquĂ©e. Le seuil de dĂ©clenchement dâune action impulsive est variable. Pour se mettre en colĂšre, il faut parfois une frustration sĂ©vĂšre ; mais parfois un lĂ©ger contretemps suffit. La diffĂ©rence dĂ©pend, entre autres, des Ă©vĂ©nements et des Ă©motions prĂ©existantes, de lâhumeur du moment, câest-Ă -dire dâune activation en deçà du seuil de la disposition de rĂ©ponse. Ces traits convergent vers la notion de prĂ©sĂ©ance, la prĂ©dominance des actions et pensĂ©es suscitĂ©es par lâĂ©motion sur les autres activitĂ©s Frijda, 2003. 16 Les actions impulsives ne sont pas des actions spĂ©ciales. Elles trouvent leur origine, pour la plupart, parmi les actions sociales et instrumentales de la vie courante. Dâautres sont créées pour solutionner un problĂšme dâinteraction spĂ©cifique. La notion dâimpulsivitĂ© sâapplique en fait aux conditions dâapparition de lâaction, appelĂ©e par la disposition Ă lâaction, cette derniĂšre imposant sa prĂ©sĂ©ance. Hormis cette propriĂ©tĂ© de prĂ©sĂ©ance, elles procĂšdent du mĂȘme processus dâapparition que celui de toute action ou pensĂ©e non rĂ©flĂ©chie et intuitive » Kahneman, 2012 ; Rietveld, 2008. La comparaison entre les rĂ©sultats attendus de lâaction et ceux obtenus via le feedback de lâaction guide ce processus. Autrement dit, les actions impulsives rĂ©sultent de la correspondance entre lâinformation cognitive et la prĂ©paration Ă lâaction obtenue lors de lâĂ©valuation, et lâacquisition dâinformation nouvelle de la perception ou la pensĂ©e quand il y a des signaux dâerreur ». Des donnĂ©es montrent que ces comparaisons ont lieu dans le cortex prĂ©frontal et le cortex moteur supplĂ©mentaire Ridderinkhof Forstmann, Wylie, Burle, & van den Wildenberg, 2011. La comprĂ©hension du processus de traitement de lâinformation est aujourdâhui loin dâĂȘtre complĂšte. Toutefois, pour les thĂ©ories de prĂ©diction perceptuelle et cognitive Friston, 2010, 2011 ; Clark, 2012, Ă©laborĂ©es Ă partir des considĂ©rations thĂ©oriques de Helmholtz 1860, toute lâinformation constitue un immense rĂ©seau interconnectĂ© oĂč les excitations se propagent. Ă la suite de la thĂ©orie dâinfĂ©rence inconsciente de Helmholtz, ces nouvelles thĂ©ories postulent que la perception est le rĂ©sultat dâune machine Ă faire des prĂ©dictions ». Chaque perception ou pensĂ©e engendre des prĂ©dictions concernant lâinformation et/ou lâaction Ă venir, la vĂ©rification de ce qui se produit rĂ©ellement, et lâĂ©mission de signaux dâerreurs quand une discordance apparaĂźt. Les Ă©motions suivent vraisemblablement de telles procĂ©dures de traitement dâinformation car rien ne permet de penser quâil existerait des procĂ©dures qui leur seraient spĂ©cifiques. 2. â SĂ©quence fonctionnelle de lâĂ©motion 17 La sĂ©quence fonctionnelle de lâĂ©motion peut ĂȘtre dĂ©crite de la façon suivante les processus dâĂ©valuation transforment les Ă©vĂ©nements rencontrĂ©s en Ă©vĂ©nements pourvus, dâune part, de sens en fonction des intĂ©rĂȘts du sujet et, dâautre part, dâune valeur affective. Les Ă©vĂ©nements sont pourvus de sens en ce quâils requiĂšrent un changement de relation. Les Ă©vĂ©nements qui dĂ©clenchent lâĂ©motion, entravant ou facilitant les intĂ©rĂȘts du sujet, convoquent des actions propres Ă amĂ©liorer la situation. Une attitude motrice, sous la forme dâune disposition Ă lâaction est donc gĂ©nĂ©rĂ©e Ă cette fin. La rĂ©quisition impose la prĂ©sĂ©ance de lâattitude motrice. La disposition Ă lâaction se traduit, le cas Ă©chĂ©ant en action impulsive bien quâelle puisse rester Ă lâĂ©tat de seule disposition. Dans cette sĂ©quence, lâaffordance Gibson, 1979 joue un rĂŽle capital. â Lâaffordance 18 Comme mentionnĂ© auparavant, les processus dâĂ©valuation touchent Ă la signification de lâĂ©vĂ©nement Ellsworth & Scherer, 2003 ce que lâĂ©vĂ©nement peut faire au sujet, peut lui apporter, lui permettre ou non de faire ⊠Gibson 1979 Ă©voque Ă ce sujet le concept dâaffordance cf. Luyat & Regia-Corte, 2009, pour un exposĂ© des rĂ©centes formalisations. Lâaffordance du verbe to afford fournir, offrir la possibilitĂ© est la facultĂ© de lâorganisme Ă se comporter en percevant ce que lâenvironnement lui offre en termes de possibilitĂ©s dâactions. Lâaffordance initie les mouvements et leurs dispositions neuronales comme cela a Ă©tĂ© dĂ©montrĂ© par lâutilization behavior de patients souffrants de certaines perturbations cĂ©rĂ©brales, Lhermitte, 1983. 19 Lâaffordance est une propriĂ©tĂ© de la relation organisme â environnement elle est une opportunitĂ© dâaction Stoffregen, 2003. Elle dĂ©pend donc Ă la fois de lâenvironnement et de lâorganisme considĂ©rĂ© par exemple, lâeau afforde la respiration pour le poisson mais pas pour lâhumain ; le sol afforde la marche pour lâhumain mais pas pour le poisson. De nombreuses affordances ont Ă©tĂ© mises en Ă©vidence expĂ©rimentalement dans les domaines de lâaction motrice et de la locomotion telles que le caractĂšre passable dâune ouverture, le caractĂšre saisissable dâun objet, le caractĂšre franchissable dâun fossĂ©, etc.. Les affordances se traduisent en anglais par le suffixe ability ajoutĂ© au verbe dâaction considĂ©rĂ© ex. climbability dâun escalier la grimpabilitĂ© » dâun escalier. JusquâĂ prĂ©sent, les Ă©tudes ont essentiellement portĂ© sur les affordances neutres » lâescalier, lâouverture, etc.. Or, dans la vie quotidienne, tout sujet navigue dans un environnement qui nâest pas seulement neutre ». La relation organisme â environnement peut parfois sâavĂ©rer potentiellement nocive ou particuliĂšrement propice favorable â notamment la navigation dans le monde social, celui des interactions interpersonnelles. Aussi est-il essentiel de percevoir des objets davantage que leur grimpabilitĂ© » ou leur passabilitĂ© ». Il sâagit de percevoir comment ils constituent un obstacle ou une opportunitĂ©, une menace ou une invitation Ă la caresse ⊠autrement dit, leur valeur affective. Or, prĂ©cisĂ©ment, les processus de traitement dâinformation pourvoient aussi les Ă©vĂ©nements rencontrĂ©s en valeur affective. Les processus dâĂ©valuation doublent simultanĂ©ment la signification de lâĂ©vĂ©nement dâune attitude hĂ©donique Ă son Ă©gard. Anelli, Borghi et Nicoletti 2012 ont, de la sorte, montrĂ© expĂ©rimentalement que des objets prĂ©hensibles mais dangereux nâinvitent pas Ă sâen saisir. Ă caractĂšre saisissable Ă©quivalent, les temps de rĂ©action sont plus lents pour des objets dangereux. Leurs rĂ©sultats Ă©voquent donc lâexistence dâaffordances aversives, ces derniĂšres pouvant ĂȘtre considĂ©rĂ©es comme des affordances affectives » qui se traduisent par une attitude affective dâattraction ou de rĂ©pulsion vis-Ă -vis de lâĂ©vĂ©nement. Des affordances affectives sont aussi observĂ©es par Coello, Bourgeois et Iachini 2012 en matiĂšre dâaccessibilitĂ© dâobjets dangereux et potentiellement menaçants. Lâaffordance affective, propriĂ©tĂ© relationnelle du systĂšme sujetâobjet [5], est lâopportunitĂ© dâaction envers ou lâopportunitĂ© dâaction Ă lâencontre offerte par les objets au sujet. Une personne offensante invite Ă ĂȘtre giflĂ©e ou toute autre forme de riposte, une personne attrayante invite Ă ĂȘtre embrassĂ©e. 20 Câest au cĆur de cette relation sujetâobjet, qui est une relation agissante, que se situe lâĂ©motion. Dans le systĂšme indivisible que constituent lâorganisme le sujet et son environnement cf. Gibson, 1979 [6], le sujet, en constante interaction avec son environnement, est Ă©galement constamment prĂȘt Ă modifier cette interaction ; il est ainsi continuellement dans un Ă©tat de prĂ©paration Ă lâaction Frijda, 1986, 2007. LâĂ©motion surgit quand survient un changement notable dans la relation sujetâobjet organismeâenvironnement. Il y a Ă©motion quand il y a rupture de continuitĂ© » RimĂ©, 2005, câest-Ă -dire une modification soudaine de lâinteraction sujetâobjet en cours, faisant passer la relation dâun Ă©tat Ă un autre lâinteraction est rompue ou intensifiĂ©e ou rĂ©duite, etc. Autrement dit, il y a Ă©motion quand il y a un changement de la prĂ©paration Ă lâaction. Par consĂ©quent, lâĂ©motion est un processus dâextraction par lâaction. Elle partage en cela le mĂȘme trait que la perception. Le conducteur, devant qui surgit un obstacle imprĂ©vu, ne mĂ©dite pas le coup de frein ou le coup de volant qui empĂȘchera la collision. Percevoir lâobstacle comme un danger, câest lâapprĂ©hender comme requĂ©rant une certaine rĂ©ponse ou action un coup de frein, un coup de volant, actionârĂ©ponse qui constitue lâĂ©motion. Câest la fameuse notion dâĂ©meute ou dâagitation de Descartes pour qui lâĂ©motion est un mouvement physique de lâhomme face au monde et de kinĂšsis dâAristote de fait, lâĂ©motion ne serait pas ce quâelle est sans son exhortation Ă lâaction ou exhortation Ă ne pas agir, comme dans lâaccablement. LâĂ©motion incite Ă sâapprocher, ou Ă sâen aller, ou Ă sâinterrompre, etc. La compassion incite Ă apporter de lâaide, la honte incite Ă se cacher, Ă disparaĂźtre de la vue des autres ⊠Or, dans la perspective de la thĂ©orie de Gibson plus rĂ©cemment formalisĂ©e par Stoffregen, 2003, 2004, notamment [7], mouvement et perception sont indissociables car la perception Ă©merge grĂące au mouvement. La perception est une saisie dâinformation information pickup [8] par lâaction. Câest lâaction qui fournit lâinformation [9], lâinformation Ă©tant ce que lâorganisme fait Ă©merger de lâenvironnement par son action et quâil saisit pick up. Pour Gibson, la perception est directe et ne passe pas par une reprĂ©sentation intermĂ©diaire. La perception nâest pas un processus interne dâinterprĂ©tation, câest un processus dâextraction par lâaction. La dimension cinesthĂ©sique est donc centrale dans cette approche. Câest prĂ©cisĂ©ment ici que prennent place les Ă©motions. â La cinesthĂ©sie 21 Emotion et action sont Ă©troitement liĂ©es dans la mesure oĂč lâĂ©motion peut ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme relevant de la perception cinesthĂ©sique. La perception ou sensibilitĂ© cinesthĂ©sique est la perception de la position du corps et des mouvements du corps [10]. Elle concerne la sensation de mouvement des diffĂ©rentes parties du corps. La cinesthĂ©sie, formĂ©e de deux racines grecques [11], est ainsi le sens du mouvement, la forme de sensibilitĂ© qui renseigne dâune maniĂšre spĂ©cifique sur la position et les dĂ©placements des diffĂ©rentes parties du corps. Traduite en termes Ă©motionnels, la cinesthĂ©sie se comprend de la façon suivante percevoir lâobstacle comme un danger, câest lâapprĂ©hender comme requĂ©rant une certaine rĂ©ponse â un coup de volant par exemple. Câest cette rĂ©ponse, ou, plus prĂ©cisĂ©ment, sa perception cinesthĂ©sique, qui constitue lâĂ©motion. LâexpĂ©rience subjective du danger, câest lâexpĂ©rience de son corps mobilisĂ© en vue dâune certaine rĂ©ponse une prĂ©paration Ă la fuite, ou Ă la paralysie, ou Ă lâattaque prĂ©ventive. Autrement dit, la phĂ©nomĂ©nologie de la peur est celle de la mobilisation du corps en vue dâune prĂ©paration Ă la fuite ou Ă la paralysie, ou Ă lâattaque prĂ©ventive. LâexpĂ©rience subjective de la tendresse, câest lâexpĂ©rience de son corps mobilisĂ© en vue dâĂ©treindre ou de caresser lâautre. Dans un Ă©pisode de tendresse, nous percevons une personne comme enjoignant une caresse ou une Ă©treinte. Les Ă©motions sont alors conçues comme livrant au sujet un monde chargĂ© de valeurs, sous la forme dâobjets invitant Ă lâaction. 22 Par consĂ©quent, les processus dâĂ©valuation qui, comme on lâa vu plus haut, transforment les Ă©vĂ©nements rencontrĂ©s en Ă©vĂ©nements pourvus Ă la fois dâune signification pour le sujet â en fonction de ses intĂ©rĂȘts â et dâune valeur affective, sont dâune nature particuliĂšre. En effet, la signification de lâobjet ou de lâĂ©vĂ©nement nâest pas une Ă©valuation cognitive entendue comme un acte isolĂ© dâapprĂ©ciation intellectuelle ; câest une forme de comprĂ©hension mĂ©diĂ©e par sa propre mobilisation corporelle. Câest ce que traduit la notion de enactive appraisal Colombetti, 2007 ou Ă©valuation Ă©nactive » [12]. Lâobjet attire ou repousse. Des impulsions poussent » le sujet envers ou Ă lâĂ©cart de lâobjet. Le psychologue gestaltiste Kölher 1929 considĂšre que la valeur de lâobjet est tout aussi immĂ©diatement perçue que ses qualitĂ©s sensibles. Pour lui, la valeur est rĂ©quisition requiredness. Ce que lâobjet requiert comme rĂ©ponse constitue sa valeur ex. la valeur danger. La valeur de lâobjet provient donc de la phĂ©nomĂ©nologie corporelle comme lâaffirment Deonna & Teroni 2012, la mobilisation du corps constitue lâexpĂ©rience de la valeur danger ». Une offense requiert des actions pouvant la juguler ; un Ă©vĂ©nement attrayant requiert une action dâapproche et dâouverture pour bĂ©nĂ©ficier de lâobjet. Aussi la perception est-elle autant un processus moteur quâun processus sensoriel. Du reste, au niveau neuronal, les processus sensoriels et moteurs ont un codage commun Colombetti & Thompson, 2005. En effet, comme lâexplique Northoff 2012, les donnĂ©es de neuro-imagerie indiquent lâexistence dâune activitĂ© neuronale procĂ©dant Ă un codage relationnel convergence intĂ©ro-extĂ©roceptive qui, en couplant corps, cerveau et environnement, permet lâassignation de propriĂ©tĂ©s subjectives et affectives Ă des stimuli qui, autrement, demeurent objectifs et non affectifs. La perception est donc Ă©nactive ; câest un type dâaction, lâaction constituant la perception Colombetti, 2007 ; NoĂ«, 2004 ; Varela, Thompson & Rosch, 1991. Au niveau psychologique, action et perception sont constitutivement enchevĂȘtrĂ©s. Câest ce quâa soulignĂ© Kölher et dâautres psychologues avec lui Rosenthal & Visetti, 1999, 2006 ; Wallon, 1949, p. 66. Dâailleurs, lorsque les mouvements moteurs de lâindividu sont inhibĂ©s, on observe une interfĂ©rence dans lâexpĂ©rience Ă©motionnelle et dans le traitement de lâinformation Ă©motionnelle Niedenthal, 2007. Dans cette perspective, les ressentis Ă©motionnels sont les perceptions de ces dispositions Ă lâaction, câest-Ă -dire les perceptions de lâengagement dynamique du corps sa prĂ©paration Ă lâaction dans lâinteraction avec lâobjet. Plus prĂ©cisĂ©ment, lâexpĂ©rience phĂ©nomĂ©nologique dâune Ă©motion est la perception cinesthĂ©sique, la perception de son corps mobilisĂ© en vue de modifier, dâune certaine façon, la relation sujetâobjet, la perception de la mobilisation du corps en vue dâune certaine action vis-Ă -vis de lâobjet. Ainsi, cette sĂ©quence Ă©motionnelle permet de rendre compte de lâessence de ces phĂ©nomĂšnes appelĂ©s Ă©motions » leur intentionnalitĂ© et leur expĂ©rience phĂ©nomĂ©nale. Ces deux aspects sont dĂ©veloppĂ©s ci-dessous. â IntentionnalitĂ© Ă©valuative 23 Les Ă©motions sont intentionnelles, câest-Ă -dire quâelles sont toujours Ă propos de quelque chose » ; elles possĂšdent nĂ©cessairement un objet [13]. Elles sont dĂ©clenchĂ©es par un Ă©vĂ©nement, une situation, une personne, un souvenir tel enfant a peur du noir, tel autre est fier de son tricycle. Il sâagit, plus prĂ©cisĂ©ment, dâune intentionnalitĂ© Ă©valuative Deonna et Teroni, 2008. Si lâenfant est fier de son tricycle, câest quâil a une certaine croyance Ă propos de son tricycle quâil est le plus beau des tricycles. Les croyances impliquĂ©es dans les Ă©motions sont dâun certain type en ce sens quâelles relĂšvent de valeurs axiologiques. Pour les philosophes Döring, 2009 ; Goldie, 2009, ces valeurs axiologiques ne sont pas des valeurs abstraites ou des idĂ©aux vers lesquels tend lâindividu. Il sâagit dâun type particulier de propriĂ©tĂ©s que lâobjet exemplifie. Ces valeurs sont conçues comme des qualitĂ©s formelles des propriĂ©tĂ©s Ă©valuatives de lâobjet qui suscite lâĂ©motion. Autrement dit, certains objets illustrent â ou exemplifient â certaines valeurs. Etre jaloux dâune tierce personne câest croire quâelle est un rival la tierce personne exemplifie la valeur rivalitĂ© », ĂȘtre dĂ©goĂ»tĂ© Ă la vue dâun plat dâĂ©pinards, câest croire quâil est immonde le plat dâĂ©pinards exemplifie la valeur immondice ». Ces valeurs sont directement liĂ©es aux intĂ©rĂȘts de la personne ; câest pourquoi le mĂȘme malheur affectera davantage sâil frappe son enfant que sâil sâabat sur lâenfant dâun autre, bien que la valeur en jeu soit identique dans les deux cas. Chaque famille dâĂ©motion se distingue ainsi par une valeur particuliĂšre celle de lâoffense pour la colĂšre, celle du danger ou de la menace pour la peur, celle de la perte pour la tristesse et le chagrin, etc. Lazarus 1991 a forgĂ© la notion de core relational theme pour les dĂ©signer. Pour autant, on ne peut pas rĂ©duire les Ă©motions Ă des seules croyances axiologiques. En effet, comme le soulignent Deonna et Teroni 2008, p. 52, une croyance axiologique nâest ni nĂ©cessaire, ni suffisante Ă une Ă©motion ». Ils invoquent plusieurs raisons. PremiĂšrement, la complexitĂ© cognitive dâune attribution axiologique la rend impossible chez les trĂšs jeunes enfants et chez les animaux. Les uns comme les autres ne maĂźtrisent pas les concepts participant de ses croyances des concepts axiologiques tels que celui de danger, de rivalitĂ©, etc.. Pourtant, bien que dĂ©nuĂ©s de tels concepts, il ne fait aucun doute quâils ressentent des Ă©motions. DeuxiĂšmement, il nâest pas rare de ressentir une Ă©motion en lâabsence de la croyance axiologique contingente relative Ă cette Ă©motion on peut ĂȘtre persuadĂ© quâune araignĂ©e nâest pas dangereuse et pourtant en avoir terriblement peur ; on peut ĂȘtre convaincu de nâavoir transgressĂ© aucun impĂ©ratif moral, et ĂȘtre cependant rongĂ© par la culpabilitĂ©. TroisiĂšmement, certaines croyances laissent paradoxalement de marbre fumer tue » mentionne le paquet de cigarette. Oui, le fumeur le croit volontiers. Pourtant, il nâĂ©prouve aucune peur absence dâĂ©motion en prĂ©sence de la croyance axiologique. Enfin, le rapport entre lâĂ©motion et la valeur peut ĂȘtre anormal, comme lorsquâon se rĂ©jouit du malheur dâautrui Dumouchel, 2002. Par consĂ©quent, on ne peut pas considĂ©rer les Ă©motions comme de simples » jugements de valeurs, de simples phĂ©nomĂšnes intellectuels. LâĂ©motion, ou plus exactement la disposition Ă lâaction, apparaĂźt ainsi comme un principe dâextraction spontanĂ© de la valeur. Autrement dit, la nature des processus dâĂ©valuation ne relĂšve pas de jugements cognitifs tels quâentendus, par exemple, par le modĂšle des processus composants Grandjean & Scherer, 2009. La nature de lâĂ©valuation est Ă©nactive. â PhĂ©nomĂ©nologie 24 En sus de son intentionnalitĂ©, lâĂ©motion se caractĂ©rise par sa dimension phĂ©nomĂ©nale. Une Ă©motion est quelque chose que lâon ressent ressentir le vide absolu dans la tristesse, ressentir le besoin impĂ©rieux de disparaĂźtre sous terre dans la honte, se sentir rongĂ© par la convoitise, se sentir excitĂ© et dĂ©bordant dâĂ©nergie, paralysĂ© et incapable de penser rationnellement ⊠Les psychologues parlent Ă ce sujet dâexpĂ©rience subjective. Dans le langage courant du reste, le terme Ă©motion » dĂ©signe en premier lieu cette expĂ©rience subjective je ressens une Ă©motion. La description du contenu » de lâexpĂ©rience subjective est souvent trĂšs ardue. Pour en rendre compte, le recours Ă la dimension corporelle est frĂ©quent avoir des bouffĂ©es de chaleur, sentir sa gorge se nouer, son cĆur battre Ă tout rompre, etc. Ainsi, lâidĂ©e que lâĂ©motion consistait en une perception viscĂ©rale sâest imposĂ©e Ă la suite de la thĂ©orie pĂ©riphĂ©rique de James-Lange. Seulement, comme lâont montrĂ© les psychologues tout au long du XXe siĂšcle, lâĂ©motion ne peut pas ĂȘtre rĂ©duite Ă la seule perception des modifications physiologiques. Tout dâabord, en matiĂšre de sensations corporelles, les diverses Ă©motions sont ressenties trĂšs diffĂ©remment Ă travers les nombreuses cultures. En Belgique, la tristesse se caractĂ©rise par un nĆud dans la gorge et des sensations gastro-intestinales RimĂ©, Philippot, & Cisamolo, 1990 tandis quâen Ăquateur, elle se manifeste par un douloureux mal de tĂȘte et des palpitations cardiaques Le Breton, 1998. Les Français, rĂ©alisant quâils ont commis un impair, sentent leur cĆur sâarrĂȘter de battre et le rouge leur monter au front Lelord et AndrĂ©, 2001 tandis que les Chewong Malaisie expriment leur honte par le fait que leur foie est tout rĂ©trĂ©ci. Quant aux Samoans PolynĂ©sie ou aux Ifaluks MicronĂ©sie, ces peuples ne rapportent aucune sensation corporelle lorsquâils dĂ©crivent une Ă©motion donnĂ©e Mesquita et Frijda, 1992. De plus, au-delĂ du fait que des diffĂ©rences interculturelles existent dans la façon de ressentir physiquement les Ă©motions, les recherches psychophysiologiques sur la viscĂ©roception ont montrĂ© que les sensations corporelles ne pouvaient pas ĂȘtre dĂ©terminĂ©es par des changements physiologiques rĂ©els puisquâon nâa jamais pu Ă©tablir de corrĂ©lation significative entre les sensations corporelles et des changements neurovĂ©gĂ©tatifs objectifs par exemple, le rythme cardiaque mesurĂ© par Ă©lectrocardiogramme ; Edelmann & Baker, 2002. En rĂ©alitĂ©, lâĂȘtre humain est incapable de viscĂ©roception ⊠ce qui signifie que, plutĂŽt que de correspondre Ă des modifications physiques sous-jacentes, les sensations corporelles sont en fait la traduction de reprĂ©sentations cognitives culturelles appelĂ©es schĂšmes psychophysiologiques Philippot, 1997 [14]. Ă ceci sâajoutant que les recherches psychophysiologiques aient Ă©tĂ© incapables dâĂ©tablir des configurations physiologiques spĂ©cifiques de chaque Ă©motion et que la thĂ©orie pĂ©riphĂ©rique sâest trouvĂ©e dans lâincapacitĂ© de rendre compte de la dimension intentionnelle des Ă©motions câĂ©tait la principale objection des thĂ©ories cognitives Ă son Ă©gard, lâidĂ©e selon laquelle lâĂ©motion serait la perception de sensations internes a Ă©tĂ© abandonnĂ©e. 25 LâexpĂ©rience subjective constitue lâun des composants majeurs de lâĂ©motion. Cette expĂ©rience consciente de lâĂ©motion reflĂšte les modalitĂ©s Ă©valuation, intĂ©rĂȘts, prĂ©sĂ©ance ⊠non conscientes sous-jacentes, bien quâelle ne le fasse quâen partie et gĂ©nĂ©ralement Ă lâinsu du sujet. En effet, la plupart de ces modalitĂ©s passent inaperçues comme Bargh 1997 entre autres lâa montrĂ© dans ses travaux. Ou encore, le sujet attribue sa rĂ©ponse par exemple une prĂ©fĂ©rence Ă une modalitĂ© qui en rĂ©alitĂ© nâen est pas responsable. Cette attribution erronĂ©e repose sur des prĂ©conceptions cognitives. Ainsi, dans les expĂ©riences de Nisbett & Wilson 1977 la prĂ©fĂ©rence pour lâun des deux stimuli deux linges identiques sur un prĂ©sentoir nâĂ©tait pas attribuĂ©e Ă sa cause rĂ©elle sa localisation sur le cĂŽtĂ© droit de lâĂ©talage, mais Ă©tait attribuĂ©e Ă dâautres raisons. Ces donnĂ©es conduisent certains auteurs Ă considĂ©rer lâexpĂ©rience subjective de lâĂ©motion comme un Ă©piphĂ©nomĂšne superflu, dont le rĂŽle nâest pas essentiel dans le processus Ă©motionnel LeDoux, 1996. Les raisons pour lesquelles cette vue est dĂ©cidĂ©ment incorrecte sont exposĂ©es ci-aprĂšs. â Les niveaux de conscience dans lâexpĂ©rience subjective 26 LâexpĂ©rience consciente a un rĂŽle important dans les Ă©motions. Tout dâabord, sans expĂ©rience consciente il nây a pas dâaction ou mouvement intentionnel spontanĂ© Dehaene & Naccache, 2001 ; Weiskrantz, 1997. Des patients blindsight, câest-Ă -dire dont la cĂ©citĂ© est due Ă des sections de la rĂ©tine, peuvent discriminer correctement des stimuli parvenant Ă ces sections quand on les invite Ă deviner ce qui pourrait sây trouver. Il en est de mĂȘme quand la cĂ©citĂ© est causĂ©e par interfĂ©rence par backward masking. Les patients peuvent Ă©ventuellement rĂ©pondre correctement quand on leur demande de deviner. NĂ©anmoins, ces directives sont essentielles, car si on ne lui demande pas de deviner, le sujet nâest pas spontanĂ©ment curieux vis-Ă -vis de ce quâil ne voit pas. Voir consciemment et ĂȘtre curieux une capacitĂ© de premiĂšre importance, mĂȘme pour une souris ou un merle ! En deuxiĂšme lieu, lâinspection visuelle par le regard prolonge la durĂ©e de rĂ©ception de lâinformation, la quantitĂ© dâinformation reçue, et lâĂ©tendue des rapports verbaux Ă autrui Baars, 1997. De plus, en prĂ©sence de stimuli agrĂ©ables ou intĂ©ressants, des actions pour augmenter leur rĂ©ception sont produites, comme quand on fait couler le vin autour de sa langue ou que lâon regarde encore et encore une personne attrayante. Ces actions ne sont pas vaines. Ce sont des actions appelĂ©es mouvements dâacceptation » Frijda, 1986. Elles forment ou renforcent un lien affectif et une inclination Ă retourner Ă lâinteraction. Ce phĂ©nomĂšne sâobserve aux niveaux les plus bas des fonctions cognitives, comme lâenfant sans cortex cĂ©rĂ©bral qui sourit en tenant un bĂ©bĂ© dans ses bras Merker, 2007. Ces enrichissements dâinformation dans la mĂ©moire ou le souvenir â et les sentiments donc â trouvent probablement leur base dans la rĂ©currence dâactivitĂ©s neurales dans les mĂȘmes rĂ©seaux de neurones Edelman & Tonino, 2000 ; Lamme, 2006. Enfin, un dernier argument est celui de la recherche des plaisirs et le fait de prendre le temps et lâinitiative de les expĂ©rimenter. Il nây aurait aucune raison dâentreprendre des activitĂ©s qui procurent du plaisir assister Ă des spectacles, faire du sport, sâengager dans des interactions amicales si on nâĂ©prouvait aucun sentiment en les pratiquant ⊠La raison de ces plaisirs provient de la satisfaction des intĂ©rĂȘts concernĂ©s, lesquels sont dĂ©finis par les Ă©tats du sujet ou du monde en question. Lâinverse est vrai pour la douleur. Elle signale lâabsence de satisfaction des intĂ©rĂȘts, ou lâentrave Ă leur satisfaction. Aristote, dans son Ăthique Ă Nicomaque, a prĂ©sentĂ© la raison des sentiments. Son explication reste valable. Les sentiments Ă©lĂ©mentaires â plaisir, douleur, dĂ©sir â forment les moniteurs du fonctionnement du systĂšme animal en gĂ©nĂ©ral, et rĂ©sument le bilan du fonctionnement de toutes les fonctions en cours dâopĂ©ration Frijda, 2007. 27 Le recours au terme consciente » nĂ©cessite quelques prĂ©cisions. LâĂ©motion procĂšde de niveaux de conscience diffĂ©rents Tcherkassof & Mondillon, 2013. Ces niveaux de conscience sont dits anoĂ©tique, noĂ©tique, et autonoĂ©tique Philippot, Douilliez, Baeyens, Francart, & Nef, 2003 [15]. Lorsquâelle relĂšve dâun niveau de conscience anoĂ©tique, lâĂ©motion nâaccĂšde pas Ă la conscience elle est non consciente. Elle est suscitĂ©e par un antĂ©cĂ©dent non conscient, câest-Ă -dire que lâĂ©vĂ©nement qui cause lâĂ©motion est inconscient. LâĂ©motion est bien prĂ©sente car on en observe lâinfluence au plan cognitif au niveau du raisonnement, de la catĂ©gorisation, des infĂ©rences, de la prise de dĂ©cision, etc. ; cf. Damasio, 1995, qui a dĂ©montrĂ© le rĂŽle clĂ© des Ă©motions dans les processus de dĂ©cision ; voir aussi Channouf, 2006, pour une revue. De plus, certains de ses composants sont activĂ©s on observe des manifestations physiologiques ou comportementales, par exemple. Cependant, la personne nâest pas capable de verbaliser sa rĂ©action Ă©motionnelle au moment oĂč elle se produit » et ne rapporte aucune expĂ©rience subjective Ă©motionnelle. Ainsi, lâĂ©valuation dâune boisson par des participants qui indiquent ne rien ressentir de particulier mais qui ont Ă©tĂ© soumis Ă une induction Ă©motionnelle sans quâils en soient conscients Ă©tait congruente avec la valence de lâinduction Winkielman & Berridge, 2004. LâĂ©motion peut aussi relever dâun niveau de conscience dit noĂ©tique, sorte de conscience Ă©motionnelle phĂ©nomĂ©nologique immĂ©diate et non rĂ©flexive Block, 2007. Par exemple, en matiĂšre de perception visuelle, le piĂ©ton, marchant dans la rue tout en Ă©tant absorbĂ© dans une discussion et pourtant esquivant les obstacles arbres, bancs publics, bornes Ă incendie, etc., prouve lâexistence dâune conscience des obstacles. Toutefois, le piĂ©ton nâa pas conscience de ces obstacles, il nâen prend pas conscience et ne les Ă©vite pas sciemment et sera par exemple incapable de rappeler par la suite les obstacles rencontrĂ©s. Ce type de conscience a Ă©tĂ© dĂ©montrĂ© empiriquement par Dehaene, Changeux, Naccache, Sackur et Sergent 2006. Des Ă©tudes en neuro-imagerie leur ont permis de cerner un Ă©tat dâactivitĂ© prĂ©conscient transitoire au cours duquel lâinformation est potentiellement accessible, sans que le sujet y accĂšde consciemment cf. aussi Lamme, 2006. En matiĂšre Ă©motionnelle, ce niveau de conscience constitue la forme la plus commune de lâexpĂ©rience Ă©motionnelle et caractĂ©rise lâexpĂ©rience Ă©motionnelle des jeunes enfants notamment. LâexpĂ©rience subjective apparaĂźt diffuse et inarticulĂ©e. Elle nâest pas verbalisable. Elle sâapparente, par exemple, Ă lâexpĂ©rience directe du goĂ»t du vin, câest-Ă -dire quâelle relĂšve de la seule sensation ou qualia. La personne nâidentifie pas lâĂ©motion qui lâaffecte, tout comme le piĂ©ton nâidentifie pas les obstacles. Elle est immergĂ©e dans son rapport Ă lâobjet ici et maintenant Frijda, 2005. Câest une conscience Ă©motionnelle irrĂ©flĂ©chie dans laquelle la personne et lâobjet de lâĂ©motion sont indissolublement unis Sartre, 1939. Un truisme phĂ©nomĂ©nologique caractĂ©rise ce niveau de conscience le monde ne semble pas comme ci ou comme ça ; il est comme ci ou comme ça â vivre dans un enfer oĂč il nây a aucun moyen de sâĂ©chapper. Dans le bonheur, le monde nâapparaĂźt pas comme sâil Ă©tait rempli de gens bons et beaux ; les gens sont bons et beaux. Ce niveau de conscience favorise la mise en Ćuvre de processus dâattributions afin de donner du sens Ă ce qui est ressenti Schachter & Singer, 1962 ; Weiner, 1986 faisant alors passer lâexpĂ©rience subjective au niveau autonoĂ©tique. La conscience dâĂȘtre le sujet dâune Ă©motion clairement identifiĂ©e rĂ©sulte de processus autonoĂ©tiques ; câest lorsque la personne prend conscience quâelle est dans un Ă©tat Ă©motionnel particulier. Dans ce cas, elle peut verbaliser son Ă©tat Ă©motionnel je suis vraiment trĂšs en colĂšre ». Il sâagit dâune conscience rĂ©flexive dans laquelle lâexpĂ©rience Ă©motionnelle est davantage articulĂ©e lâun des ou plusieurs composants de lâĂ©motion devient lâobjet de rĂ©flexion. La personne prĂȘte attention Ă ses propres Ă©tats et les interprĂšte selon la thĂ©orie naĂŻve des Ă©motions Ă laquelle elle souscrit. Cette thĂ©orie naĂŻve comporte les diffĂ©rents scripts en vigueur dans la culture de la personne et toutes les considĂ©rations de sens commun concernant le rĂŽle des pensĂ©es, des sensations corporelles, des inclinations comportementales, etc., au sujet des Ă©motions. Ainsi, Lambie et Marcel 2002 notent que les expĂ©riences subjectives de peur, dâanxiĂ©tĂ© et de tristesse sont davantage dĂ©crites par les Chinois, comparativement aux AmĂ©ricains blancs de classe moyenne, en termes de sensations corporelles et de concomitants interpersonnels et ne le sont jamais en termes de caractĂ©ristiques intrapsychiques comme des pensĂ©es par exemple. En revanche, les descriptions des Ă©motions que font les Samoans ou les Ifalukiens nâincluent aucune rĂ©fĂ©rence Ă des corrĂ©lats physiologiques Mesquita & Frijda, 1992. 3. â Les manifestations de lâĂ©motion 28 La notion de disposition Ă lâaction devient plus explicite lorsquâon examine les actions occasionnĂ©es par des Ă©vĂ©nements Ă©motionnels, et en particulier en examinant les expressions faciales et corporelles. Pour de nombreux auteurs de lâĂ©cole nĂ©o-darwinienne amĂ©ricaine par exemple Ekman, 1982 ; Tomkins, 1984, lâinterprĂ©tation de ces expressions » est souvent celle dâactions de communication servant Ă informer autrui de son Ă©motion. Mais il est plus appropriĂ© de leur donner une tout autre interprĂ©tation. Il faut considĂ©rer ces mouvements comme des actions, ou parties dâactions, qui servent Ă Ă©tablir ou modifier une relation avec un objet ClaparĂšde, 1928 ; Dewey, 1894 ; Frijda, 1986 ; Kafka, 1950 ; McDougall, 1923 ; Ribot, 1907 ; Sartre, 1939 ; Wundt, 1900. â Lâexpression Ă©motionnelle comme attitude relationnelle 29 Les Ă©motions se conçoivent difficilement sans leur dimension expressive. Les actions dĂ©terminĂ©es par les dispositions Ă lâaction montrent que les Ă©motions ne sont pas que des perturbations internes, comme Descartes lâavait bien relevĂ©. Elles reprĂ©sentent des phĂ©nomĂšnes se dĂ©roulant entre un sujet et un objet, quâil soit rĂ©el ou imaginĂ©. Elles relĂšvent dâattitudes envers cet objet, dans la perspective de Bull 1951 et de Deonna et Teroni 2012, ou de positions adoptĂ©es envers lâobjet Frijda, 1953, des attitudes qui peuvent se manifester dans des actions rĂ©elles. Les dispositions ne sont pas des attitudes se dĂ©ployant au sein du sujet. Elles ne se dĂ©ploient pas dans le sujet. Elles se dĂ©ploient entre le sujet et lâobjet. On essuie une remarque offensante et on y rĂ©pond par une action destinĂ©e Ă blesser lâoffenseur et Ă le dĂ©courager de persister dans son action. Les dispositions Ă lâaction instituent un certain type de relation avec lâenvironnement. Câest pourquoi lâĂ©motion est un processus relationnel. Elle se dĂ©roule entre le sujet et lâobjet. Elle est dans cette relation agissante. 30 Le terme expressif » signifie que la comprĂ©hension du comportement implique la comprĂ©hension de la signification du comportement. Lâobservateur ne perçoit pas le comportement expressif comme un mouvement vain ou insignifiant. Comme lâont soulignĂ© les approches gibsonienne, mais aussi gestaltistes et phĂ©nomĂ©nologiques, en matiĂšre de perception, la signification est inhĂ©rente au phĂ©nomĂšne expressif. Elles indiquent par lĂ le caractĂšre sĂ©miotique de la perception, câest-Ă -dire que ce qui est perçu lâest toujours comme expression qui fait sens » Visetti & Rosenthal, 2006. Tout comportement est porteur de sens, il vĂ©hicule des significations, câest pourquoi il est dit expressif ». De quelle façon ? Tout dâabord, la Gestalt psychologie a mis en exergue le fait que lâenchaĂźnement des mouvements est pourvu dâorganisation unitaire Kölher, 1929. La conduite dâune personne est organisĂ©e de maniĂšre Ă concorder avec lâorganisation de son projet motivationnel en cours. Il y a continuitĂ© de ses intentions. Cette organisation est perçue par autrui, câest-Ă -dire que le comportement exprime » cette organisation. Les mouvements apparaissent comme un courant cohĂ©rent de faits visuels. Plus prĂ©cisĂ©ment, le comportement expressif se prĂ©sente sous la forme dâun flux continu et, par consĂ©quent, en tant que flux continu, il parvient Ă lâobservateur comme un tout » Toniolo, 2009. Son caractĂšre cinĂ©tique est fondamental la dynamique motrice du comportement expressif participe de son organisation. Toute rupture de continuitĂ© de ce flux, câest-Ă -dire toute modification du fil » de la conduite, traduit la mise en place dâune nouvelle organisation motivationnelle, dâun nouvel Ă©tat intentionnel. Cette discontinuitĂ© est comprise comme telle par lâobservateur. Notons que la discontinuitĂ© ne doit pas seulement ĂȘtre conçue comme un changement brutal ou radical du flux comportemental. La rupture de continuitĂ© se traduit aussi par le changement de rythme et/ou dâintensitĂ©. Lambie et Marcel 2002 Ă©voquent Ă cet Ă©gard les qualitĂ©s prosodiques » des comportements Ă©motionnels. Comme le souligne Kölher 1929, lâexpression Ă©motionnelle partage les caractĂ©ristiques de lâexpression musicale. De la mĂȘme façon que les indications de mouvement, de phrasĂ© et de nuance figurant sur la partition permettent Ă lâinterprĂšte de confĂ©rer toute son expression Ă la musique, mouvement, phrasĂ© et nuance confĂšrent toute son expressivitĂ© au comportement. En musique, le mouvement ou tempo dĂ©signe lâallure Ă laquelle une mĂ©lodie doit ĂȘtre interprĂ©tĂ©e. Il correspond au rythme de battement de mĂ©tronome allegro animĂ© par exemple. Le phrasĂ©, lui, se rapporte aux fluctuations dynamiques les changements de tempo accelerando par exemple. De mĂȘme, dans le domaine comportemental, le mouvement expressif peut durer ou non, peut apparaĂźtre brusquement ou plus graduellement. Au fur et Ă mesure que sâinstalle le souvenir de lâinjustice dont elle a Ă©tĂ© victime, la personne marchera avec une vitesse croissante, au rythme de son indignation grandissante. Dans la dynamique musicale, les nuances dĂ©signent la variation dâintensitĂ© dâune note ou dâun accord, dâune phrase, etc. sforzando câest-Ă -dire accentuation soudaine dâintensitĂ© par exemple. Les termes crescendo et diminuendo correspondent aux changements progressifs dâintensitĂ©. La personne exaspĂ©rĂ©e de devoir rĂ©pĂ©ter sa rĂ©ponse Ă son auditeur inattentif la criera violemment en derniĂšre instance. Ainsi, les propriĂ©tĂ©s temporelles du mouvement de mĂȘme que celles relatives Ă ses nuances renvoient au mode intentionnel du comportement expressif. 31 Le caractĂšre intentionnel du comportement expressif renvoie au fait que le comportement est saisi comme interactif. La perception du mouvement est la perception dâune relation [16]. En situation rĂ©elle, lâobservateur perçoit le sujet comme se comportant dans un contexte donnĂ© et comme rĂ©agissant Ă ce contexte câest-Ă -dire le systĂšme sujetâobjet. Aussi le sujet est-il perçu comme interagissant avec son environnement, comme rĂ©pondant activement Ă quelque Ă©vĂ©nement de son environnement comme prĂȘtant attention Ă quelque chose, comme ayant un mouvement de recul face Ă quelque chose âŠ. Lorsquâon voit que les yeux dâune personne sâorientent dans une direction particuliĂšre, ce qui se trouve dans cette direction est aussitĂŽt mis en rapport avec ses yeux, son visage et lâensemble de sa personne. Autrement dit, les traits du visage du sujet et/ou la position des membres de son corps sont pourvus dâun contenu intentionnel. Par exemple, des yeux grands ouverts et des sourcils levĂ©s ne sont pas de simples globes luisants surmontĂ©s dâune touffe de poils. Ils sont pourvus de rĂ©fĂ©rence intentionnelle ces yeux regardent quelque chose ou quelquâun. Par consĂ©quent, la signification dâun comportement expressif expression faciale ou posturale correspond Ă son caractĂšre intentionnel », câest-Ă -dire impliquant une relation entre un sujet et un objet vers lequel le sujet sâoriente. Kölher 1929 souligne que cette mise en relation sujetâobjet est lâun des principes perceptifs mis en avant par la Gestalt psychologie le groupement perceptif. Cela est Ă©galement vrai lorsque, par exemple, la personne sâĂ©carte. Ici encore, la rĂ©fĂ©rence Ă un objet apparaĂźt clairement Ă lâobservateur. Si la personne sâĂ©carte, câest quâelle Ă©vite quelque chose. Le sujet est perçu comme rĂ©pondant activement Ă quelque Ă©vĂ©nement de son environnement et non comme un-individu-exprimant-une-Ă©motion » câest-Ă -dire comme signalant quelquâĂ©tat Ă©motionnel interne. Du reste, la perception de la signification Ă©motionnelle nâest pas dâordre sĂ©mantique, elle nâimplique pas nĂ©cessairement lâattribution dâun Ă©tat interne. Les enfants de quatorze mois donc non verbalisĂ©s de lâĂ©tude de Gergely, Bekkering et KirĂĄly 2002 dĂ©gageaient lâintention des actions quâils observaient chez des adultes pour Ă©laborer leurs propres actions cf. aussi Rossano, 2012. Lâexpression perçue ne va donc pas au-delĂ du fait perceptuel. Comme lâaffirme Toniolo 2009, le comportement expressif donne lieu Ă une connaissance subjective au sens phĂ©nomĂ©nologique du terme. Il parvient Ă la conscience de celui qui le perçoit comme un donnĂ© immĂ©diat exempt de mĂ©diation conceptuelle ». Ainsi, le visage ou les gestes dâautrui ne sont pas vus comme isolĂ©s mais comme une Gestalt, câest-Ă -dire une-personne-en-mouvement-dans-une-certaine-situation » et interprĂ©tĂ©e comme telle. LâintentionnalitĂ© qui est, comme on lâa vu plus haut, au cĆur de lâĂ©motion est Ă©galement au cĆur de lâinterprĂ©tation de son expression. Câest pourquoi lâon peut avancer que la signification reconnue dans un comportement expressif est la prĂ©paration Ă lâaction du sujet, câest-Ă -dire la façon dont il se relie ou ne se relie pas Ă son environnement Ă un moment donnĂ©. En effet, le comportement expressif est perçu immĂ©diatement dans sa dimension intentionnelle. De fait, lorsquâon compare le taux reconnaissance dâexpressions faciales dâĂ©motions mesurĂ©e soit par lâassignation de modes de dispositions Ă lâaction soit par celle de noms dâĂ©motions, les rĂ©sultats montrent que les taux de reconnaissance sont Ă©quivalents Tcherkassof, 1999 ; Tcherkassof & de Suremain, 2005. La reconnaissance de la signification dâun comportement expressif correspond donc Ă la reconnaissance de la prĂ©paration du sujet Ă Ă©tablir une relation avec lâenvironnement, et surtout Ă la reconnaissance de la forme de la relation approcher, rejeter, se cacher, se soumettre. De la sorte, Ă©motion et comportement expressif sont Ă©troitement liĂ©s car les Ă©motions, prĂ©cisĂ©ment, sont des dispositions Ă lâaction. 32 Les phĂ©nomĂšnes expressifs les gestes, la dĂ©marche, les jeux de physionomie, le ton de la voix, la prosodie reflĂštent toute la complexitĂ© des dispositions Ă©motionnelles le mĂ©lange dâattrait et de rĂ©pulsion, de curiositĂ© et de mĂ©fiance, une bienveillance mĂȘlĂ©e de froideur, une cordialitĂ© un peu dĂ©daigneuse, etc. On peut rire dâun trait dâhumour sans se dĂ©partir tout Ă fait de son angoisse dâun bilan de santĂ© ; on peut sâattrister du malheur dâautrui sans se dĂ©partir tout Ă fait de son bonheur dâĂȘtre enceinte. Lâexpression Ă©motionnelle peut se comparer Ă un langage dont les rĂ©flexes, tombĂ©s pour la plupart sous la dĂ©pendance de la volontĂ©, en composeraient le vocabulaire et dont la syntaxe, naturelle chez lâanimal, serait chez lâĂȘtre humain, en grande partie socialisĂ©e. Par exemple, lorsquâune personne peu ou pas familiĂšre sâapproche de lui, lâenfant soit dĂ©tourne son regard, soit sâĂ©loigne, soit se dissimule derriĂšre les jupes de sa mĂšre. DĂšs que lâon cesse de sâoccuper de lui, il jette de temps Ă autre un regard furtif du cĂŽtĂ© de lâintrus. Le sens apparent de cette conduite est trĂšs clair et se perçoit directement ce nâest pas tant une rĂ©action de timiditĂ© ou de peur quâune rĂ©action de dissimulation. Pour Burloud 1938, il sâagit trĂšs probablement lĂ dâune rĂ©action instinctive accordĂ©e, dans le passĂ© ancestral, Ă lâexpĂ©rience de longues gĂ©nĂ©rations dâindividus qui ont appris Ă leurs dĂ©pens le danger de se livrer naĂŻvement Ă autrui, prĂ©dateur en puissance. Ainsi, des correspondances fonctionnelles Ă©tablies par la mĂ©moire, par les habitus et par lâhĂ©rĂ©ditĂ© relient un comportement expressif aux dispositions Ă©motionnelles quâil manifeste extĂ©rieurement voir aussi Oatley et Jonhson-Laird, 1987. Bien que lâexpression Ă©motionnelle puisse se comparer Ă un langage, les signes qui composent ce langage nâappellent pas une lecture analytique. Les comportements expressifs ne sont pas tout dâabord saisis dans leur morphologie, morphologie qui serait ensuite interprĂ©tĂ©e. Les expressions faciales, par exemple, ne sont pas de simples suites dâunitĂ©s dâactions cf. les Actions Units du FACS dâEkman et Friesen, 1978 dont la configuration morphologique Ă un instant t serait le prototype dâune Ă©motion donnĂ©e et par consĂ©quent identifiĂ©e comme telle. Les conduites expressives, expressions faciales comprises, rĂ©organisent le champ de lâobservateur et Ă©tablissent une Gestalt, comme la succession de notes de musiques Ă©tablit une mĂ©lodie. Câest pourquoi mĂȘme lâĂ©motion dâexpressions inauthentiques » peut malgrĂ© tout ĂȘtre reconnue. Ainsi, Guillaume Duchenne de Boulogne, neurologue du XIXe siĂšcle, explique dans son ouvrage sur lâexpression des passions que lâartiste ayant façonnĂ© la fameuse sculpture antique du Laocoon, exposĂ©e au musĂ©e du Vatican, a commis une erreur de modelage puisquâaucun visage ne saurait exprimer lâexpression Ă©motionnelle arborĂ©e. En effet, aucune contraction musculaire ne saurait la produire. Il rectifie la faute » en prĂ©sentant une statue ayant une tĂȘte identique mais dont le visage est modelĂ© en respectant la physiologie des mouvements expressifs de la face. Sa dĂ©monstration prĂȘte Ă rĂ©flexion bien quâaucun systĂšme dâanalyse objectif ne puisse coder les Ă©lĂ©ments faciaux discordants dâun visage tel que celui du Laocoon, nâimporte qui est pourtant en mesure de reconnaĂźtre la douleur morale et le dĂ©sespoir quâil exprime admirablement ⊠â LâĂ©motion un patron de rĂ©ponses multi-componentielles 33 Concevoir lâĂ©motion comme patron de rĂ©ponses multi-componentielles permet de rendre compte de la grande variĂ©tĂ© des manifestations Ă©motionnelles. Dans le langage courant, le mot Ă©motion » est utilisĂ© pour dĂ©signer des rĂ©ponses manifestant lâexcitation vigoureuse du systĂšme nerveux autonome et autres mouvements vĂ©hĂ©ments comme des grimaces faciales, gestes prononcĂ©s des mains, gesticulations des bras, courir Ă toute vitesse, donner des coups de poing, fracasser des plats, crier Ă voix haute ⊠Mais les cinq modalitĂ©s de base peuvent se manifester de façons bien diffĂ©rentes. Il y a autant de manifestations simples et subtiles quâil y en a de grossiĂšres, amples ou violentes. Certaines peuvent ĂȘtre Ă©laborĂ©es, dâautres fragmentaires un battement de paupiĂšres en rĂ©ponse Ă une remarque dĂ©nigrante, un froncement des sourcils Ă peine perceptible lors dâun souvenir douloureux, lâinterruption de ses pensĂ©es pour regarder briĂšvement dans le vide, ou un simple regard foudroyant adressĂ© Ă son contradicteur lors dâune controverse. Le plus dissimulĂ© des composants est celui des rĂ©actions limitĂ©es aux actions neuronales, comme celles observĂ©es et enregistrĂ©es lors des expĂ©riences de Jeannerod 2006, et qui ne se manifestent peut-ĂȘtre que seulement au sujet Ă travers ses sentiments conscients. Lâoccurrence dâune Ă©motion peut ne consister quâen une seule action impulsive, ou en une suite dâactions qui partagent la mĂȘme modification de relation, comme dans une querelle oĂč insultes, reproches, coups et menaces sâenchaĂźnent. Les suites dâactions peuvent manifester une prĂ©sĂ©ance radicale, ou montrer une certaine retenue ou contrĂŽle, celle qui adoucit les reproches et modĂšre la violence ou transforme la brutalitĂ© de lâapproche Ă©rotique en la rendant douce et gentille. Les actions peuvent Ă©galement ne consister quâen une seule fraction dâaction, comme les yeux devenant juste humides ou lâattitude du corps seulement un peu tendue. Une expĂ©rience dâĂ©motion peut encore ĂȘtre limitĂ©e Ă des expĂ©riences conscientes de lâĂ©valuation dâun Ă©vĂ©nement ou dâune disposition Ă lâaction, sans quâil nây ait aucune activitĂ© motrice. Câest le cas lors de lâobservation attentive des mouvements dâautrui, qui donne lieu aux activitĂ©s de neurones de miroir » Rizzolatti et al., 1999, et lors des Ă©motions raffinĂ©es » Frijda & Sundararajan, 2007, câest-Ă -dire des Ă©motions entiĂšrement virtuelles, suscitĂ©es lors de lâimagination dâune action ou Ă©voquĂ©es par lâempathie avec une personne perçue ou par une description verbale Frijda, 2013. 34 Lâ Ă©motion » peut dĂšs lors ĂȘtre dĂ©finie par des manifestations prononcĂ©es, comme les grandes agitations, autant que par des manifestations bien moins saisissantes voire modestes, mais traduisant toujours lâune des modalitĂ©s de base. Ainsi, certains Ă©pisodes de chagrin sont trop grands pour les larmes ; certaines marques dâamour ne se manifestent que par une caresse fugace ou par une attention et une rĂȘverie que la passion seule peut donner » Madame de La Fayette, La princesse de ClĂšves. Quoi quâil en soit, le mot Ă©motion » est gĂ©nĂ©ralement rĂ©servĂ© pour les rĂ©ponses multi-componentielles dâune durĂ©e plus ou moins brĂšve â entre quelques secondes et plusieurs jours. Câest la durĂ©e des rĂ©ponses aiguĂ«s telles que les excitations du systĂšme nerveux autonome, les dispositions Ă lâaction et autres engagements interactifs avec un antĂ©cĂ©dent Ă©motionnel. 35 Mais les effets de telles rĂ©ponses ne se limitent pas Ă leur phase aiguĂ«. Elles laissent des traces cognitives et sociales durables. De fait, un prolongement caractĂ©ristique de tout Ă©pisode Ă©motionnel est le partage social des Ă©motions qui sâen ensuit quasi inĂ©vitablement RimĂ©, 2009. Elles entraĂźnent aussi des changements dans la relation Ă lâobjet. La rencontre avec lâami avec qui lâon vient de se quereller est dorĂ©navant plus rĂ©servĂ©e. On pourrait appeler ces traces des attitudes affectives latentes ». Le patron dâĂ©valuation prĂ©alable Ă lâĂ©pisode Ă©motionnel est dorĂ©navant modifiĂ©. Ce nouveau patron suscite dĂ©sormais une nouvelle disposition Ă Ă©prouver certaines Ă©motions â ou attitudes corporelles â envers lâobjet. La seule mention du nom de lâami provoque maintenant une froideur qui nâexistait pas avant. 4. â Conclusion 36 La psychologie oscille depuis toujours entre une approche physiologique de lâĂ©motion et une approche intellectualiste, nĂ©gligeant ainsi, dans la vie affective, ce qui est authentiquement affectif. Dans la vie courante, le terme Ă©motion dĂ©signe en premier lieu des phĂ©nomĂšnes expĂ©rientiels extra » ordinaires. Comme lâont soulignĂ© Aristote ou Descartes, ces phĂ©nomĂšnes sont marquĂ©s par une dimension cinesthĂ©sique qui leur est caractĂ©ristique. En effet, les ressentis Ă©motionnels sont des perceptions de lâengagement dynamique du corps dans lâinteraction. Pourtant, la qualitĂ© cinesthĂ©sique des Ă©motions a toujours Ă©tĂ© dĂ©laissĂ©e par la plupart des thĂ©ories psychologiques. Cet article prĂ©sente les arguments plaidant en faveur dâun modĂšle perceptif de lâĂ©motion qui trouve sa place entre une vision naturaliste et une vision intellectualiste. Ce modĂšle perceptif, qui sâinscrit dans une conception relationnelle du concept dâĂ©motion, explicite le lien entre intentionnalitĂ© et phĂ©nomĂ©nologie, deux dimensions des Ă©motions que les thĂ©ories psychologiques ont jusquâĂ prĂ©sent peinĂ© Ă concilier. Il accorde un rĂŽle central Ă la cinesthĂ©sie, faisant de lâĂ©motion une relation sujetâobjet transitoire conçue dans un systĂšme perceptionâaction Warren, 2006. 37 Cette contribution propose ainsi des arguments en faveur de lâidĂ©e que les Ă©motions sont des attitudes corporelles exprimant la relation du sujet Ă lâobjet Ă©motionnel. Ces arguments sont basĂ©s sur les rĂ©centes avancĂ©es des sciences cognitives notamment en matiĂšre de cognition incarnĂ©e. Ces avancĂ©es dictent lâabandon dâune description catĂ©gorielle en faveur dâune description fonctionnelle des Ă©motions. En effet, le recours au concept de fonction » permet de dĂ©laisser celui de substance » auquel Ernst Cassirer 1908 avait recours et Ă sa suite de nombreux psychologues. La psychologie dâinspiration naturaliste a fait de lâĂ©motion une substance, substance qui saisit » la personne. LâĂ©motion ne saisit pas. Elle nâenvahit pas. Elle ne sâinstalle pas en transit ». LâĂ©motion sâincarne. Elle se matĂ©rialise sous la forme dâune relation Ă lâobjet. LâĂ©motion est lâattitude prise vis-Ă -vis de lâobjet qui requiert cette rĂ©ponse, elle est la disposition Ă lâaction requise par lâobjet. Les Ă©motions sont ainsi des relations transitoires, ce sont des rapports Ă lâobjet Ă un moment donnĂ©. Lâattitude adoptĂ©e constitue le rapport Ă lâobjet instaurĂ© par la personne. Lâattitude est une mise en relation ; et la perception de lâattitude est la perception de cette relation. Câest pourquoi tout comportement a un sens, sens qui est saisi par lâobservateur. Le sens nâest pas surajoutĂ© lâenfant qui pleure son doudou perdu nâest pas un enfant qui exprime » sa tristesse », câest un enfant dĂ©sespĂ©rĂ© par cette perte. La tristesse nâest pas une substance qui viendrait saisir lâenfant et sâexprimer Ă ses dĂ©pens ». Les pleurs de lâenfant relĂšvent dâune sĂ©miose, câest-Ă -dire un ensemble signeâcontexteâsignification » Rosenthal & Visetti, 2010. Le comportement expressif de lâenfant traduit son attitude, sa relation Ă lâobjet, qui est ici une relation de perte. 38 Les avancĂ©es actuelles des sciences cognitives soulignent le soubassement moteur des Ă©motions et Ă©tayent la conception relationnelle prĂ©sentĂ©e ici. Lâapproche neuro-phĂ©nomĂ©nale soutenue par Northoff 2012, en particulier, Ă©largit le concept de cognition incarnĂ©e en dĂ©fendant lâidĂ©e que les Ă©motions sont constituĂ©es de la relation triadique environnementâcorpsâcerveau. Les donnĂ©es issues des recherches en neuro-imagerie sur les mĂ©canismes neuronaux sous-tendant les Ă©motions montrent ainsi que la relation entre lâenvironnement, le corps et le cerveau est constitutive de lâexpĂ©rience subjective Ă©motionnelle. De sorte que les diffĂ©rentes Ă©motions ou expĂ©riences subjectives Ă©motionnelles reflĂštent les diffĂ©rentes relations sujetâobjet, câest-Ă -dire les diffĂ©rentes relations au monde du sujet, dont les termes pour les dĂ©signer varient selon les cultures humaines. 39 Ce que le langage courant dĂ©signe par Ă©motion » sont des ensembles de phĂ©nomĂšnes comportementaux et expĂ©rientiels. Dans cet article, les noms dâĂ©motions â joie, tristesse, peur, etc. â pourraient disparaĂźtre. Ce que ces noms du langage courant visent Ă indiquer est ici remplacĂ© par les modalitĂ©s et fonctions sous-jacentes. Cette approche permet de dĂ©passer la controverse de la dĂ©finition de lâĂ©motion dans laquelle la psychologie sâest longtemps enlisĂ©e. Aucune dĂ©finition ne pourra jamais inclure tous les exemplaires Ă©motionnels, car il est impossible de fournir des descriptions uniformes complĂštes des exemplaires de tristesse », colĂšre », peur », honte », et de leurs Ă©quivalents dans dâautres langages. Il nâest pas possible non plus de fournir des taxonomies exhaustives dâexemplaires discrets. Câest ce quâont notamment soulignĂ© Barrett 2006, Russell 2003 et Scherer 2005. Dans la prĂ©sente approche du processus Ă©motionnel, les notions de modalitĂ©s ou de fonctions peuvent ĂȘtre appliquĂ©es Ă diffĂ©rents niveaux dâanalyse, du social au neuronal en passant par le niveau interactionnel. 40 Reçu le 29 mai 2013. 41 RĂ©vision acceptĂ©e le 25 novembre 2013. Notes [1] Remerciements. Les auteurs tiennent Ă remercier les experts anonymes pour leurs prĂ©cieux commentaires qui leur ont permis dâamender le texte original.
Le concept de l'au-delĂ changea Ă diffĂ©rentes Ă©poques de la trĂšs longue histoire de l'Ăgypte, mais la plupart du temps, il Ă©tait imaginĂ© comme un paradis oĂč l'on vivait Ă©ternellement. Pour les Ăgyptiens, leur pays Ă©tait l'endroit le plus parfait qui avait Ă©tĂ© créé par les dieux pour le bonheur des hommes. La vie aprĂšs la mort Ă©tait donc le reflet de la vie que l'on avait vĂ©cue sur terre, jusque dans les moindres dĂ©tails, la seule diffĂ©rence Ă©tant l'absence de tous les aspects de l'existence que l'on trouvait dĂ©sagrĂ©ables ou douloureux. Une inscription sur la vie aprĂšs la mort dit que l'Ăąme peut Ă©ternellement se promener le long de son ruisseau prĂ©fĂ©rĂ© et s'asseoir sous son sycomore prĂ©fĂ©rĂ©, d'autres montrent des maris et des femmes se retrouvant au paradis et faisant toutes les choses qu'ils faisaient sur terre, comme labourer les champs, rĂ©colter le grain, manger et boire. Antichambre de la tombe de ToutĂąnkhamonPatty CC BY-NC-ND Pour profiter de ce paradis, cependant, il faut disposer des mĂȘmes objets que ceux dont on disposait de son vivant. Les tombes et mĂȘme les plus simples tombes contenaient des objets personnels ainsi que de la nourriture et des boissons pour l'Ăąme dans l'au-delĂ . Ces objets sont connus sous le nom d'"offrandes funĂ©raires" et sont devenus une ressource importante pour les archĂ©ologues modernes qui peuvent ainsi identifier les propriĂ©taires des tombes, les dater et comprendre l'histoire Ă©gyptienne. Bien que certaines personnes considĂšrent cette pratique comme un "pillage de tombe", les archĂ©ologues qui fouillent les tombes de maniĂšre professionnelle assurent aux dĂ©funts leur objectif premier vivre pour toujours et voir leur nom commĂ©morĂ© Ă©ternellement. Selon les croyances des anciens Ăgyptiens, les objets funĂ©raires placĂ©s dans la tombe auraient rempli leur fonction il y a plusieurs siĂšcles. Nourriture, boisson et chaouabtis Des objets funĂ©raires, en plus ou moins grand nombre et de valeur variable, ont Ă©tĂ© trouvĂ©s dans presque toutes les tombes Ă©gyptiennes qui ne furent pas pillĂ©es dans l'AntiquitĂ©. Les articles que l'on pouvait trouver dans la tombe d'une personne riche Ă©taient similaires Ă ceux que l'on considĂšre comme prĂ©cieux aujourd'hui des objets d'or et d'argent finement ouvragĂ©s, des jeux de sociĂ©tĂ© en bois fin et en pierre prĂ©cieuse, des lits, des coffres, des chaises, des statues et des vĂȘtements soigneusement ouvragĂ©s. Le plus bel exemple de tombe de pharaon est bien sĂ»r celle du roi Toutankhamon, datant du 14e siĂšcle av. dĂ©couverte par Howard Carter en 1922, mais de nombreuses tombes fouillĂ©es dans toute l'Ăgypte ancienne tĂ©moignent du statut social de la personne qui y est enterrĂ©e. MĂȘme les plus modeste incluaient des objets funĂ©raires avec le dĂ©funt. Le but premier des objets funĂ©raires n'Ă©tait pas d'afficher le statut de la personne dĂ©cĂ©dĂ©e, mais de fournir aux morts ce dont ils auraient besoin dans l'au-delĂ . Le but premier des objets funĂ©raires n'Ă©tait pas d'afficher le statut du dĂ©funt, mais de fournir aux morts ce dont ils auraient besoin dans l'au-delĂ . Par consĂ©quent, la tombe d'une personne riche contenait plus de biens funĂ©raires - ou quoi que ce soite que cette personne ait apprĂ©ciĂ© dans sa vie - que celle d'une personne plus pauvre. Les aliments prĂ©fĂ©rĂ©s Ă©taient laissĂ©s dans la tombe, comme le pain et les gĂąteaux, mais les survivants Ă©taient censĂ©s faire des offrandes quotidiennes de nourriture et de boisson. Dans les tombes des nobles et des membres de la famille royale, une chapelle d'offrandes Ă©tait incluse oĂč se trouvait la table des offrandes. La famille du dĂ©funt apportait de la nourriture et des boissons dans la chapelle et les dĂ©posait sur la table. L'Ăąme du dĂ©funt absorbait surnaturellement les nutriments des offrandes et retournait ensuite dans l'au-delĂ . Cela permettait aux vivants de se souvenir continuellement du dĂ©funt et de le rendre immortel dans sa prochaine vie. Vous aimez l'Histoire? Abonnez-vous Ă notre newsletter hebdomadaire gratuite! Si une famille Ă©tait trop occupĂ©e pour se charger des offrandes quotidiennes et qu'elle en avait les moyens, un prĂȘtre connu sous le nom de Hem- ka ou porteur d'eau Ă©tait engagĂ© pour accomplir les rituels. Mais quelle que soit la maniĂšre dont les offrandes Ă©taient faites, il fallait s'en occuper quotidiennement. La cĂ©lĂšbre histoire de Khonsemhab et du fantĂŽme datĂ©e du Nouvel Empire d'Ăgypte, vers 1570-1069 avant notre Ăšre traite de cette situation prĂ©cise. Dans cette histoire, le fantĂŽme de Nebusemekh revient se plaindre Ă Khonsemhab, grand prĂȘtre d'Amon, que sa tombe est tombĂ©e en ruine et qu'il a Ă©tĂ© oubliĂ©, de sorte que les offrandes ne sont plus apportĂ©es. Khonsemhab trouve et rĂ©pare la tombe et promet Ă©galement qu'il veillera Ă ce que des offrandes soient apportĂ©es Ă partir de maintenant. La fin du manuscrit est perdue, mais on suppose que l'histoire se termine bien pour le fantĂŽme de Nebusemekh. Si une famille oubliait ses devoirs envers l'Ăąme du dĂ©funt, elle pouvait s'attendre, comme Khonsemhab, Ă ĂȘtre hantĂ©e jusqu'Ă ce que ce tort soit rĂ©parĂ© et que les offrandes rĂ©guliĂšres de nourriture et de boisson soient rĂ©tablies. La biĂšre Ă©tait la boisson communĂ©ment fournie avec les objets funĂ©raires. En Ăgypte, la biĂšre Ă©tait la boisson la plus populaire - considĂ©rĂ©e comme la boisson des dieux et l'un de leurs plus grands dons - et constituait un Ă©lĂ©ment de base du rĂ©gime alimentaire Ă©gyptien. Une personne riche comme Toutankhamon Ă©tait enterrĂ©e avec des cruches de biĂšre fraĂźchement brassĂ©e, alors qu'une personne plus pauvre n'aurait pas pu se permettre ce genre de luxe. Les gens Ă©taient souvent payĂ©s en biĂšre, de sorte qu'enterrer une cruche de biĂšre avec un ĂȘtre cher Ă©tait comparable Ă l'enterrement d'un chĂšque de salaire aujourd'hui. La biĂšre Ă©tait parfois brassĂ©e spĂ©cialement pour les funĂ©railles, car son processus complet de prĂ©paration serait terminĂ© au moment oĂč le cadavre avait subi le processus de momification. AprĂšs les funĂ©railles, une fois la tombe fermĂ©e, les personnes en deuil organisaient un banquet en l'honneur du passage du dĂ©funt du temps Ă l'Ă©ternitĂ©, et la mĂȘme biĂšre qui avait Ă©tĂ© fabriquĂ©e pour le dĂ©funt Ă©tait dĂ©gustĂ©e par les invitĂ©s, assurant ainsi la communion entre les vivants et les morts. Coffret de chaouabtisOsama Shukir Muhammed Amin Copyright Parmi les objets funĂ©raires les plus importants figurait les chaouabtis la main d'Ćuvre de l'au-delĂ . Les chaouabtis Ă©taient faites de bois, de pierre ou de faĂŻence et Ă©taient souvent sculptĂ©es Ă l'effigie du dĂ©funt. Dans la vie, les gens Ă©taient souvent appelĂ©s Ă accomplir des tĂąches pour le roi, telles que la surveillance ou le travail sur les grands monuments, et ne pouvaient se soustraire Ă ce devoir que s'ils trouvaient quelqu'un prĂȘt Ă prendre leur place. MĂȘme ainsi, on ne pouvait pas s'attendre Ă se soustraire Ă ses obligations annĂ©e aprĂšs annĂ©e, et il fallait donc une bonne excuse ainsi qu'un travailleur de remplacement. Puisque la vie aprĂšs la mort n'Ă©tait qu'une continuation de la vie prĂ©sente, les gens s'attendaient Ă ĂȘtre appelĂ©s Ă travailler pour Osiris dans l'au-delĂ , tout comme ils avaient travaillĂ© pour le roi. Les chaouabtis pouvaient ĂȘtre animĂ©es pour assumer les responsabilitĂ©s de la personne passĂ©e dans le Champ des roseaux. L'Ăąme du dĂ©funt pouvait continuer Ă lire un bon livre ou Ă aller Ă la pĂȘche pendant que les chaouabtis s'occupaient de tout ce qui devait ĂȘtre fait. Cependant, de mĂȘme que l'on ne pouvait pas se soustraire Ă ses obligations sur terre, les chaouabtis ne pouvaient pas ĂȘtre utilisĂ©es Ă perpĂ©tuitĂ©. Une chaouabti ne pouvait ĂȘtre utilisĂ©e qu'une fois par an. Les gens commandaient autant de chaouabtis qu'ils pouvaient se le permettre afin d'avoir plus de loisirs dans l'au-delĂ . Des poupĂ©es chaouabtis figurent dans des tombes tout au long de l'histoire de l'Ăgypte. Ă la premiĂšre pĂ©riode intermĂ©diaire 2181-2040 av. elles furent produites en masse, comme beaucoup d'autres objets, et on en trouve dĂ©sormais dans les tombes de toutes les classes sociales. Les plus pauvres, bien sĂ»r, ne pouvaient mĂȘme pas s'offrir une poupĂ©e chaouabti gĂ©nĂ©rique, mais ceux qui le pouvaient payaient pour en avoir autant que possible. Une collection de chaouabtis, une pour chaque jour de l'annĂ©e, Ă©tait placĂ©e dans la tombe dans une boĂźte Ă chaouabtis spĂ©ciale, gĂ©nĂ©ralement peinte et parfois ornĂ©e. Textes religieux et jugement d'Osiris Les textes inscrits sur les murs des tombes et, plus tard, sur des rouleaux de papyrus, fournissaient des instructions sur la maniĂšre d'animer une poupĂ©e chaouabti dans l'au-delĂ et de naviguer dans le royaume qui attendait aprĂšs la mort. Il s'agit des ouvrages connus aujourd'hui sous le nom de " Textes des pyramides " c. 2400-2300 av. " Textes des sarcophages " c. 2134-2040 av. et "Livre des morts " c. 1550-1070 av. Les textes des pyramides sont les plus anciens textes religieux et Ă©taient Ă©crits sur les murs de la tombe pour rassurer et guider le dĂ©funt. Lorsque le corps d'une personne s'Ă©teignait, l'Ăąme se sentait d'abord piĂ©gĂ©e et dĂ©sorientĂ©e. Les rituels de momification prĂ©paraient l'Ăąme au passage de la vie Ă la mort, mais elle ne pouvait pas partir tant qu'une cĂ©rĂ©monie funĂ©raire appropriĂ©e n'Ă©tait pas observĂ©e. Lorsque l'Ăąme se rĂ©veillait dans la tombe et se levait de son corps, elle n'avait aucune idĂ©e de l'endroit oĂč elle se trouvait ni de ce qui s'Ă©tait passĂ©. Afin de rassurer et de guider le dĂ©funt, les textes des pyramides et, plus tard, les textes des sarcophages Ă©taient inscrits et peints Ă l'intĂ©rieur des tombes afin que l'Ăąme se rĂ©veille dans le corps du dĂ©funt et sache oĂč elle se trouvait et oĂč elle devait aller. Ces textes finirent par donner naissance au Livre des morts Ă©gyptien dont le titre actuel est Le Livre pour Sortir au Jour, qui est une sĂ©rie de sorts dont la personne dĂ©cĂ©dĂ©e avait besoin pour naviguer dans l'au-delĂ . Le sort 6 du Livre des morts est une reformulation du sort 472 des Textes des sarcophages qui explique Ă l'Ăąme comment animer les chaouabtis. Une fois la personne dĂ©cĂ©dĂ©e et l'Ăąme rĂ©veillĂ©e dans la tombe, cette derniĂšre Ă©tait conduite - gĂ©nĂ©ralement par le dieu Anubis mais parfois par d'autres - dans la Salle de la VĂ©ritĂ© Ă©galement connue sous le nom de Salle des Deux VĂ©ritĂ©s oĂč elle Ă©tait jugĂ©e par le grand dieu Osiris. L'Ăąme prononçait alors la Confession nĂ©gative une liste de "pĂ©chĂ©s" dont elle pouvait honnĂȘtement dire qu'ils n'avaient pas Ă©tĂ© commis, comme "je n'ai pas menti, je n'ai pas volĂ©, je n'ai pas fait pleurer quelqu'un Ă dessein", puis le cĆur de l'Ăąme Ă©tait pesĂ© sur une balance par rapport Ă la plume blanche de ma'at, le principe d'harmonie et d'Ă©quilibre. PesĂ©e du cĆur, Livre des mortsJon Bodsworth Public Domain Si le cĆur Ă©tait plus lĂ©ger que la plume, l'Ăąme Ă©tait considĂ©rĂ©e comme justifiĂ©e ; si le cĆur Ă©tait plus lourd que la plume, il Ă©tait jetĂ© sur le sol oĂč il Ă©tait dĂ©vorĂ© par le monstre Ămmout, et l'Ăąme cessait alors d'exister. Dans l'Ăgypte ancienne, il n'y avait pas d'"enfer" pour la punition Ă©ternelle de l'Ăąme ; leur plus grande crainte Ă©tait la non-existence, et c'Ă©tait le sort de quelqu'un qui avait fait le mal ou qui avait dĂ©libĂ©rĂ©ment omis de faire le bien. Si l'Ăąme Ă©tait justifiĂ©e par Osiris, elle poursuivait son chemin. Ă certaines Ă©poques de l'Ăgypte, on pensait que l'Ăąme rencontrait alors divers piĂšges et difficultĂ©s qu'elle devait surmonter grĂące aux sorts du Livre des Morts. Ă la plupart des Ă©poques, cependant, l'Ăąme quittait le Temple de la VĂ©ritĂ© et se rendait sur les rives du Lac des Lys Ă©galement connu sous le nom de Lac des Fleurs oĂč elle rencontrait le passeur perpĂ©tuellement dĂ©sagrĂ©able connu sous le nom de Hraf-hef "Celui qui regarde derriĂšre lui" qui lui faisait traverser le lac Ă la rame jusqu'au paradis du Champ des Roseaux. Hraf-hef Ă©tait le "test final" car l'Ăąme devait trouver le moyen d'ĂȘtre polie, indulgente et agrĂ©able envers cette personne trĂšs dĂ©sagrĂ©able afin de pouvoir traverser. Une fois le lac traversĂ©, l'Ăąme se retrouvait dans un paradis qui Ă©tait le reflet de la vie sur terre, Ă l'exception des dĂ©ceptions, des maladies, des pertes et, bien sĂ»r, de la mort. Dans le champ de roseaux, l'Ăąme retrouvait les esprits de ceux qu'elle avait aimĂ©s et qui Ă©taient morts avant elle, son animal de compagnie prĂ©fĂ©rĂ©, sa maison prĂ©fĂ©rĂ©e, son arbre prĂ©fĂ©rĂ©, le ruisseau qu'elle avait l'habitude de longer - tout ce que l'on pensait avoir perdu Ă©tait rendu et, de plus, on vivait Ă©ternellement en prĂ©sence directe des dieux. Les animaux domestiques et la vie aprĂšs la mort Retrouver les ĂȘtres chers et vivre Ă©ternellement avec les dieux Ă©tait l'espoir de l'au-delĂ , mais il en Ă©tait de mĂȘme pour la rencontre avec les animaux domestiques prĂ©fĂ©rĂ©s au paradis. Les animaux domestiques Ă©taient parfois enterrĂ©s dans leurs propres tombes mais, gĂ©nĂ©ralement, avec leur maĂźtre ou leur maĂźtresse. Si l'on avait assez d'argent, on pouvait faire momifier son chat, son chien, sa gazelle, son oiseau, son poisson ou son babouin et l'enterrer Ă cĂŽtĂ© de son cadavre. Les deux meilleurs exemples sont la grande prĂȘtresse Maatkare Mutemhat C. 1077-943 qui fut enterrĂ©e avec son singe domestique momifiĂ© et la reine Isiemkheb c. 1069-943 av. qui fut enterrĂ©e avec sa gazelle domestique. La momification Ă©tait cependant coĂ»teuse, surtout celle pratiquĂ©e sur ces deux animaux. Ils recevaient un traitement de premier ordre lors de leur momification, ce qui, bien sĂ»r, reprĂ©sentait la richesse de leurs propriĂ©taires. Il existait trois niveaux de momification le haut de gamme, oĂč l'on Ă©tait traitĂ© comme un roi et oĂč l'on recevait une sĂ©pulture Ă la gloire du dieu Osiris ; le moyen de gamme, oĂč l'on Ă©tait bien traitĂ© mais pas tant que ça ; et le moins cher, oĂč l'on recevait un service minimal en matiĂšre de momification et de sĂ©pulture. Cependant, tous, riches ou pauvres, prĂ©paraient d'une maniĂšre ou d'une autre le cadavre et les objets funĂ©raires pour l'au-delĂ . Momie de chatMary Harrsch Photographed at the Rosicrucian Egyptian Museum, Calif. CC BY-NC-SA Les animaux domestiques Ă©taient trĂšs bien traitĂ©s dans l'Ăgypte ancienne et Ă©taient reprĂ©sentĂ©s dans les peintures des tombes et les objets funĂ©raires tels que les colliers de chiens. La tombe de Toutankhamon contenait des colliers de chiens en or et des peintures de ses chiens de chasse. Bien que les auteurs modernes affirment souvent que le chien prĂ©fĂ©rĂ© de ToutĂąnkhamon s'appelait Abuwtiyuw et qu'il fut enterrĂ© avec lui, ce n'est pas exact. Abuwtiyuw est le nom d'un chien de l'Ancien Empire d'Ăgypte qui plaisait tellement au roi qu'il bĂ©nĂ©ficia d'une sĂ©pulture privĂ©e et de tous les rites dus Ă une personne de noble naissance. L'identitĂ© du roi qui aimait ce chien est inconnue, mais le chien du roi Khoufou ou KhĂ©ops 2589-2566 av. Akbaru, Ă©tait trĂšs admirĂ© par son maĂźtre et enterrĂ© avec lui. Les colliers des chiens, qui indiquaient souvent leur nom, Ă©taient souvent inclus dans les biens funĂ©raires. La tombe du noble Maiherpri, un guerrier qui vĂ©cut sous le rĂšgne de ThoutmĂŽsis III 1458-1425 av. contenait deux colliers de chien en cuir ornĂ©s. Ils Ă©taient teints en rose et dĂ©corĂ©s d'images. L'un d'eux comporte des chevaux et des fleurs de lotus ponctuĂ©s de clous en laiton, tandis que l'autre reprĂ©sente des scĂšnes de chasse et porte le nom du chien, Tantanuit, gravĂ© dessus. Il s'agit de deux des meilleurs exemples du type d'ornementation des colliers de chiens dans l'Ăgypte ancienne. Ă l'Ă©poque du Nouvel Empire, en fait, le collier de chien Ă©tait un objet d'art Ă part entiĂšre, digne d'ĂȘtre portĂ© dans l'au-delĂ en prĂ©sence des dieux. La vie et l'au-delĂ en Ăgypte Au cours de la pĂ©riode du Moyen Empire d'Ăgypte 2040-1782 av. un changement philosophique important se produisit les gens remirent en question la rĂ©alitĂ© de ce paradis et mirent l'accent sur la nĂ©cessitĂ© de profiter au maximum de la vie, car rien n'existait aprĂšs la mort. Certains chercheurs ont Ă©mis l'hypothĂšse que cette croyance apparut Ă cause de l'agitation de la premiĂšre pĂ©riode intermĂ©diaire qui prĂ©cĂ©da le Moyen Empire, mais il n'existe aucune preuve convaincante de cette hypothĂšse. Ces thĂ©ories reposent toujours sur l'affirmation que la premiĂšre pĂ©riode intermĂ©diaire en Ăgypte Ă©tait une pĂ©riode sombre de chaos et de confusion, ce qui n'Ă©tait certainement pas le cas. Les Ăgyptiens ont toujours mis l'accent sur le fait de vivre pleinement leur vie - leur culture entiĂšre Ă©tait basĂ©e sur la gratitude envers la vie, le fait de profiter de la vie, d'aimer chaque moment de la vie - l'accent mis sur ce point n'Ă©tait donc pas nouveau. Ce qui rend la croyance du Moyen Empire si intĂ©ressante, cependant, c'est son refus de l'immortalitĂ© dans le but de rendre la vie prĂ©sente encore plus prĂ©cieuse. La littĂ©rature du Moyen Empire exprime un manque de croyance dans la vision traditionnelle du paradis, car les personnes du Moyen Empire Ă©taient plus "cosmopolites" qu'Ă l'Ă©poque prĂ©cĂ©dente et tentaient trĂšs probablement de se distancer de ce qu'ils considĂ©raient comme une "superstition". La premiĂšre pĂ©riode intermĂ©diaire avait Ă©levĂ© les diffĂ©rents districts d'Ăgypte et rendu leurs expressions artistiques individuelles aussi prĂ©cieuses que l'art et la littĂ©rature imposĂ©s par l'Ătat dans l'Ancien Empire d'Ăgypte, et les gens se sentaient plus libres d'exprimer leurs opinions personnelles plutĂŽt que de rĂ©pĂ©ter ce qu'on leur avait dit. Ce scepticisme disparut Ă l'Ă©poque du Nouvel Empire, et - pour l'essentiel - la croyance au paradis du Champ des roseaux resta constante tout au long de l'histoire de l'Ăgypte. L'une des composantes de cette croyance Ă©tait l'importance des objets funĂ©raires qui devaient servir le dĂ©funt dans l'au-delĂ aussi bien qu'ils l'avaient fait sur le plan terrestre.
croyance que tout objet a une ame